PIRANHA 3D d'Alexandre Aja
Bien sur, quand on voit que le prochain film d'Alexandre Aja sera un remake du film culte de Joe Dante, on a toutes les raisons de s'attarder dessus. Surtout à l'époque où la 3D domine toutes les toiles de la planète. Ainsi soit-il...Remake ou just Revival ? Alexandre Aja s'est déjà essayé sur deux remakes à base d'hémoglobine, à commencer par La Colline à des Yeux qui -avant de subir une atroce suite inceste et dégueulasse- a tout d'abord été salué par la critique comme un étant une belle déclaration d'amour au chef d'Oeuvre de Wes Craven. Fils du critique Alexandre Arcady, le jeune Alexandre se répend déjà aux Etats Unis alors qu'il n'a rien fait de similaire en France. Deuxième film, et deuxième remake. Cette fois ci du côté des films fantastiques asiatiques qui sont alors en pleins revival faute de remake au pays de l'oncle Ben (Nous pensons à The Ring de Gore Verbinsky). C'est ainsi que Mirrors se dévoile, dans lequel Alexandre Aja offrait un rôle de gueule à Jacky Bauer -Kiefer Suterland- Malheureusement Mirrors est un échec comme la plupart de ces oeuvres vouées à un certain oubli.
Mais ce n'était sans compté sur Alexandre Aja. Le beau gosse frenchie décide alors de revenir à quelques choses de plus simple. Après une relecture inceste du chef d'oeuvre de Craven et l'échec de son film fantastique made in Chinese Man, Aja se décide à produire un Teenage Horror Movie. A la façon d'un Scream, en plus cool. Car même si Aja s'en défend clairement "Ce film n'est pas un remake de l'oeuvre de Joe Dante" On ne peux s'empêcher de penser qu'Aja rend hommage à l'un des films qui a certainement réussi à le traumatiser toute une vie. (Certainement moins la désastreuse suite de James Cameron alors Adolescent!) Sans compter qu'il s'agit ici du film le moins prise de tête de ce dernier. Pas besoin de posséder la matière grise de Newton pour suivre ce Teen-Horror qui n'est autre que le film le plus, sale, sanglant, horrible que l'on ai vu depuis Braindead de Peter Jackson sur un grand écran dans n'importe quel multiplexe. Ce qui fait de Piranha 3D, un film résolument cool.
Différentes raisons à sa : Tout d'abord, le film par du pire pitch possible. Forcément quand on fait de l'horreur comique, on évite de sortir un schéma narratif à la Woody Allen (Désolé Woody Wood Pecker...). Des adolescents s'éclatent au Spring Break, quand des Piranhas, venus de nul part s'amènent pour dévorer de la bimbo. Forcément les pauvres crèvent réellement la dalle. Le genre de film qui se digère dans un Drive In. C'est par là qu'Aja mène son film, sans réel complexe, sans complexité non plus par ailleurs. Les personnages sont tous aussi stéréotypés les uns que les autres -Ving Rhames en flic barraque, la mère MILF en sherrif, et enfin, le fils un poil boulet qui n'arrive pas à draguer la cheer leader...- Résolument Américain, le film d'Aja s'inscrit dans une suite de Teen Horror des années 80 -on pense à l'horrible Cutting Class avec Brad Pitt- à la fin des années 90 -Scream, en autre mais surtout The Faculty-. Par ailleurs ici le principe d'Aja reste le même que The Faculty : Réaliser un film au pitch Bidon, pour rendre hommage au cinéma de genre, avec des rôles bidons. Pour le coup, Aja s'offre même des acteurs Bidons contrairement à Rodriguez. Mais la recette marche jusqu'à un certain seuil. Le film restant imparfait sur de nombreux points.
Car au vu du Budget, il y de quoi méditer sur la qualité des effets spéciaux cradingues... Ici, l'hommage est tel que les effets visuels sont parfois laids, voir très laids, ou au contraire remarquable. On comprend pourquoi trois cents milles litres de sang ont été nécessaire au film -et par conséquent où est passé tout l'argent...- Aja s'éclate à réalisé cette série Z qui pour le coup, reste certainement la première série Z grand public de l'histoire. Les références sont alors multiples; à commencer par les dents de la mer -bien sur-; au Porn-Horror dont Aja doit fantasmer depuis son adolescence, ou tout simplement au chef d'oeuvre Braindead. En y incluant la même hallucinante scène où une tondeuse se permet de découper des centaines de zombies pour la scène la plus sanglante de l'histoire...Après Piranha 3D- D'ailleurs ce dernier lui arrache le record de litres de sang dans un film. Oui oui oui Monsieur!
Preuve irréfutable, Aja démonte tellement son film -un vrai plaisir pour le spectateur d'ailleurs- du pitch horrifique qu'il devait être au départ, pour y ajoute de nombreuses scènes hallucinantes. Parmis elles, on retiendra la danse sous la mer de la très franchement bandante Kelly Brook. Le fantasme de n'importe quel mâle. L'humour second degré d'Aja n'est pas aussi surréaliste que sont ceux du duo Taylor/Nevelmine ou de Peter Jackson, mais le film peut clairement être identifié comme un bon foutage de gueule à la compagnies des frères Weinstein. Car si Aja avait pris la carte du Teen Horror au premier degré, le film aurait certainement été l'une des pires daubes de l'histoire. Prenant alors l'axe de l'humour (très noir) potache, décomplexé, mais résolument imparfait. Dans sa mise en scène, dans sa photographie, dans ses prises de vues qui ne sont jamais à la hauteur des sympatiques travelling de son premier film. Ou encore, des effets spéciaux catastrophiques pour un télévision 2D ( Sa existe encore sa ?! ) Pour le coup, Piranha 3D manque de relief, et surtout le plaisir coupable d'Aja ne semble pas avoir été assumé jusqu'au bout à en voir la photographie presque inexistante du film.
Après Tarantino, Rodriguez, Carpenter, Aja rend hommage au film de Drive In mais avec une vision moderne des choses. Globalement Imparfait, pas pour autant merdique dans son genre, résolument cool dans sa non prise de tête, Piranha 3D a joué la carte du Teen Horror pour cinéphiles (à en croire sa superbe affiche, pastiche modernisée mais vintage des Dents de la Mer). Un jeu difficile à l'époque où la 3D attire foule. Il est clair que sans la 3D; le film d'Aja aurait eu ses heures de gloires dans Mad Movies et non à Hollywood. De plus, à en voir les critiques de l'époque, le problème reste le même que dans de nombreux films du genre : Les connaisseurs adorent ou détestent, les cinéphiles du Dimanche n'ont guère d'avis. Il faut dire, comment donner un foutu avis sur l'un des films les plus violents et auto-dérisoire de l'histoire. Et cette comme à chaque fois -dans ce genre d'hommage- c'est son auto-dérision qui permet au film d'être vu avec un sourire en coin. Piranha 3D s'inscrit donc dans cette lignée de films auquel ils rend hommage (jusqu'à sa chute méditée), ces innombrables séries Z qui ont fait les beaux jours ( et les belles nuits ) des Drive In. Et en dévient par conséquent une, mais friquée.