Mes-50-cercles

Mischief, Mayhem, Soap.

Vendredi 24 février 2012 à 16:47

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La Taupe de Tomas Alfredson

       Après Morse, on pourrait croire que ce suédois fou est un amateur de message codé. Voilà pour le jeu de mots hasardeux, voir carrément nul à chier. Quand est-il, Tomas Alfredson signe donc avec La Taupe son deuxième long métrage. Autant vous dire que sa a bougé dans le petit monde du cinéma indépendant. Là où Alfredson avait du affronter tous les crapules productrices pour financer son petit bijou Morse, il n'aura pas eu le moindre mal pour trouver de quoi financer son adaptation du chef d'oeuvre de John Le Carré. A cet égard, beaucoup de messes basses se sont prononcées. 25 Millions de dollars, soit 14856 fois plus que son premier film, de quoi avoir réellement peur quand à la sincérité de son travail.

       Pourtant loin de là, Alfredson ne vend pas son âme au diable contrairement au protagoniste (aux protagonistes?) figurant(s) dans La Taupe. D'une part, il renoue formidablement avec le cinéma dit de « grandes angoisses » des années noires de la guerre froide. Sensiblement proche des Hommes du président ou de L'espion qui venait du froid (Forcément de Monsieur Le Carré) auxquels l'on doit certainement les plus grandes heures du genre. Et sans jamais s'éloigner du mise en scène très Hitchcockienne fredonnant un air des 39 Marches.

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       Méthodiquement la taupe se veux très Storm In A Teacup, les couleurs brunissantes façonnent l'esprit (et la critique vestimentaire) par leur côté indéniablement kitsch. A l'époque où l'on croyait encore qu'un costume Brun/Marron pouvait avoir un semblant de classe British. Rendant admirablement hommage au pays de la reine mère des années seventies, Alfredson permet dans un premier temps de classifier son film dans un contexte propre au conflit : Suspense, Peur, Manque de cohésion. Quand à la difficulté du scénario, il ne faut véritablement pas se fier au pessimisme des indignés qui classent le film comme un Ersatz d'une adaptation incompréhensible digne du maitre Kafka. Le principal problème du film se trouvant ailleurs.

       Au contraire, le montage lucide du film permet de suivre cette grande histoire radicalement Anti-James Bond. A commencer par le personnage de Smiley (diablement bien interprété par le génial Gary Oldman) qui pour le coup trouve enfin un premier rôle à sa portée après une flopée d'immenses rôles...au second plan ! Le premier depuis Sid And Nancy en 1986. Alfredson rendant pour une première fois, les espions du MI-6 véritablement humains. Regards tristes, petits hommes enrobés, les grands maitres de ce monde ne sont pas ceux que l'on croit être (même s'ils ont la gueule de Firth!). Pour cela le film d'Alfredson remémore le formidable Les Patriotes, unique film d'espionnage français jusqu'à L'affaire Farewell à ne pas jeter aux ordures publiques.

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        Suivi d'une flopée d'acteurs pour le moins très bons (Tom Hardy, Colin Firth) ou d'excellent (Mark Strong), Alfredson immerge parfaitement le spectateur dans cette rivalité sans fins de deux blocs au bord du gouffre. Malheureusement, la pâleur et lenteur du film (à l'image de Smiley) dépeignent aussi facilement ce monde pour ceux qui ne l'ont pas vécu de l'intérieur. Il est indéniable qu'Alfredson appartient à ce genre qu'est le cinéma de Maitrise. Véhiculés par d'images magnifiques, d'une photographie radicalement hallucinante...Sauf que derrière, c'est du Le Carré, et qu'il ne chie pas dans la masse. Par son réalisme, le film est naturellement lent. Pas de gadgets, ou de gun-fights bandants à la John Woo (Désolé Pierre, ils ne résident que dans tes rêves de gamins). Alors deux heures, c'est long.

       A cet endroit se situe la principale erreur du film (avec sa chute très hésitante) qui ne réussit malheureusement pas à faire croire à tout le monde les louanges dont il a été prescrit. Les hypers-enthousiastes du Times qui crient au chef d'œuvre se sont peut être emballés sur un point. Sa lenteur indéniable, mais peut être qu'ici réside finalement son âme, lui permettant ainsi de superbes mises en abîmes. Comme un grand cri de « ras le bol ! » au pseudo-cinéma d'espionnage qui se contente d'exterminer le genre en nous offrants de ridicules nanars cartonnants au Box Office. Alfredson ne fait que rendre hommage au maître, sur ce point, nul doute que son film aurait pu voir le jour il y trente ou quarante ans, à l'époque où l'on prenait le temps de filmer ce qu'il se passe. (C'est pourtant un grand amateur de série B qui vous parle).

       Dans un formidable cadre, La Taupe (c'est René qui pas va pas être content) marque malgré tout une légère déception. Les lenteurs infaillibles du genre qui trouvent toujours preneurs, ne sont que le résultat d'un travail peut être trop soigné. Mais qui offre de magnifiques perspectives pour le cinéma à venir au cours des prochaines années.

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Samedi 18 février 2012 à 19:59

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The Black Keys - El Camino

        Rarement, on peut maintenant le dire, un groupe aura attiré aussi rapidement les foudres de la presse musicale internationale. Pourtant les Black Keys, ce n'est plus tout récent. Depuis maintenant 10 ans les "clés du blues" continuent de faire frire leur blues cradingue aux quatres coins du monde, et ce même à Nantes il y a tout juste un an. Pourtant les Black Keys ont toujours découlé musicalement des White Stripes et non l'inverse. Pour le concept simple et radical : Un guitariste, un batteur. Pourtant les Keys ont certainement avec le temps su toujours se développer musicalement afin de ne pas s'enliser dans un style vu et revu. Une leçon que devraient tirer un jour Oasis.

        Ainsi, les Keys à travers quelques albums ont su s'adapter merveilleusement à différents styles. A savoir respectivement, le Blues cradingue, le rock impulsif, la soul fiévreuse du samedi soir, ou encore...le hip hop New Yorkais avec leur superbe projet "Blakroc"! Définitivement le groupe n'a jamais vu l'avènement commercial. Même si certains titres comme 10 AM Automatic ou le frénétique Your Touch ont fini par percé la toile, le groupe été toujours devancé sur le plan international par les Whites Stripes qui pourtant partagent la même passion, mais pas de la même façon. Jusqu'à...jusqu'à...l'album Brothers sorti en 2010 où le groupe exploitait alors différents talents qu'ont ne leur connaissait pas. Par exemple celui d'injecté du Prince dans un air de blues véritablement dégueulasse. A savoir le résoluement fantastique Sinister Kid

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        Vendu à plus d'un million d'exemplaires, Brothers plait, défonce le Top 50 en l'espace de quelques jours, les Black Keys se font alors connaitre par la grand public avec leur génial Tighten Up. Bientôt le monde connaitra l'avènement de ce qui reste aujourd'hui, l'un de meilleur groupe du rock contemporain. Sur El Camino, les Black Keys opèrent à deux changements : Fini les sous sols répugnants (où de nombreuses choses se passent) sans faux plafond pour un son plus crade (méthode inspiré du chef d'oeuvre des Sonics : Here are The Sonics) où le groupe s'était donné un malin plaisir à cradifier leurs sons pour un rendu unique. Et surtout, un chef opérateur derrière tout sa qui a su merveilleusement planifié la pépite du groupe, son nom : Brian Burton de Gnars Barkley. Qui les suis depuis Brothers mais a vu tout différent.

        C'est simple, El Camino reste le tournant musical le plus jouissif depuis Radiohead et leur Kid A. Un tournant aussi intense n'a pu voir le jour sans réelles motivations, Dan Auerbach s'explique : "Chaque groupe doit évoluer, c'est quelque chose de radicalement important pour la vie du groupe, et le fait de composer avec Brian a tout simplifié." Les Keys que rien n'arrête sont alors partis, et plus rien ne les rattraperas. Après une soul diversifié sur le génial Brothers, El Camino se veux avant tout fleuri de nombreuses références à l'histoire du rock. Ainsi d'une part, Auerbach intensifie rapidement ses lignes vocales pour diversifier son jeu, à savoir le très pop "Sister". L'album se diversifie vers différent style, l'indé pour "Dead And Gone", le surf pour "Nova Baby". El Camino trace une ligne non directrice pour le plaisir auditif de chacun.

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        "On ne s'est jamais vu comme un groupe de blues" ajuste Auerbach. Effectivement, le son cradingue qui a donné tant de charmes aux compositions du duo est ici remplacé par un godmichet musical résolument moderne, et rock. A savoir pour exemple le génial "Lonely Boy" qui avec ses faux airs de groove sophistiqué, le groupe exploite toute l'étendue de son talent. La justesse remarquable de la voix, ou la réelle sincérité des textes d'Auerbach. Le matraqueur de cymbales Patrick Carney n'est quand à lui jamais loin, produisant son jeu tout aussi simple, puissant et accrocheur. Car ici, c'est définitivement la batterie qui suit la guitare. A la manière d'un Hendrix quelque part. C'est sur "Little Black Submarine" que les Keys rédigent leur mémoire rock en rendant hommage à Led Zeppelin. Seul véritable instant de l'album où Auerbach dévoile une aisance solo à la manière justement d'un certain...White.

        C'est surtout le son d'El Camino qui rend cet album difficilement comparable avec les pépites précédentes. Radicalement rond, performant, le groupe intensifie alors l'utilisation de la basse ("Money Maker"), ou de l'orgue (le très boogie boogie "Gold On The Ceiling") fraichement sorti de Kraftwerk. Fantastique. Pour la plupart, on aura tendance à dire que les Keys puisent dans le rock radicalement contemporain tout en y injectant le blues et le groove nécessaire pour affirmer leur dépendance au rock "qui a disparu au courant des années 70". Un groupe épargné de toute dictature financière, se permettant de jouer avec les très ironiques "Money Maker" ou "Mind Eraser". Définitivement, les Black Keys ont su concentré la plupart de ceux qui ont marqué leur vie en seulement 11 chansons. Car eux, ne voudront certainement jamais de l'enlisement produit par un hypothétique double album.

        El Camino magnifie à jamais les Keys, qui grâce à leur coup de Poker (On change les codes mais le style) se font à la fois connaitre par le grand public et adoubé par la critique (même par les snoby snobs intellos, forcément). On le sait donc, les Black Keys sont géniaux et ce n'est que le début. Gold On The Ceiling...

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