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Sunshine de Danny Boyle

Traité de clippeur par de nombreux critiques sans goûts ou perturbés de la vie, ou de réalisateur innocent et justement sans point de vue, le pauvre Danny Boyle s'est fait à maintes fois lynché (je sais toi aussi mon David, comme quoi). Sous estimé, ou simplement déchiré par la presse. Pourtant ("le-fa le-fa fiez vous ?" RIP Sophie Favier) Danny Boyle est l'auteur de ces quelques films qui ont marqué le cinéma de genre. Alors oui, le cinéma de genre n'est peut-être pas le cinéma le plus reconnu par l'histoire...et pourtant en tout point c'est le plus éclectique. Merde alors. Reconnu entre autre pour avoir réalisé (attention à vos rétines disjonctées) le Trainspotting -l'un des films les plus importants des années 90-, la Plage -que toute une gamme de cinéphile ivre de sexe et de pop dégustent à chaque coupure de plans- et puis 28 jours plus tard, le renouveau de l'horreur ? Ouais ouais. Sois trois styles, trois chef d'oeuvres, et...oui trois films de Danny Boyle.

Après avoir refusé en 1996 la charge de se taper le dernier Alien (proprement dit) de l'existence de l'humanité (laissé au bon choix de M. Jeunet) Boyle ne souhaitait pas s'inscrire dans la liste des créateurs de la sage la plus prophétique de l'histoire du cinéma. Pourquoi pas, après un Trainspotting il était raisonnable de ne pas s'attacher à un projet tel qu'Alien. Soit. 28 Jours Plus Tard a marqué l'histoire du cinéma d'horreur pour son humanisme et sa cinéphilie bouillonnante. Boyle s'attachant de plus en plus depuis la Plage a un cinéma narré dans le montage -non épileptique -par la musique sans pour autant être un putain de clippeur. Boyle s'est dans un sens inventé un style. Qui façonne aussi bien la cinéphilie que la mélomanie de certaines personnes. A en voir l'incroyable scène -et la première scène HD de l'histoire- de ces 28 Jours Plus Tard sous fond de Godspeed! You Black Emperor dans un ville de Londres vide. Les poils rétiniens -voir plus- sont toujours au garde à vous.


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S
unshine est le film de Science Fiction de Danny Boyle. Attendu au tournant après le moyennement réussi Millions réalisé en 2004, Boyle s'attaque enfin à ce thème propre au cinéma de genre. Comme si le gamin britannique devait prendre son envol vers les terres si désertiques et dévastées de la SF grand public. Sunshine n'est pas un film de Science Fiction en soit "blockbuster" -ajoutez l'accent Amerloque. Comprenez que l'endorphine sécrétées par les explosions ou autre film sur fond de fin du monde ne sont pas bonnes pour une soirée film avec une fille, mais Boyle avec tous les aspects du film de Blockbuster s'empare d'un rare point de vue sur la vie et la mort. Comme si Stanley Kubrick s'était lui aussi dit qu'il était de faire un film de scienc...Pour plus tard.

Le film de Danny Boyle regorge d'idées nouvelles, narguant au passage l'étiquetage de ses personnages, des scènes dramatiques, des répliques ivres d'inconsciences ou de relations épistolaires. Pourquoi ? Car l'idée principale de sunshine reste que tous ses personnages en route pour sauver la planète Terre sont condamnés à se sacrifier s'il en est question. Avec brio Sunshine s'empare d'un des seuls axes fondateurs de la science fiction trop rarement tracé auparavant : la réalité de la situation. C'est d'autant plus pour cela que le film de Boyle n'est à aucun moment une grosse carcasse sans âme et foncièrement grotesque. Si le spitch a tout d'une odyssée spatiale à deux balles (l'envoi de 8 scientifiques dans l'espace afin de ré-animer le soleil à l'aide d'une bombe nucléaire capable d'anéantir le système solaire) c'est en réalité pour tromper le monde. Boyle ne nie guère l'aspect blockbuster de son film, visuellement époustouflant et graphiquement irréprochable, Boyle virevolte entre tout ce que peut nous offrir l'espace et ses confins pour nous éclater la rétine depuis l'intérieur.

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Car si Boyle n'a jamais eu le courage de le dire, son film peut certainement être comparé aux chef d'oeuvre de la science fiction. A Solaris de Tarkovski pour la poésie dont le film fait preuve via l'attirance/addiction de ses personnages pour le soleil, à 2001 l'odyssée de l'espace pour la question de l'ultime voyage, ou encore à Alien dont l'atmosphère rappelle (sans de saloperies bébettes croqueuses de chairs) sans arrêt le film de Ridley Scott. Il faut comprendre par là que Boyle réalise ce que personnage n'a réussi à faire depuis un bail. Un film de Science Fiction novateur, hautement discipliné et maitrisé, sans jamais tombé dans la facilité du scénario ou des personnages. L'écriture de chacun d'entre eux peut-être perçu différemment via ce solide argument qu'est le sacrifice pour les autres (ce n'est pas un spoiler, nous le savons rapidement). La direction artistique est elle aussi irréprochable bien que certaines têtes auraient pu mal être perçues par l'ensemble de la cinéphilie attitude (Chris Evans, Cillian Murphy...blablabla ils sont parfaits). Une maitrise enflammée qui s'étend jusque l'avant dernière scène finale qui restera sans doute une des séquences les plus impressionnante du cinéma SF via encore une fois le montage se reposant sur la musique crescendo du maestro John Murphy (on prend les mêmes et on recommence), sa tension progressive, la peur naissante, l'endorphine oppressante, l'interminable scène, l'incroyable Danny Boyle s'envole parmi les plus grands.

B
on nombre de gens auront certainement un regard déconcertant sur le travail de Boyle. Foutage de gueule (du genre non je fais pas un blockbuster...mais!!! si ça en est un) ou l'autre facette de ce regard où le travail de Boyle sera jugé à sa juste valeur. Une oeuvre magnifique et techniquement époustouflante. Boyle a depuis largué la science fiction depuis. Il ne sera jamais question pour lui de revenir dans l'espace. Son voyage s'est arrêté à celui de ses protagonistes, c'est à dire au voyage ultime. Bravo Danny, ne reviens pas, mais fais nous quand même quelque chose de mieux que Slum Dog s'il te plais. Mais ça c'est une autre histoire.


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