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Shame de Steve McQueen

        Pas facile de faire du cinéma quand on s'appelle Steve McQueen. (Troisième du nom, qui est le deuxième ? ) Afin de stopper dès à présent tout jeu de mots farfelus et inutiles, le Steve McQueen en question n'est autre que le metteur en scène mondialement reconnu pour son premier film coup de poing Hunger, et non le driver de Bullit et compagnie. Steve McQueen s'était illustré en 2008 avec Hunger, saisissant portrait d'une Angleterre méconnue des années Tatcher "Dame -Bitch- de Fer" dans lequel les derniers mois de Bobby Sand -Légendaire/Martyr/Héros/Partisan de l'IRA- mis fin à ses jours suite à une grève de la faim de plus de 60 jours au sein du prison que seul Midnight Express de Parker en 1978 à pu montrer au cinéma.

        Pour le rôle taillé en or, McQueen utilisait un autre britannique, Michael Fassbender -qui avant de jouer brillamment les psychanalistes, mutants ou autre obsédé sexuel- se révélait au monde entier via une performance dantesque qui le poussa à perdre énormément de poids afin de ressembler à un rescapé de Daschau. Ceux qui ont survécu à ce choc émotionnel et visuel se sont tout de suite empressés d'aller voir ce long métrage du plasticien McQueen. Car ce dernier est un plasticien fini, et brillant par la même occasion. Son aura pour l'esthétique, les prises de vues poétiques, sont visibles dès les tous premiers plans de Shame. Qui résume alors tout par son titre : Un Homme, Déprimé, Dépressif, -presque suicidaire- Sociopathe est addict au sex. Dès lors que sa soeur arrive, le protagoniste va devoir alors enfiler un énième rôle afin de ne pas dévoiler son mal être.

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        Grosso modo Un sujet de depressif si l'on veut. Oui, mais par là McQueen nous mènes à une vrai réfléxion sur le corps, et l'esprit. Ainsi Hunger montrait le corps comme une arme à des fins politiques, où comment le corps peut-il être le témoin d'une volonté. Ici, c'est une arme autodestructrice, qui mènera son protagoniste à sa fin. Par la biais d'une splendide affiche -où le bleu dit "vierge" est mis en avant pour un paradoxe total- McQueen exerce une première idée sur cette façon d'établir un lien entre le corps et l'esprit. Plasticien dans l'âme, sa mise en scène est carré, belle, élogieuse. A en voir la première séquence -exceptionnelle- McQueen décide alors de concentrer sa mise en scène sur la subjectivité du personnage. La morale est donc brillamment évitée : Le spectateur suit les regards et gestes de Fassbender afin d'évoquer son malaise. D'où cette incroyable première séquence -qui à l'instar d'un Nicolas Winding Refn- place les regards en amont des paroles.

        Pourtant la jouissance froide exercée par McQueen tout au long du film n'est pas sans rappelé les côtés petits bourgeois du long métrage. Sans trop en demander, le spectateur est plongé dans des parties de triolismes réellement insupportables par leurs durées et la cruautée mises en avant. Maladroitement trop longues, McQueen semble en rajouter peut être un peu trop dans ces torrents de spermes qui n'étaient pas forcément demandés. Souffrant alors d'un manque certain d'idées où le sujet brut est exploité. Est ce certainement cette subjectivité ( pour éviter la moralité inutile ) qui sévit peut être un peu trop dans ces scènes qui ne sont pas sans rappelées 9 Songs de Winterbottom en mode harder. Croupissant derrière de nombreuses idées -pour la plupart fortement intéressantes telles que le plan Séquence de Mulligan ou le diner au restaurant- McQueen filme la descente aux enfers d'un oeil très froid, et ne laisse pas de choix au spectateur pour se faire un avis du protagoniste.

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        Fassbender est quand à lui incroyable. Prix d'interprétation masculine à la dernière mostra de Venise, il est radicalement glaçant. Comme si dessous ce corps malade se cachait un réel fou. Prêt à exploser à n'importe quel moment. Son regard aurait pu déclencher n'importe quel crise de jalousie à de nombreux acteurs ayant joué la peau d'un cinglé. Ici, il ne joue pourtant que le commun des mortels, malade. Une interprétation renversante pour laquelle Fassbender n'a pas hésité une seconde à se mettre nu, quitte à effrayer autant avec son piton géant. Le film redevient alors radicalement intéressant dans sa dernière demie heure, où le personnage interprêté par la sublime Mulligan ( dans un emploi totalement différent de Drive ) renverse le cours des choses. Une dernière demie heure visuellement monstrueuse qui replace encore une fois McQueen comme un énorme plasticien au visuel vraiment épatant. Faisant de sa mise en scène, une magnifique tragédie moderne.

        Shame aurait pu tenir du chef d'oeuvre si McQueen s'était tenu aux grands axes du film et avait évité quelques longs passages (N'enlevant cependant rien au fait que Shame est magnifique). Peut être le stress engrangé par McQueen à la suite de Hunger ne lui a pas permis de mettre les choses aux claires. Pourtant Shame ressemble à quelque chose, une oeuvre d'art dans sa mise en scène. Quelque chose qui a de la gueule. Car à l'époque où de nombreux cinéastes n'ont plus rien à montrer et dévoilent des oeuvres sans foutues âmes, McQueen a quelque chose à dire. On presque radicalement étonné en cette fin d'année de voir autant de film mis en scène. Simplement mis en scène, tourné, malaxé, et réfléchi. Il faut dire, on est simplement face à un cinéma de maitrise, et le jour où nombres de films comme ceux ci verront le jour chaque Mercredi, alors le cinéma mondial ne pourra que mieux se tenir. Un cinéma de maitrise, une oeuvre touchante, sincère, percutante, Osée.

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