Mes-50-cercles

Mischief, Mayhem, Soap.

Samedi 19 mai 2012 à 0:06

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Moonrise Kingdom
de Wes Anderson

         Eeeeeeeeeeeeet c'est parti! 12 jours de coke, luxure et compagnie pour Cannes 2012 ! Alors bon, on aurait tord d'en mettre plein la gueule au Festival (avec un grand F) du 7ème art. Celui qui cette année rend tout même hommage à la fille qui a besoin de mots doux (Poupoupidou ?). Surtout que Nichols, Salles, Dominik, Cronenberg, Hillcoat ou Loach présentent leurs nouveaux films (rien que sa ?). On ira donc pas piétiner sur ce menu hyper croustillant que le festival nous promet cette année. Menu qui nous servait en amuse gueule Moonrise Kingdom, nouveau film de l'enfant de toujours Wes Anderson. Une vieille branche pommé entre ses délires frapadingues de Dora l'exploratrice (Fantastic Mr. Fox) ou ses grands trips océaniques (La Vie Aquatique). En somme un réel personnage bien foutraque.

         D'autant plus que Moonrise Kingdom raconte l'histoire (que l'on pense à coups sûrs autobiographique, ou presque) d'un jeune couple de 13 ans qui se met en tête de vivre une sorte de Ballade Sauvage à la Malick. Sans les meurtres. Hippies au 78ème degrés, Sixties au premier. C'est dans une optique enthousiaste que Wes Anderson décide de propulser son film : immerger un univers de gamin, dans un corps de grand. Immergeant de plein fouet le spectateur dans ce monde potache, aux couleurs vives, aux idées farfelues. Sans réel équivalent cinématographique le film d'Anderson se lance à corps perdu dans cet élan de gentillesse presque puérile. Le monde des télétubies revu et corrigé (et "bim" Popo!)

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         Moonrise Kingdom est une hymne à la joie, sans réelle crédibilité, mais d'une sincérité absolue. Pendant une heure trente, trois générations sont exploitées au grand gré d'une d'entre elle (les vieux forcément!). Wes Anderson dresse le portrait d'une Amérique rase motte et lui rend hommage de la plus belle des manières. Tout d'abord sur le plan cinématographique : l'ambiance kitsch est présente des les premières bobines (la police du générique très cul cul la praline) mais c'est surtout dans sa mise en scène qu'Anderson rend quelque part hommage à un mix improbable entre un Dutronc et un spot pour parfum Français des années 60.

         En effet, Anderson se limite au strict minimum pour une animation très picturale : Peu de raccords, sens inné du travelling latéral...Faisant alors germé l'idée que son film n'est autre qu'une immense pièce de théâtre psychédélique. Les gros plans sont rares, preuve (ou pas?) de l'importance que dresse Anderson de l'image de ses deux tourtereaux dont le discours libérateur/de petits chieurs nous emballe par autant sa vivacité que par sa naiveté. Servi sur un plateau d'or par de formidables comédiens (les deux petites marmottes donc, Willis, Tilda Swinton) c'est surtout le génial -charismatique - frapadingue - sous côté - immortel Edward Norton qui emporte la palme du coeur dans un rôle des plus foutraque de sa carrière. Une perle.

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        Et puis, l'air de rien, le film s'envole vers des thématiques chères au cinéma des enfants, la fugue certes pour échapper au monde adulte dont ils craignent la bestialité ou la morosité (au choix), le mariage utopique, l'amour des 13 ans, le sexe aussi. Car celui ci, est relativement sous-jacent pendant tout le film. Comme la plupart des thèmes, la découverte de la sexualité est ici passée à la moulinette du troisième degré quitte à être politiquement incorrect pour le plus grand bonheur du spectateur.

        Grand moment d'émotion, Moonrise Kingdom semble appartenir à un certain genre de film intouchable. Trop gentil et vierge dans l'esprit pour déployer  les armes de l'objectivité face à cet élan de bluette sentimentale. Porté par une main de maitre dans un cinéma de topographe (la symétrie bestiale des plans est effarante et ajoute à ce film son côté cul cul la praline), Moonrise Kingdom a ouvert de la meilleure façon ce festival devenu la place proéminente des stars du 7ème art en manque d'affections de la planète. Le film d'Anderson est à l'image du personnage incarné par Ed Norton, incorrigible et tolérable. C'est le temps de l'amour.

        

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Vendredi 20 avril 2012 à 19:23

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Twixt de Francis Ford Coppola

          Forcément quand on oscille sans cesse entre le B et le Z, on s'y perd. Coppola aurait presque pu le savoir à ses dépens si le 5ème dieu du 7ème art ne s'était pas attelé doucement et longuement à la tâche. Car depuis que le vieil homme ne décide plus que de faire tourner sa famille (à la limite ses vieux amis), au sein du domaine familial (sa sent presque l'inceste!) pour des budgets "presque" riquiqui quand on sait que l'homme est peut être à l'origine de la crise mondiale avec ses tournages de 3 ans,  l'homme sage prend donc le temps de tout planifier. Quitte à maquiller des ultras bides commerciaux en films auteurisants à la bonne franquette. C'était le cas avec Tetro où le maitre se justifiait "Si j'ai envie de dépenser 10 millions de Dollars pour réaliser le film que je voulais faire, je le fais." La définition de l'attitude Rock'n'roll par excellence.

          Passons donc ce manque d'extériorisation catégorique, car Twixt est avant tout un film de seconde zone, ou tout du moins y ressemble. Sincère, peut être, mais qui dans la lignée des autres films du genre Policier-Gothique-Suicides toi- reste un film de genre avec tout les codes qui vont avec. Sauf que Coppola reste tout de même le créateur de quelques une des peloches les plus importantes du 7ème art (Pour les incultes, Conversation Secrète, Apocalypse Now, Le Parrain I et II). Oublions son passage au 3D misérable qui relève de l'arnaque mondiale (Twixt possède deux scènes en 3D), Coppola possède donc quelques armes pour réaliser un film...qui ne lui ressemble pas. Mais pour autant, ne crache pas sur la sincérité absolue qu'accorde le réalisateur à l'oeuvre qu'il a écrite entre poésie, fantasmes gotiques et intrigue policière plongée dans l'Amérique rurale.

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          Grâce à tout cet enthousiasme et cet entâchement pour réaliser ce film "dont il a toujours voulu voir le jour", Coppola fait naitre de Twixt une certaine générosité à l'égard du cinéma d'un temps qui le touche particulièrement. D'où cette multitude de facettes qui se retrouve dans cette histoire lambda d'un écrivain de seconde zone à la recherche d'un véritable succès littéraire d'une étrange bourgade rase motte Américaine. On retrouve aussi bien la paranoïa narrative d'un David Lynch ou Lars Von Trier (essentiellement le premier avec le mémorable Blue Velvet) avec l'obsédante narration d'un Tom Waits plus flippant que jamais, aussi bien que le gothique de la Hammer que Coppola a un peu envouté de ses charmes avec Dracula, ou encore l'univers (du) fantastique avec Big Johnny John Carpenter (Fog, ou encore et surtout L'Antre de la Folie).

          Coppola scinde alors son film en différents volets, même si deux sont notables, le film subit différents niveaux de lecture, qui à l'instar du protagoniste principal finisse par nous complexifier la compréhension totale de l'histoire. Tout comme le twist end (bluffant / foutraque / osé) qui révèle du foutage de gueule ou simplement d'un Coppola qui trop longtemps muselé dans un cinéma trop noble préfère s'attarder (comprenez s'énerver) sur d'autres plans. Essentiellement sur des sujets aussi sensibles que la perte d'un être cher (qui pour le coup nous offre malheureusement une scène en toc très cul-cul la praline), ou en s'aventurant au sein même de la série B maternelle où bon nombre de clichés nous sont offerts. A deux doigts de se casser la gueule dans ce périlleux pari qui semble tout droit immergé de la maitrise peut être trop arrogante de ce fantastique metteur en scène.

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          La poésie aussi, en incorporant des personnages aussi intéressants que Edgar Allan Poe, exploitant aussi les fantasmes de la Z grande époque (outrance gore de la scène finale). Ce qui finit par jouer des tours au maitre, essentiellement dans la narration (trames menant à rien), ou surtout dans la photographie parfois relativement laide des rêves, ou le montage très "familial" du coup de Coppola. Ne serais ce que certains plans, passant du coq à l'âne, rappelant les cadrages d'un Ed Wood à deux reprises ou sur-plomblant son film de magnifiques prises de vues. Aussi étrange que l'histoire que raconte le film finalement. Val Kilmer quand à lui est parfait, comme à son habitude, ne craignant ni parfois la comédie, ou l'émotion brute du père de famille mortellement touché.

          Twixt est donc un travail de petite ampleur pour un Coppola qui à force de s'être entaché dans des chef d'oeuvres finit par réaliser les petits films sympathiques qu'il défend d'arrache pied. Loin se situe la décadence de l'univers monétaire d'Hollywood auquel Coppola ne fait plus attention depuis un petit moment. Twixt plait donc sur certains plans, même si l'anarchie n'est jamais loin, et l'ensemble bordélique non plus quoique trop rare pour ne pas être cité et surtout à un tel niveau de maitrise cinématographique. Quand au point bonus revient à Elle Fanning, ravissante qui après le très moutchou et décevant Super 8 continue d'y croire par son aura assez remarquable pour le cinéma. Good Luck.

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Samedi 24 mars 2012 à 12:45

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Bellflower d'Evan Glodell

         Avec tout le respect que l'on doit aux réalisations amateurs ( je ne parle pas du found footage ou autre descendant lambda du débilos Paranormal Activity ), il faut parfois faire attention. A ce que ceci ne soit pas qu'un argument de vente pour la presse branchée couilles cousues à aller voir des oeuvres aussi expérimentales que foutraques. C'est ce à quoi l'on pense lorsque l'on peux voir ne serait-ce que deux péloches de la bande annonce de BellFlower, réalisé par un certain Evan Glodell durant l'été 2008 pour la maudite somme de 17.000 dollars ! Se voulant amateurs jusqu'au bout, le réalisateur en herbe en aurait même profité pour construire l'ensemble du matériel que l'on peux voir à l'écran ( voiture, lance flammes, motos...même caméras! ) Un vrai psychopathe en somme entre Jackson et Tarantino pour le besoin maternel de monter un film.

         Excavé du plus profond de la mine d'or du cinéma indépendant Américain, Bellflower se fait enfin connaitre en cette année 2012, dernière année de l'être humain ? Parfait pour le pitch dans lequel Glodell semble avoir enraciné tous ses souvenirs ( branleurs Américains perdus, mi hapsters ) et sa mélancolie puisque Bellflower traite du sujet de l'amour...pré-apocalyptique. Explications : Deux types totalement ravagés par l'alcool et le manque de repères, se mettent en tête de régner sur le monde une fois l'apocalypse arrivée. A la manière d'un Mad Max et de son ennemi de toujours : Le Seigneur Hummungus. Sauf qu'il n'était pas prévu que l'un tombe amoureux, et que l'apocalypse n'aura pas forcément lieu là où l'on l'attend.
 
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         Et c'est justement dans cette idée, relativement proche du film de genre que Bellflower expose toutes ses idées : La mélancolie, la fin de l'adolescence, le refus des responsabilités. A la manière d'un Madmax qui lui exploitait la fin des espérances, Bellflower se veux beaucoup plus enthousiaste avant de sombrer dans une seconde partie où la folie finira par régner. Les personnages présents à l'écran sont tous alors brutalement secoués dans le monde adulte, chose qu'ils ne souhaitent pas. Comme si Fight Club et sa critique assassine de la société avait rencontré le Drive de Refn. Ce qui aurait pu passer pour une parabole artificielle sur le début des responsabilités est au final beaucoup plus subtil que ce à quoi l'on pourrait s'attendre.

         Scindant son film en deux parties, Glodell réussit dans un premier temps à imprégner son roman d'une mélancolie relativement personnelle -lui même avouant s'être inspiré de...lui- adoucie par la formidable bande sonore de l'inconnu Jonathan Keevil qui dans toute la splendeur du film indépendant Américain, chante guitare à la main d'une voix décousue, voilée. Magnifique. Dans cette même partie que la mise en scène de Glodell prend du relief. L' Amérique telle que l'on la connait (bonasses aux quatre coins de rue, plastique de rêve, surfeurs ou Macdo ) prend soudainement fin. A l'instar d'un Jeff Nichols dans la magnifique Shootgun Stories sans le côté Malick; une partie de l'Amérique rase motte est dévoilée : Un no man's land ravagé, pleins de soulards sans jobs, et sans aucune conscience. Une génération perdue, qui à force de s'être pris des vagues dans la gueule, s'en remet à la shouille.

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          C'est ici que Bellflower touche son but, en sublimant de toutes sortes l'aspect plastique du film -qu'on le veuille ou non !- en réussissant la renaissance de ses caméras foutraques (sables dans la lentille, fibre optique trop courte...). Une mise en scène originale et qui à la manière d'un Refn aurait essayer de se focaliser sur l'esthétisante musique électro-pop pour donner vie à ses séquences parfois bluffante. Submergé par la photographie épileptique du film ( sa rappelle sans aucun doute les Rois du Désert! ) donnant la sensation de chaleur omniprésente, Glodell dans une seconde partie presque parfaitement maitrisé (à deux cheveux près) montre sa vision de l'apocalypse. Comme le désarroi d'un adolescent près à casser la baraque à la suite d'une rupture. Cette apocalypse aura donc lieu dans la tête du protagoniste, l'autre ne verra jamais le jour.

         Enfin, formidablement Glodell -à l'instar de Madmax 2 : The Fury Road- réussi à donner toute puissance à son interceptor, car le personnage central du film n'est autre que la Medusa. Semblable au V8 de Max Rocktansky, elle est le symbole de toute la démesure juvénile du protagoniste qui finira par se servir de ses propres inventions pour mettre fin à tous ceux qui l'ont fait souffrir dans une fin proche du slasher horrifique. Dans une magnifique conclusion, juxtaposant deux fins alternatives, Glodell se permet l'impensable : Avec une comparaison directe au chef d'oeuvre de Miller, une esthétique très publicitaire et une contre plongée dans le désert, de poser un discours nihiliste quoi que trop existentialiste sur la vie du personnage principal. Et même si l'on a tendance à penser que ce nihilisme à la Gavras nous aurait plu tout au long du film.

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        Face à tant d'idées, il est impensables de ne pas ressortir troublée par ce que l'on vient de voir. Un film fou, très exactement. Loin des conventions du genre, mais sans jamais s'éloigner pour garder une approche simple, Bellflower semble avoir tous les atouts du premier film : Une sincérité profonde, un "je m'en foutiste" totalement assumé, et un condensé de clin d'oeils. Le genre de film qui ferait passé une amourette de passage pour la femme de notre vie. Fou, on vous l'avait dit.

 

       

Mercredi 7 mars 2012 à 22:12

 

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The
Artist

de Michel Haza...Haznannaz...Hazzanavicuius...


 
       Bref, alors voilà The Artist, c'était un peu la déclaration d'histoire d'amour au cinéma. De la part d'un cinéphile. Clairement, car je devrai le rappeler, Michel Hazanavicius ( il a du prendre si cher lui ! ) est un cinéphile endurci, le genre qui t'attrapes les couilles et te fais renifler l'anus du diable cinéphile à travers ses films. Il suffit de voir l'incroyable Grand Détournement ( avec Georges Abitbol! Grand classique qui donna envie à Mozinor de détourner tous les films du 7ème art ), il lança les Nuls, le mec te reprend le best de la série B française ( dieu seul sait qu'on en a presque aucune! ) pour te poiler par deux des meilleures comédies françaises depuis la mort de Funès.

        Par ailleurs, The Artist peux se voir comme la véritable bénédiction d'Hazanavicius au cinéma. Un vrai poète du 7ème art. Car à la manière d'un Annouil qui s'en va reprendre du sophocle pour Oedipe Roi, lui reprend le départ, le commencement pour démontrer son immense talent d'écrivain et de metteur en scène. Alors oui, The Artist est un superbe film, et qui ose. Nous le savons tous, à l'heure où des arnaques à cons sont publiées dix fois par semaines car le cinéma français est dirigée par une bande de dinosaures "intouchables" (je ne parle pas du sympathique film!) voilà qu'on nous distribue un pur essai cinématographique. De ce côté, nul doute que s'il n'y avait pas eu Take Shelter, Tree Of Life et le bolide Drive, il aurait eu la palme d'or. Mais remettre l'interprétation à Dujardin c'était un peu rendre hommage à Bogart, Chaplin ou Boris Karloff.

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        Rappel, Langmann a beau être le fils de Berri, tout le monde l'a envoyé chié quand il s'est mis en tête d'adapter le coup de folie d'Hazanavicius. D'une part son succès est mérité, car personne à part Dujardin/Hazanavicius ne l'ont soutenu. (Et sa très bandante femme Bérénice Béjo ). Bref, le muet vaincra.

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        Objectivement,  le film a un point faible, Dujardin est hallucinant, c'est un dieu comédien né. Bérénice Béjo est très bien, et les plans/idées de Hazanavicius (que j'appelerai à partir de maintenant Hana car sa m'embête de butter sur son nom à chaque fois) sont réellement magnifiques. A savoir, ces boulversantes scènes dans le manoir de Béjo, où l'incroyable plan lorsque Dujardin balance son whisky sur la table en verre où son reflet apparaît peu à peu, une belle image de la disparition momentané. Un point faible donc dans ce feu d'artifice de bons sentiments, et de cinéma parlant pour le coup. Si seulement Hana avait tenu ce sentiment de tragédie tout au long du film, et que le coup de feu de Dujardin aurait été l'unique son du film. Là, on aurait crié au chef d'oeuvre, alors qu'au final, rien n'est inventé!
Malheureusement, ce gentil happy end fait peut être de The Artist seulement ( et c'est déjà pas mal ) un superbe film. Une bête de curiosité.

 
        En face aux Oscars, on a qui ? Terrence Malick avec son renversant Tree Of Life ( mais trop intelligent et imagé pour un public bouffeur de pop corn comme le son les ricains ), on a aussi Minuit à Paris, mais quitte à récompenser un hommage, autant qu'il soit français en hommage au ricains, que l'inverse. En plus, depuis Manhattan ( soit en 79 ) ce vieux Woody wood pecker, n'a franchement rien sorti de fantastique (Rêve de Cassandre, okay). BREF, et puis aussi Spielberg, sauf qu'on boude Spielberg depuis longtemps, et qu'il reste le Luc Besson Américain. Et son film ne me semble guère le plus réussi. La couleur des sentiments ? Sundance leur a suffit, Hugo Cabret ? Quand Scorsese se sera remis les couilles en place peut être, on a pas récompensé un film pour enfant comme meilleur réalisateur ou film depuis...Putain je sais pas. Même si son film s'en tire avec les honneurs.


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    E
t que dire de The Descendant ? Sans même l'avoir vu on peux penser qu'il s'agit du film Trauma. Une idée que les Américains admirent, Le film où le personnage principal est dans le coma, et que le film se déroule autour de cette absence. Sa a commencé avec le génial Good Bye Lenin, sa finit avec The Descendant où le vieillissant Clooney semble quand même joué vachement au mélo là dedans. Quitte à récompenser une oeuvre originale, The Artist est là. Surtout il est important de le dire : Les Américains sont tellement patriotes et fiers de leur pays, qu'un type français aussi génial rend hommage à leur cinéma, que demander de mieux ? Car les Américains croient avoir créé le cinéma, Et non ! Vous n'aurez pas nos lumières ! (Jeu de mots dérisoire mon cher!)

 
       Epuis pour la réalisation c'est la même, l'effet de mode est important aux States, pour une fois je suis foutrement content qu'un film tel que The Artist pète à la gueule de tous Harry Potter ou cinéma mélo typiquement Américain. Surtout en cette année où le meilleur n'a pas été représenté ( Où sont Take Shelter, Drive, Millénium ? Et même Dicaprio en J. Edgar ? ). Donc oui à The Artist, oui au désir de vouloir récompenser un cinéma qui ose ( ils voient pas les choses comme sa là bas mais bon,admettons que ) et surtout, à un metteur en scène hors norme. Qui n'a pas hésité à reproduire du Murnau ( qui reste la plus grande histoire d'amour avec L'Aurore en 1927, à faire chialer un dictateur ) ou du Bogart. 
 

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        Enfin! Parlons de cette musique sublimant chaque instant par un hommage réel au cinéma des années 20. Sans ce génie breton Brouce, le film n'aura pas été du même acabit. Réellement. Donc pour reprendre les mots de Dujardin non censuré à notre plus grand plaisir : "Oui Génial putain merci"

        Cannes, Golden Globes, César, Oscar. En ce jour on peut être fier d'être français pour avoir inventé le cinéma. C'est marion Cotillard qui doit tirer la gueule. Mais bon, t'inquiètes Marion, Dark Knight Rises va défoncer. Mais on peux regretter une chose à ces oscars. Comme je l'ai dit, aucuns des deux plus grands traumatismes de la critique de ces 10 dernières n'ont été récompensé. Autant Drive méritait de tous rafler, autant Shannon méritait l'oscar du meilleur acteur pour son aura exceptionnelle...Allez chapeau l'artiste. 

         Quand à toi, inconsolable cinéphile qui n'a pas vu tes deux claques de l'année à la cérémonie, voilà un dernier hommage. (Harry Potter n'a rien à faire là dedans, hélas ).


Vendredi 24 février 2012 à 16:47

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La Taupe de Tomas Alfredson

       Après Morse, on pourrait croire que ce suédois fou est un amateur de message codé. Voilà pour le jeu de mots hasardeux, voir carrément nul à chier. Quand est-il, Tomas Alfredson signe donc avec La Taupe son deuxième long métrage. Autant vous dire que sa a bougé dans le petit monde du cinéma indépendant. Là où Alfredson avait du affronter tous les crapules productrices pour financer son petit bijou Morse, il n'aura pas eu le moindre mal pour trouver de quoi financer son adaptation du chef d'oeuvre de John Le Carré. A cet égard, beaucoup de messes basses se sont prononcées. 25 Millions de dollars, soit 14856 fois plus que son premier film, de quoi avoir réellement peur quand à la sincérité de son travail.

       Pourtant loin de là, Alfredson ne vend pas son âme au diable contrairement au protagoniste (aux protagonistes?) figurant(s) dans La Taupe. D'une part, il renoue formidablement avec le cinéma dit de « grandes angoisses » des années noires de la guerre froide. Sensiblement proche des Hommes du président ou de L'espion qui venait du froid (Forcément de Monsieur Le Carré) auxquels l'on doit certainement les plus grandes heures du genre. Et sans jamais s'éloigner du mise en scène très Hitchcockienne fredonnant un air des 39 Marches.

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       Méthodiquement la taupe se veux très Storm In A Teacup, les couleurs brunissantes façonnent l'esprit (et la critique vestimentaire) par leur côté indéniablement kitsch. A l'époque où l'on croyait encore qu'un costume Brun/Marron pouvait avoir un semblant de classe British. Rendant admirablement hommage au pays de la reine mère des années seventies, Alfredson permet dans un premier temps de classifier son film dans un contexte propre au conflit : Suspense, Peur, Manque de cohésion. Quand à la difficulté du scénario, il ne faut véritablement pas se fier au pessimisme des indignés qui classent le film comme un Ersatz d'une adaptation incompréhensible digne du maitre Kafka. Le principal problème du film se trouvant ailleurs.

       Au contraire, le montage lucide du film permet de suivre cette grande histoire radicalement Anti-James Bond. A commencer par le personnage de Smiley (diablement bien interprété par le génial Gary Oldman) qui pour le coup trouve enfin un premier rôle à sa portée après une flopée d'immenses rôles...au second plan ! Le premier depuis Sid And Nancy en 1986. Alfredson rendant pour une première fois, les espions du MI-6 véritablement humains. Regards tristes, petits hommes enrobés, les grands maitres de ce monde ne sont pas ceux que l'on croit être (même s'ils ont la gueule de Firth!). Pour cela le film d'Alfredson remémore le formidable Les Patriotes, unique film d'espionnage français jusqu'à L'affaire Farewell à ne pas jeter aux ordures publiques.

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        Suivi d'une flopée d'acteurs pour le moins très bons (Tom Hardy, Colin Firth) ou d'excellent (Mark Strong), Alfredson immerge parfaitement le spectateur dans cette rivalité sans fins de deux blocs au bord du gouffre. Malheureusement, la pâleur et lenteur du film (à l'image de Smiley) dépeignent aussi facilement ce monde pour ceux qui ne l'ont pas vécu de l'intérieur. Il est indéniable qu'Alfredson appartient à ce genre qu'est le cinéma de Maitrise. Véhiculés par d'images magnifiques, d'une photographie radicalement hallucinante...Sauf que derrière, c'est du Le Carré, et qu'il ne chie pas dans la masse. Par son réalisme, le film est naturellement lent. Pas de gadgets, ou de gun-fights bandants à la John Woo (Désolé Pierre, ils ne résident que dans tes rêves de gamins). Alors deux heures, c'est long.

       A cet endroit se situe la principale erreur du film (avec sa chute très hésitante) qui ne réussit malheureusement pas à faire croire à tout le monde les louanges dont il a été prescrit. Les hypers-enthousiastes du Times qui crient au chef d'œuvre se sont peut être emballés sur un point. Sa lenteur indéniable, mais peut être qu'ici réside finalement son âme, lui permettant ainsi de superbes mises en abîmes. Comme un grand cri de « ras le bol ! » au pseudo-cinéma d'espionnage qui se contente d'exterminer le genre en nous offrants de ridicules nanars cartonnants au Box Office. Alfredson ne fait que rendre hommage au maître, sur ce point, nul doute que son film aurait pu voir le jour il y trente ou quarante ans, à l'époque où l'on prenait le temps de filmer ce qu'il se passe. (C'est pourtant un grand amateur de série B qui vous parle).

       Dans un formidable cadre, La Taupe (c'est René qui pas va pas être content) marque malgré tout une légère déception. Les lenteurs infaillibles du genre qui trouvent toujours preneurs, ne sont que le résultat d'un travail peut être trop soigné. Mais qui offre de magnifiques perspectives pour le cinéma à venir au cours des prochaines années.

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