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Skyfall de Sam Mendes

       Finalement James Bond se résumerait-il à l'impuissance incarnée au cinéma en 2012 ? "Oh damned, god !" s'exclament peut-être déjà certains spectateurs rosbeefs en assimilant le héros de tout un pays (La Grande Bretagne, pas l'Angleterre, hein) à une petite nature -façon de parler-. Cette dramaturgie profonde dont fait part cette 23ème offrande ne pouvait être orchestrée par un bourrin digne de Marc Foster et son enlisant message pseudo-écolo dans Quantum Of Solace. Ou pire, l'horriblement beauf Demain Ne Meurt Jamais (magnifique titre relativement abrutissant) de Roger Spottiswoode. De cette manière, James Bond version Daniel Craig (le meilleur interprète de James Bond ever -fin du débat-) se voit enfin révéler le véritable faciès de notre écossais favoris : Une brute épaisse peu attiré par le rose. Un tueur.

       Aux commandes de ce magnifique 23ème opus, Sam Mendes, splendide réalisateur de films...d'auteurs Américains très profond sur le domaine familial (The Revolutionnary Road -Les Noces Rebelles-) ou sur justement l'impuissance bestiale des soldats durant le Koweit (génialissime Jarhead). Autrement dit, le fait d'avoir solliciter les compétences de ce monsieur reste LA putain d'idée que tout le monde attendait. Déjà à l'époque du Casino Royale de Campbell, le centre d'intérêt n'était plus centré essentiellement sur les magnifiques plastiques de ses James Bond Girls. Le critère psychologique de James Bond était naissant, et surtout plaisant, au détriment d'affrontements physiques relativement chiant (James Bond gagne toujours, pourquoi s'emmerder dans des cascades ?). Pour faire simple, ré-écrire un mythe nécessite une re-lecture. Ce fut le cas avec Casino Royale, et Mendès poursuit de la meilleure des manières ce sursaut d'orgueil très British.

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         La plupart des films d'actions des années 90 ont tous objectivement pastiché l'esthétique et les thématiques bordéliques de Heat réalisé par Michael Mann -Volte Face, Ennemi d'état-...De nos jours le constat est sensiblement le même avec The Dark Knight, mais en plus relevé. Les films de -supra- héros ne s'appellent plus "Superman" mais plutôt "Man Of Steel". Ce qui est franchement plus classe. Mais c'est surtout la présentation du héros comme un être agonisant depuis l'intérieur -Je suis un homme, j'ai des doutes-, qui ne trace jamais la moindre esquisse d'un sentiment, reste l'autre brillante idée que les cinéastes de Blockbuster auront mis 20 ans à pondre (Merci Nolan). Skyfall suit la même dynamique via l'impulsion de Sam Mendès qui s'autorise de brillantes choses dans une telle industrie.

     Skyfall peut-être considéré comme le meilleur James Bond de tous les temps. Peut-être qu'il est snob d'apprécier d'autant plus un James Bond dramatisé que ce qu'il est au départ : Macho, Dragueur, Classe. Mendès détourne les codes pour faire de lui l'homme le plus bestial possible, presque un connard en grande forme à qui il conviendrait de ne pas beaucoup parler. Le génie de Skyfall provient donc de cette hallucinante mise en scène d'un homme vulnérable. Chose plutôt commune, mais qui ici trompe le mythe avec la réalité. Le travail de Mendès est d'autant plus important que l'homme décide du temps que chaque plan doit durer (Adieu les singes caméra-mans bourrés de Marc Foster ! ), incorporant un véritable travail de mise en scène psychologique dans un blockbuster.


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        Démesuré via son ampleur dramatique, Skyfall s'offre, en plus de ces nombreux bons points, le photographe de No Country For Old Man histoire de mettre les cartes sur la table. Daniel Craig est bluffant, notre française foncièrement...bonne. Les personnages sont ré-écrits et explorés, Bond est humanisé et troublant de sincérité. Rarement un épisode de James Bond n'aura apporté autant en 120 minutes. Au point que certains piliers de bars dissertent sur la question de l'homo-sexualité de Bond (Après Sherlock Holmes et Watson, Batman et Robin, Olive et Tom, Tom et Jerry...). Quand à Javier Bardem. Il déménage. Véritable double maléfique de James Bond, toujours suffisamment timbré et original pour ne pas émettre une douteuse comparaison avec un autre méchant récent...

       Orné de véritables mises en abîme, et d'une complexité rare, Skyfall se voit décerner la palme du coeur cinéphile. Les conservateurs -mormons sur les bords- de l'esprit beauf et macho de Bond apaiseront leurs consciences en s'épilant la cornée avec l'intégrale Roger Moore. Les autres apprécieront ce superbe travail de Mendès qui à sa manière, reprend les codes de The Dark Knight presque à l'instar de Heat, décidément films cultes avant l'heure. Cependant on ne remerciera pas la -très- criarde/sur-estimée/insupportable Adèle et sa navrante interprétation du thème principal (qu'elle massacre/rend chiant à mourir, bravo), qui ne fait que regretter Muse et leur magnifique Supremacy, véritable hymne à cette résurrection cinéphile.


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