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Bubba Oh-Tep de Don Coscarelli 

Il existe une certaine famille dont l'étiquetage formaté ne peut-être réalisé. Aussi bien dans le domaine Japonais via Takashi Miike et ses 70 films tout genre confondu en 20 ans de carrière; ou via les magnifiques films perchés de Terry Gilliam. Don Coscarelli pourrait être lui aussi de cet famille d'invertébré cinéphile qui entend avant toute chose offrir de la cinéphilie sur pellicule et non un conte charmeur pour bobo mordant sa cigarette. L'incroyable bénéfice de cette branche cinéphile vient du fait que chacune de leur bobine ne prédit jamais ce qu'il se passer à l'écran et amène cordialement son spectateur vers une oeuvre riche et incalculable. Comme si même encore de nos jours le cinéma pouvait être une surprise.

Don Coscarelli est un brave type. De ceux qui vieillissent bien (à soixante piges il annonce une pêche d'enfer) tant sur le fond que la forme. Son oeuvre ne s'étire qu'à travers une poignée de films qui n'ont quasiment rien à voir les uns avec les autres. Tout d'abord l'ensemble de la série Phantasm; série de film horrifique à petit budget méchamment mal vue par le grand public -alors que sa dimension horrifique est l'une des réussite les plus surprenantes des années 70-. A tel point que Don nous prépare un 5ème et final épisode histoire d'emmerder une audience de spectateurs chiante et impuissante qui ne reonnaitra jamais son génie. Fonce Don ! Puis il y a deux ans avec le magique John Dies At The End; où Don Coscarelli se permettait de spoiler la fin du film au spectateur avant même de l'avoir vu. Un petit budget ingénieux, dingue et sincère. Car tout est là le problème de Coscarelli; véritable cinéphile; ce dernier ne s'arrête devant rien pour faire figurer la moindre de ses magnifiques idées et hommages aux grand qui l'ont fait bander. A tel point que John Dies At The End peut-être vu comme un Western Fantastique d'Horreur enrobé d'un humour Anglais très bienvenu. Un grand melting pot cinéphile.

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En 2002 Don Coscarelli s'était mis en tête de réaliser Bubba Oh-Tep -un nom relativement étrange qui assimilie directement le film à une série B voir Z-. Tiré d'un bouquin de John Lansdale -auteur de l'incroyable Arbre Aux Bouteilles-; l'histoire traite de Elvis Presley en maison de retraite. Celui-ci n'est pas mort comme toute la planète le crois. Le vrai Elvis est en vie, sombrant dans ses derniers instants de vie, affecté d'une ex-croissance de son pénis. -Oui oui ça arrive-. Ce dernier fait la rencontre de Jack; un afro-américain persuadé d'être John Fritzerald Kennedy. La maison pour vieux -cinglés- semble être la source d'une menace puisque de nombreux résidents se font massacrés pour une raison inconnue. Elvis et Jack devront alors mener la dernière aventure de leurs vies face à la momie Oh-Tep; qui se nourrie d'âmes afin de se conserver et de continuer son règne.

Arrêtons nous là un instant afin de porter attention une deuxième fois au scénario une seconde fois. Lorsque celà est fait posons nous calmement la question : quel est ce putain de spitch ? En effet; Bubba Oh-Tep est un film de fou à l'instar de ses personnages qui sont alors pris par le spectateur comme de grands malades, ou comme des êtres incompris qui n'ont jamais eu le choix de leur destin -Elvis décide d'arrêter sa carrière en raison de sa santé et maquille sa mort, JFK subissait trop de pression via la CIA-. On peut alors résumer Bubba Oh-Tep dans cette dernière phrase, soit nous avons en face de nous un film gentillement comique; amusant et second degré ou un véritable message sur la mort et la vieillesse. Toute la puissance narrative de Don Coscarelli vient de sa liberté de ton; à prendre soit au sérieux ses protagonistes ou alors pour de véritables séniles qui n'ont plus l'ombre d'une idée claire.

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Absurde et mélancolique à souhait, Coscarelli ne cesse de jouer avec les codes de plusieurs genres afin d'immortaliser son oeuvre comme une comédie; un de l'horreur ou de l'angoisse; ou simplement comme l'un des drames les plus sincères réalisés à ce jour. Ne pas se fier aux apparences trompeuses de ces terribles bande d'annonces pour DVD à chiottes ou affiches mal famées : il est actuellement difficile de pouvoir cerner la véritable identité de ce film pour la simple raison qu'une oeuvre telle que Bubba Oh-Tep n'a certainement jamais vu le jour auparavant. L'aisance du ton est ajustée et millimétrée selon les paroles; les actions et les plans. Réalisé avec un budget alarmant proche du compte en banque d'un étudiant en deuxième année de fac; Bubba Oh-Tep plait par son aisance cinéphile et surtout sa sincérité presque alarmante. Car si certains spectateurs couilles cousues et sobrement cucu la praline refuseront d'admettre le fait que Bubba Oh-Tep est un chef d'oeuvre mélancolique sur la mort; ils ne pourront qu'acquiesser sur le fait que le film de Coscarelli est d'une sincérité profonde. Déchirant de propos sur la vie et la mort -le tout orchestré d'une manière simple et humaine-; transpirant de peur via l'attente de la mort; hilarant via son propos et son improbable histoire.

Et c'est justement ici que Bubba Oh-Tep demeure une perle trop rare dans le cinéma bis. Car même si le film ne possède pas l'efficacité d'un gros budget; son histoire est défendu d'une main de maitre du début à la fin. Abordant des thèmes cher à la condition humaine qui ne cessent de bouleverser/désorienter son spectateur du début à la fin. Car si le film est vendu comme une comédie horrique ce n'est que pour mieux tromper son amant spectateur. Bubba Oh-Tep est un drame d'une puissance émotionelle rare. Jouant via une hallucinante soif cinéphile sur les codes du genre pour accoucher d'un enfant prodige. Le tout servi par deux brillants acteurs que le monde avait oublié -à l'instar de leurs protagonistes encore une fois!- Bruce Campbell (Ash des Evil Dead) et l'incroyable Ossie Davis en JFK afro-américain qui livre ici sa dernière prestation avant de s'éteindre paisiblement en 2005. Le tout véhiculé d'une somptueuse composition de Brian Tyler via son thème "All Is Well"

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Bubba Oh-Tep est un chef d'oeuvre. De ceux qu'on attend pas, de ceux qui ne devraient pas exister car créant d'inutiles débats sur la réelle portée du film. Qu'on le veuille ou non; Bubba Oh-Tep est une oeuvre magistrale; d'une puissance émotionelle via sa complexité - encore une fois cette différence de tons- et si sincère qu'il en demeure certainement l'une des oeuvres les plus sous-côtés de notre dernière décennie. Sans prétention; le film est une dynamite d'émotions en tout genre; capable de faire rire; pleurer à souhait. La sincérité du travail de Coscarelli est à l'instar de ces protagonistes; car si le film semble être une vaste blague sur l'histoire d'une momie -dont on se contre fout presque finalement-; le véritable thème de la galette demeure aussi simple que la mort, et comment celle-ci peut-elle être anticipée, voir acceptée par ses personnages. Un véritable drame d'une profonde mélancolie; inspirant au pur génie lors d'une scène au téléphone où nos vieux héros se préparent à la dernière aventure de leurs vies. 

Le pire dans tout ça ? Bubba Oh-Tep en dit plus sur la Vie, la Rédemption, l'Amour, la Vieillesse et la Mort que Michael Haneke avec son film Amours -pourtant pleins de vieux, de pleurs, et de scènes poussant au suicide national- Et naturellement -comme toujours chez Coscarelli- d'une manière bien plus simple et modeste. Et si t'es toujours pas content; il reste la branlette auteurisante de Godard avec ces mêmes sujets.
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