Mes-50-cercles

Mischief, Mayhem, Soap.

Lundi 6 juillet 2015 à 10:46

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 Muse - Drones

« Trop grand. Trop gueulard. Trop Queen. Trop saturé. Trop bourrin. Trop pop. Trop gamin. Trop baroque. Trop n'importe quoi. Trop d'égo. Trop mégalo. Trop de com. Trop commercial. Trop crillard. Trop allumé. Trop de cris. Trop bruyant. Trop d'orchestre. Trop grand spectacle. Trop de stades. Trop de coupes de cheveux. Trop de placements. Trop de sujets. Trop de Muse. Trop de trop. »

Voilà les principaux arguments anti-muse qui ressortent depuis maintenant The Resistance en 2008 ; Premier opus de l'enfer critique que subit le groupe Anglais depuis quelques années. C'est simple, pour certains si Matthew Bellamy n'a plus de cheveux rouge ou bleu Muse ne vaut plus un clou. Soit pour un groupe de résistants bien endoctriné n'y voyant qu'un groupe aux singles pop bien baveux, il n'est surtout pas question d'entendre les nouvelles déboires du trio. Enfin pour certains, Muse est un enfer musical partagés entre « toutes les convulsions mégalo de Matt Bellamy ». Inrockuptibles vous-dites ?


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Avant d'en venir aussi loin faut-il ré-ajuster la réalité ? Effectivement depuis The Resistance ; Muse n'a sorti que des albums en demie teinte. Par là ; la musicalité du groupe était souvent partagée entre les attentes d'un public habitué aux incroyables passages que possèdait Origin Of Symettry et une pop niaiseuse trop vendeuse. Et ce même si la galette possédait toute de même la puissance d'un grandiose album d'opéra rock au travers de ces Exogenesis ou de son brillant United States of Eurasia, qui reste certainement la plus belle adaptation artistique jamais réalisée de 1984.

M'enfin bref. Avec The 2nd Law, les choses se gâtaient pour le trio. Et plutôt de manière hardue. En effet l'album n'est pas une grande réussite. Hormis quelques titres vraiment convenables, le groupe s'efforçait de remplir l'album avec des titres aussi inachevés et sans âmes que Liquid State, Follow Me ou Explorers. Fort heureusement l'album se terminait via le magnifique concept musical éponyme 2nd Law -avec surtout son Isolated system, véritable preuve de la volonté du groupe de jouer pour le grand écran-. Cette parenthèse dérangeait alors toute l'idée que l'auditeur pouvait se faire de l'album. « ça commence bien, c'est nul, c'est plutôt brillant ».

Drones quand à lui sort peu avant l'été 2015, de quoi « remplir des stades et les bacs ! » comme certains haters en la matière pourrait s'exprimer. Et ils ont certainement raison, Muse vend de plus en plus, et remplit de plus en plus de stades. Peut-on s'acharner sur le sort commercial mérité d'un groupe aussi talentueux ? Muse n'ont t-ils pas prouvé par le passé (et le présent comme on l'a vu) d'une certaine qualité artistique ? N'ont t'ils pas le droit eux comme tant d'autres immenses groupes de jouer leurs tubes niaiseux ou classiques immortels dans des stades à craquer ? Cette critique incessante de la part d'une certaine catégorie de presse rase motte continue de prendre de l'ampleur à tel point que Muse est devenu le groupe le plus critiqué de la planète pour leurs choix esthétiques, musicaux et commerciaux. Car il semble que la réussite n'attire que haine et critique malveillante. Muse en est le pur exemple, et détesté par certaine presse musicale trop indépendante pour y voir un verre à demi plein à chaque nouvel effort.

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Car non ; Drones n'est pas un chef d'oeuvre ; ni même un excellent album. Mais est-il une merde pour autant ? Non. Muse depuis The Resistance est s'est orienté vers l'orchestration de ses thèmes : la science fiction – le pouvoir extrême – la peur du gouvernement – le complot gouvernemental – la troisième guerre mondiale...Bref des sujets qui méritent effectivement un véritable travail à la fois sonore et visuel. Chose faite très nettement sur The Resistance, hommage à Orwell et 1984. Puis avec The 2nd Law. Cette fois-ci les thèmes sont encore une fois très semblables ; d'où la fascination et l'entêtement de Bellamy à vouloir réaliser en terme de spectacle sonore et visuel quelque chose de grand.

Mais aussi étrange que celà puisse paraitre, Drones se focalise plus radicalement sur le trio d'origine : guitare-basse-batterie. Une raison pour revenir aux sources ? Non ; car l'enjeu du groupe n'est pas là. Il semble maintenant impossible pour Muse de composer un titre comme Showbiz ou Space Dementia. Ne vous demandez pas pourquoi, mais peut-être simplement les gaziés n'ont plus 20 ans. L'ambiance et les envies sont passées à autre chose. Les codes ont changé, le groupe aussi. Et un contrat évalué en milliards ne leur permet peut-être pas pour le moment de pouvoir s'aventurer sur ces terres. N'ignorons pas la chose.

Drones est un drôle d'album ; du genre pas certain de lui. Vacillant sans cesse entre moments bêtas dans lequel le groupe se perd et instants baroques où Matt Bellamy laisse éclater son talent vocal et de composition bien connu pour le plus grand bonheur de l'auditeur. Une parfaite demie teinte partagée entre excitation, déception et rédemption. C'est simple ; on prend ce qu'on a sous la main et l'on examine. Car comme nous avons pu l'évoquer, Muse ne reviendra plus jamais à ses débuts. C'est une chose impossible, autant sur le plan artistique (car le groupe semble être purement et simplement passé à autre chose) et commercial (les sous!). Mais se focaliser sur le passé n'est jamais la meilleur des choses.

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Composé de seulement 10 petits titres (+ 2 intros vocales) et dont un titre à capella (une première dans l'histoire du groupe) Drones est un véritable verre à demi-plein. Une demie teinte cependant totalement assumée et condensée via des titres un poil baveux et inutiles comme nous avons maintenant l'habitude (navrants guignolesques Dead Inside ou Mercy). Même si considéré par certaines personnes comme un Starlight N°2 (paie ton inspiration), ce titre ne possèdera jamais la « puissance évocatrice » que le morceau a sur nous autre sombres mortels. Un drôle de constat qui n'est sans rappeler les titres bouches trous de The 2nd Law.

Mais Matt Bellamy à travers d'autres titres prouve à la fois son immortel amour pour Queen (Defector) ; son incroyable maitrise vocale (Drones ou Aftermath) ou son salut éternel pour le côté glam rock spatiaux de ses composition (magnifique The Handler) de manière non rationelle. Car Muse depuis quelques années semble à chaque fois en jouer des tonnes -parfois dans le bon sens du terme- pour chaque nouvelle composition. Chose que chaque auditeur ou tout du moins amateur devrait comprendra via l'immense côté baroque ; orchestral et théatral que le groupe s'efforce de sur-jouer au plus grand bonheur de certaines personnes. Nouvelle facette que le groupe exploite ici à son paroxysme à travers certains titres très différent les uns et des autres (le fantastique morceau concept The Globalist ou le très osé Drones).

Car si l'ensemble de la critique -ou presque- se met d'accord pour n'évoquer que déboires et égo sur-dimensionné, Matt Bellamy semble n'y faire presque pas attention, et c'est tant mieux. Muse a changé ses codes depuis des années, chose que la critique s'efforce de ne pas comprendre ou adhérer. Leur retour à un trio guitare – basse – batterie ne se réalise alors qu'au travers des titres aussi foutraques que réussis où Matt Bellamy laisse à chaque fois exploser l'univers qu'il se créé. Que se soit au travers de tracks puissantes et répétitives telles que Psycho ou via cette volonté de vouloir sur-jouer dans la case baroque (l'incroyable envolée spatiale lors du pont de The Handler ou le tapping de Reapers, malheureusement crocheté par un couplet des moins inspirés).

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Les envies de Bellamy et ses choix passent alors par tous les stades ; de la pop niaiseuse, au rock qui tâche, en passant par de véritables moments orchestraux tant adulés par les anti-muse à de véritables bons titres. Comme si le groupe avait décidé d'une ambiance différente pour chaque morceau; et ce même si l'album est sensé être un album concept autour d'un opéra-rock. Un non sens en soit faisant de la galette un opus non achevé. Celui-ci ne possède de ce fait évidemment pas d'âme. Un produit sous vide tel que l'état The 2nd Law. Les titres sont trop différents pour s'ajuster les uns les autres. Et ce même l'album grouille de formidables idées aussi petites ou grosses soient-elles (la fin de Reapers, le solo de The Handler ou le doo-wop sur Drones pour simples exemples). Idées formidables, mais qui ne semblent jamais former un réel puzzle musical.

Cependant on pourra citer le phénoménal morceau The Globalist où tous les genres musicaux travaillés par le groupe depuis des années s'y retrouvent. Véritable hymne du nouveau Muse -s'il faut les nommer de cette manière maintenant...- entre les évocations western -cinéphiles- chères à Bellamy depuis Absolution ; à la pop mélancolique convenue au début de leur carrière ; à l'hommage orchestral de Queen correspondant à leur période plus récente...Puis sorti de nul part un incroyable moment où toutes les peurs primales de l'auditeur s'envolent lorsque le groupe explose sur ce fantastique passage métal-core orchestral -cher à Bellamy et aux premiers essais du groupe- que possède The Globalist. Une montée d'adrénaline boosté par un fantastique passage de violons/guitares saturées aux voix illuminées plutôt rare. Ce passage témoigne une fois de plus du talent de Bellamy pour la composition cinéphile à travers ces 3 actes pré-post apocalyptique où le concept d'opéra rock se ressent enfin. Mais il semble être un peu trop tard à ce moment là.

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Drones ne semble pas être l'album que les gens espéraient. Ou peut-être qu'il l'est. Pour le reste il ne faut plus espérer un quelconque retour aux sources. Car il n'a jamais été question de cela au sens propre du terme. Il faut accepter le groupe tel qu'il est maintenant, apprécier ou non ses méthodes et son répertoire live qui par ailleurs reprend de nouvelles formes avec l'apparition de The Handler ou Reapers. Drones n'est pas un excellent album, bien qu'il soit composé de fantastiques passages ; l'album souffre d'une véritable identité, d'une propre âme. Codes aussi simplistes soient-ils mais qui témoignent toujours d'une véritable nature. A l'image de sa jaquette et son art-work; plutôt laide et incompréhensible à un tel niveau de professionnalisme.

Mais quand est-il, les sorties d'albums de Muse sont toujours aussi intéressantes -forcez de la constater- via l'énorme buzz que chaque titre procure sur internet et tout ce qui s'en suit : son lot de haters impitoyables menant une guerre acharnée, son lot de fanatiques très haschtag, ou son lot de relous soufflant que c'était mieux avant. Un verre à demi-plein car il faut s'efforcer de voir les bons côtés des choses quand on a aimé ou que l'on aime. Sinon et bien tu as vite fait de devenir un con en la matière. 

Allez, à dans trois ans Muse.

Jeudi 2 juillet 2015 à 16:14

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Four Lions de Christopher Morris
 
On pourrait croire qu'il est difficile et surtout inconscient de réaliser un film sur un sujet sensible. D'autant plus de nos jours où les jugements faciles et douteux ne se font plus très rare. On est de cette manière considéré de telle ou telle sorte en fonction de nos choix. Un étiquetage rapide dans la plupart du temps fait défaut à la véritable nature des gens et de leurs choix. En matière de films il est maintenant rare de produire des films dit « à polémique » pour le plus grand bonheur des haters qui se font une joie de détruire un réalisateur ou son film via son sensible sujet.

En l'occurence Edward Norton avec « Au Nom d'Anna » réalisait en 2001 une petite perle pour sa brillante prise de risque à traiter d'un sujet aussi étrange que la vie amoureuse d'un prêtre catholique. D'autant plus que celui-ci tombait alors amoureux de la même femme que son collègue et meilleur ami rabin, rôles alors endossés respectivement par Norton himself et Ben Stiller. Bien que profondément sucrée de gags américains ou d'une écriture un poil trop superficielle, le film avait l'honnêteté d'attaquer un sujet extrêmement délicat au travers de ces deux destins liés à la même femme : le catholisisme et judaisme. Leurs différentes religions, leurs différentes méthodes, leurs différents styles de vie, ainsi de suite.

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Norton surprenait alors le monde cinéphile avec cette modeste comédie ; surtout emportée par deux brillants acteurs qui via leurs talents semblaient adoucir le méchant spectateur guettant la moindre erreur de Norton pour le traiter de Fasciste, Nazi ou Anti-Chrétien, au choix. Four Lions rejoint de cette manière le film de Norton ; non pas qu'ils se ressemblent mais via cette belle ouverture d'esprit et cette marque à adoucir un sujet extrêmement sensible puisque ce dernier traite du Jihadisme. Et plus précisément de 4 amis qui décident de mourir en martyr en se donnant la mort et celles de gens autour.

Chris Morris, réalisateur et auteur de ce film ne semble pas être un type à ranger dans la catégorie des « gros cons ». Oui même moi je m'y met. Critique ; satiriste et photographe de guerre -rien que ça- ; l'homme semble s'être pris d'affection avec le public anglais depuis quelques années via des émissions TV ou via son show sur la BBC. Quand est-il ce satiriste réalise et écrit ici son premier film pour le grand écran. Et forcez de constater que son sujet n'est pas le plus simple qui soit. Surtout via son ancienneté dans le métier (en plus d'être photographe de guerre), le bonhomme s'aventurait sur des terrains bien minés mais qu'il connaissait pà la même occasion.

 
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En produisant son film via une mise en scène ultra rudimentaire (constante caméra à l'épaule) et premier degré, le souffle de l'ironie et de l'humour noir présent pendant le film évacue toutes les craintes que l'on aurait pu avoir dès les premiers shoots du film. D'une manière presque naturelle le spectateur est forcé à oublier qui sont les protagonistes ; à savoir des terroristes prêt à mourir et à tuer pour une cause bien précise. Pour la simple et bonne raison que le but du film ne réside pas ici. Le but du film ne réside pas dans la prise de partie, ou dans la démonstration du bien et du mal. Chris Morris démistifie ici un univers que l'on ne voit généralement qu'au travers de mauvais reportage sur chaines câblées.

Via une sincérité alarmante ; et d'attachants destins -bien que l'on connaisse leurs sorts- Chris Morris évacue toute angoisse pesante pour n'y jouer qu'une comédie satirique sur ces 4 lions, bras cassés et peu doués pour ce qu'ils ont choisi d'être. Ici il n'est presque pas question de religion, de débats pré-établis et douteux ou d'une provocante mise en scène. Chris Morris fonde à travers un certain humour noir une puissante et merveilleuse pièce. Une vraie comédie noire, mais qui ne s'éloigne jamais de la réalité et de la troublante tristesse de la situation. Jusqu'une incroyable scène d'adieu, d'une sincérité et tristesse absolue digne des plus grands metteurs en scènes ; alors que le gaillard n'est que chroniqueur.

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Comme si les Monty Phytons avait eu aussi fait une farce sur le terrorisme grandissant des années 1970 ; Chris Morris s'établie dans ces codes. Mais ne forçant jamais la main sur son spectateur, l'entrainant dans ce monde éloigné -qu'il soit vrai ou non, ce film est une fiction rappelons le- ; proche de l'absurde. Mais avec cette capacité à pouvoir basculer dans un climat mélancolique très profond au moment où le gaillard le souhaite; ce qui n'est pas sans rappeler le magnifique Bubba Oh-Tep de Don Coscarelli.

Brillant film à la fois coup de poing, touchant, triste et drôle, Four Lions est une merveille qui montre -d'une certaine manière- la vie à l'Anglaise qui n'est généralement visible que dans les films de Ken Loach ou Shane Meadows. Une angleterre croulant sous les briques et sous les vieilles usines. En ce point Four Lions pourrait être un parfait mix de This Is England et le très beau Paradise Now qui traitait exactement du même sujet. Sans cet incroyable dose d'humour Anglais, limpide et subjectif ; maitrisé à la perfection pour percevoir quand il le faut ; la fragile et magnifique facette que cache Four Lions derrière ses airs grossiers. Une œuvre bien trop rare.

 

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