Muse - The Second Law
A l'instar de Roland Emmerich, Muse serait devenu pour beaucoup de monde un groupe aux ambiances catastrophiques. Ne comprenez pas le terme au premier degré. Et surtout, ne luttons pas contre le fait que d'irrésistible adeptes de la branlette intellectuelle abrutissante s'amusent encore à démembrer Muse de tous moyens foutrement ridicules et foncièrement pas drôles (parodies, exécution publique au sein de chroniques faussement démonstratives...). Nous laisserons ainsi ces hurluberlus, dont les hormones cérébraux ont plutôt été bouleversé par le dernier album de Michel "Autain" Houellebecq ou celui d'Arielle "Milf 00's" Dombasle qui se feront une joie de bercer vos journées avec leurs envolées lyriques hautement débiles.
Ceci étant dit, il serait plutôt intéressant de se projeter sur le thème du jour. En 6 albums, ou plutôt 4, Muse est incontestablement posé son cul sur le trône du groupe de la décennie. Ce qui fait de lui un groupe catastrophe. Au même stade qu'un quatuor Irlandais dont je ne citerai pas afin d'éviter la comparaison faiblarde, et ainsi de perdre le peu de lecteurs dont ce site pourrait se venter. Catastrophe car Muse est devenu un groupe Blockbuster depuis The Resistance. Un groupe aux hymnes spartiates, vibrantes et troublantes. Un groupe démagogue dont les oeuvres peuvent troubler la sincérité mais décupler les sens. Le constat reste sensiblement le même avec The Second Law, dont le génial titre ne mène heureusement pas le groupe à la ruine. Un groupe en forme de USS Enterprise avec Matthew Bellamy dans le rôle de Spoke.
"On a pas peur de devenir les Monty Python de la musique actuelle" s'exclame Matthew Bellamy dans une grande partie des interviews, rappelant ainsi la thème de la seconde loi de la thermodynamique. Un album concept dans la même veine que The Resistance, qui lui rendait un vibrant hommage rendu au chef d'oeuvre de George Orwell. Ici, les thèmes de l'album gravitent autour du même sujet tout droit issu de l'esprit tourmenté de Bellamy : La Ruine, un état de Chaos déterminé, le dernier combat, l'Apocalypse pour tous. En ce sens, Muse réussit pleinement son coup, réalisant un album hautement outrancier tranché de riffs percutants (Supremacy), versant volontairement dans le rock symphonique burlesque (Survival) ou se baignant dans une étrange pop sentimentale plutôt niaiseuse (Follow Me).
Bien que le pari du groupe soit de réaliser un album dans l'air du temps (encore une fois avec l'Apocalypse prévue pour les mois prochains), de nombreuses sonorités aussi éclectiques se rassemblent au sein d'un album foncièrement étrange : Queen bien sur, mais aussi RATM aussi bien que Prince ou le déprimant Skrillex ! Dans un premier temps, l'album est une réussite en tout point, les multitudes d'influences qu'offre Bellamy au cinq premiers titres permettent d'émettre l'hypothèse que Muse peut encore battre de l'aile même si les contrats à gogo semblent les avoir cramés à la suite d'Origin Of Symmetry. Et c'est effectivement le cas, entre l'attachante deuxième partie de Madness, -prochain générique de Gossip Girl ?-, ou le formidablement kitsch Panic Station où Bellamy, en joue des tonnes divinement habité par Prince. Magnifique.
Le problème semble être alors le même que sur The Resistance. Depuis le magnifique Black Holes & Revelations, le trio ne réussit plus le pari de remplir un album concis, clair, et dompté d'une âme. The Second Law s'enraille presque aussi bien qu'il commençait. La faute à qui ou à quoi ? Les réponses ne sont pas là, peut être l'éclectisme d'un Matthew Bellamy définitivement trop gourmand. L'album nous berce alors dans ce que nous regrettons tous, la mélodie pacha et chiante. Bien que Chris Wolstenholme soit à l'origine de deux chansons (le radicalement chiant Save Me, et l'étrangement paumé Liquid State), le groupe semble le temps de 5 chansons d'un flagrant manque d'inspiration. Mis à part sur le très Radiohead Animals, dont la superbe production permet d'apprécier ce qui semblait être le revers malsain d'une claque musicale.
Et puis, comme si de rien n'était, le groupe revient avec son sujet phare du moment : le rock-symphonique. Toujours plus outrancier que jamais, les deux chansons concepts The Second Law sont bluffantes d'originalité. Presque avant-gardistes, le premier morçeau Unsustunaible s'attaque à la Dubstep dont Bellamy semble s'éclater comme un festivalier sous MD. Le ton et l'ambiance sont présents au sein d'une atmosphère toujours résolument proche de ses sujets, et le son est excellent. A croire que Muse semble s'être traîné eux-même dans 6 laborieuses chansons afin d'éclater au monde entier cette attachante fin, véritable motivation d'un nouvel album. Cette chute se termine avec l'exceptionnel Isolated System, qui sans aucun doute, prouve le talent, le génie, et la virtuosité de Matthew Bellamy.
13 Chansons, pour 11 ambiances différentes. The Second Law est un album éclectique, ne faisant pas forcément de lui un excellent album. S'éloignant de plus en plus de ses origines, Bellamy et sa bande embarqueront peut être sur un vaisseau spatial jouer dans l'espace. Car définitivement, ces gars là ont des idées venues d'ailleurs. La Possibilité d'une île ? Noooooon.