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The Battery de Jeremy Gardner

De nos jours on l'utilise à toutes les sauces. D'une manière si commerciale et puérile qu'il est devenu tout ce qu'il était sensé mépriser. Utilisé pendant sa plus grande époque comme une source à critiques, le voilà étiqueté et placardé aux rayons de Toys R Us. Lui même - et ce malgré ses facultés mentales peu développées - doit se soucier de cet incompétence cinématographique. Cet atroce manque d'ingéniosité massacrant le peu qu'il reste de lui. Je parle bien sûr du Zombie.

Outre l'apparition du nouvel Hollywood au début des années 60 - caractérisé par de nombreux cinéastes éclectiques via Scorsese ou De Palma - une autre bande de pots, moins connus, s'étaient bien tripés à jouer aux morts vivants. Les plus sceptiques et adeptes d'un cinéma cul-cul la praline rigoleront un bon coup. Laissons les faire. Car à l'époque où des idées novatrices du cinéma moderne étaient développées sous le modeste nom de "la nouvelle vague" en Europe, des petits cons du nom de Bob Clark et Romero vinrent de nul part. Un peu comme ces putains de morts-vivants par ailleurs. Véritable outil de narration et critiques de la guerre du Vietnam (Le Mort Vivant de Bob Clark), des relations humaines moderne / racisme (La nuit des Morts Vivants) ou de la société de consomation (Zombie : Dawn Of The Dead), le film de Zombie est devenu avec le temps un outil de cinéma plus commercial qu'artiste. Et surtout bien autiste. 


Tellement que celui-ci est utilisé à tort et à travers, parfois dans le bon sens du terme via l'ultra débile et rigolo Braindead de Peter Jackson (pour des essais cinématographiques débordants de conneries second degrées). Ou dans le mauvais sens du terme via le found footage toujours plus présent (1 DTV sur 2) ou via l'ultra commercial, stupide et supra-stéréotypé série TV The Walking Dead. Qui en plus de s'accorder le droit d'être réprésentant Number One du genre depuis quelques années aux yeux du grand public, détruit toute la subtilité du zombie : son univers, son ambiance et même sa raison d'être tant qu'on y est. (Je ne critique ici que l'adaptation télévisé et non le roman graphique de Frank Miller). Bref, une hérésie qui me fait personnellement chialer. 

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Bref et la solution vient généralement de là où l'on ne l'attend pas. Traitez moi de gaucho de merde, mais celle-ci vient souvent de l'outsider. D'un cinéma qu'aujourd'hui n'appartient qu'à un seul territoire - et cet franchement surprenant - : les Etats-Unis. Celui-ci depuis quelques années s'est diversifié et intensifié via un bouillonement culturel pour la mise en scène amateur et un poil underground. Bellflower reste un magnifique exemple, relevant tous les codes du cinéma post-apocalyptique pour y réaliser une histoire d'amour auto-destructrice avec un budget faramineux de 17.000 dollars. Soit les économies du réalisateur sur 4 ans.
 

The Battery - venons en quand même - est la descendance directe de Bellflower : prenez une bande de pots, des idées, de la culture pop et cinéphile, une caméra, deux trois accessoires, du maquillage et réalisez un film culte. Et un peu de script quand même. Car aussi bizarre et stupide que celà puisse paraître, mais réaliser un film culte de nos jours ne coûte que 5.000 dollars. C'est ce que Jeremy Gardner s'est mis en tête pendant 15 jours de tournage avec ses proches afin de mettre en scène son premier film. Et sans le savoir, l'une des peloches les plus originales du cinéma de genre. Ni plus, ni moins. Après coups, il est toujours difficile de croire qu'un tel film n'a coûté en réalité que quelques milliers de dollars. 

Car The Battery possède toute l'ambiance du film de zombie lambda, celle du survival. Survivre pour mieux réussir. Nan je déconne. Simplement, The Battery possède une chose qu'aucun film du genre n'avait réussi à insuffler au sein d'une oeuvre aussi vu et revue que celle du monde post-apocalyptique : replacer l'homme et sa profonde humanité au sein de l'oeuvre sensée être horrifique : take that mother fucking Walking DeadThe Battery raconte l'histoire simple de deux anciens joueurs de Baseball professionnels, qui faute de ne pas rencontrer d'autres humains sur leur route (suite à une invasion de zombies qui restera inexpliquée pour notre plus grand bonheur) sont amenés à rester ensemble afin de survivre le plus longtemps possible. Mais le fait est que ces deux personnes se détestent. Pots trois minutes, puis meilleurs ennemis trois minutes plus tard. Une relation supra bi-polaire avec des zombies autour, rien de plus normal. 

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Le génie de The Battery provient de son ton réaliste : humaniser ses personnages et continuer la vie malgré les évènements. Amenés à vivre depuis si longtemps que le comportement humain a repris le dessus sur la peur. La jalousie sur la survie, l'amitié sur la haine. A tel point les protagonistes ont finalement compris que vivre ensemble -malgré leurs différents- reste le seul échappatoire afin d'éviter la folie. The Battery possède l'incroyable don d'insuffler une portée à la fois tendre mais surtout dramatique au sein d'un univers trop longtemps battus par les stéréo-types en tous genre aux contenus hyper conventionnels.

Outre les parfaites interprétations (pourtant non professionnelles...!) des acteurs, le film possède une véritable lumière (magnifiquement utilisée via les paysages saisissants du Kentucky), une véritable ambiance (via l'utilisation d'une musique pop folk lors d'instant musicaux ne lorgnant jamais trop près des pubs hipterisantes Levis), et surtout d'une idée à la seconde. Certainement nées pour la plupart de l'esprit de Gardner, The Battery ne raccroche jamais sur les idées scénaristes, sur les easter-eggs, les situations improbables, les dialogues inadaptés à un tel genre....D'une simplicité accablante -en apparence- Gardner ré-écrit simplement en deux heures l'histoire d'un genre. Certains y viront le Shotgun Stories du film de Zombie.

Face à tant d'ingéniosité et d'originalité, The Battery se termine sur une incroyable scène d'une demie heure à l'intérieur d'une voiture. Preuve que Gardner possède un véritable don de mise en scène, de scénariste (via sa magnifique chute) et de dialoguiste à la fois. A tel point que les codes sont alors renversés dans un dernier acte à refroidir ceux que l'on croyait humains...

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Le premier essai de Gardner est littéralement un film culte. Peut-être que les auteurisants défenseurs d'un cinéma cul cul la praline diront le contraire. Mais pour son budget, son idée principale, son ambiance, ses acteurs, son réalisme, ses hallucinants dialogues ou pour son incroyable dosage de style. The Battery se classe comme un film dramatique dans un univers magnifiquement horrifique, jouant et retournant les codes du genre. Et ce, tout en respectant ses ainés, et ce bien que les lardons n'ont pas chômé sur les zombies (comprenez, on en voit un paquet quand même). Preuve ultime : le film n'est ni gore, ni violent ou sanguinolant.

"Un film de zombie sans sang ? Sans tripes ? Mais nan, dans The Walking Dead y'a toujours des...". Ferme ta gueule.

Bref, sans jeu de mot et pour faire court, un film à voir avant de mourir. 

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Extrait de la bande sonore de The Battery : Oui, c'est difficile d'imaginer un film de zombie dramatique sur cette musique. Donc foncez. 

https://www.youtube.com/watch?v=x8Nsol_oWy0