Death Sentence de James Wan
On s'en souvient encore, le jeune James Wan nous avait couper les cordes vocales il y quelques temps avec Saw. Une franchise qui avait divisé la critique en deux à l'époque. Certains criaient au digne héritier des films Noirs à la Seven, d'autre, pensait que Saw était juste une très bonne série B. Quoi qu'il en soit, cette excellente réussite avait donc engendré et engendrera des suites plus inutiles les unes que les autres, aux titres racoleurs et faisant offices "D'accroche du pauvre" du style "Résurrection" ou encore, faisant la promos de la bonne nouvelle et non vieille 3D. Il serait en fait plus simple de résumer le premier Saw par les mots du fantastique Christophe Le Maire de Mad Movies : " Si, comme nous, vous êtes vannés par tous ces thrillers "copy-cat" jamais remis du traumatisme post-Seven et que, comme tout bon fan de genre, vous piétinez d'impatience à l'idée de manger une bonne claque qui remue les tripes et excite votre imaginaire déviant, alors Saw est LE film qu'il vous faut. " Thriller hyper paranoiaque racontant l'histoire de deux types lambda bloqué dans une cellule, le seul moyen étant à l'un de tuer l'autre, ou de se couper la cheville dont ils sont attachés pour s'en sortir. Rappelant Le final Hallucinant de Mad Max premier du nom ( dont la référence est nette ). Le tout étant dicté par une voix à se chier dessus en l'écoutant.
James Wan proposa alors en 2008 un projet bien à coeur, avec lequel il pouvait se payer un acteur de seconde zone après son huit clos fascinant et maintenant culte Saw. Le premier Rôle revint alors à Kevin Bacon, non pas le petit fils de McDonald, mais plutôt le type qui a aussi bien joué dans le moins bon Verhoven Hollow Man, ou dans le très salué par la critique Mystic River d'Eastwood tiré du bouquin de Mr Shutter Island, Denis Lehane. Où Bacon était juste impeccable dans cette énième histoire de réconciliation de Monsieur Eastwood. Death Sentence de James Wan comme son nom l'indique reste alors le fruit d'une série B, achevé par un marketing pauvre qui ne lui valu pas le succès historique de Saw. Plus de moyens, mais au final, un film radicalement différent proposé par James Wan. Ce jeune réalisateur, dans la veine du duo Tyler / Nevelmine proposait alors le mix sympa entre la connerie de Base US, et un drame à la James Gray sans la finesse de ce dernier, le tout au sein de pavillons bobos Américains.
Death Sentence est alors pris comme une série B d'une part pour son scénario, plaisir coupable. Un homme d'affaire, riche, et qui vit à pleine balle sa vie de famille heureuse, voit un jour son fils se faire atrocement assassiné par le bleuet d'un gang. La justice n'étant pas assez stricte, l'homme passe alors à sa propre Justice. Voilà comment l'on pourrait résumer ce film de James Wan, qui par son oeil averti pour les thrillers du même genre porte sur ses épaules ( au sens propre du terme ) le meilleur point du film. Lardant de Travellings, plans perches ou caméra à l'épaule bienvenues, James Wan s'éclate littéralement à filmer cette histoire réchauffé de l'histoire du cinéma ( Genre un justicier dans la ville du Bronson ). Le point culminant venant certainement à un plan séquence doublé d'une caméra au point sur une course poursuite à pied dans un garage totalement hallucinante. Scène à rendre fou les machinistes derrière la caméra. Ne bénéficiant pas d'un très bon marketing, le film a donc été un certain échec commercial, et sera plutôt remarqué à sa sortie en DVD, plus franche.
Wan filme un drame émotionnel Américain post 11 Septembre, mais s'éloignant tout de même des clichés du même genre au maximum, bien que le film soit mutilé d'une part, par son regrettable doublage, faisant diminuer la crédibilité du film comme dans bon nombres d'oeuvres cinématographiques ( disons le, presque tout le temps ). Même si le film veut s'éloigner des clichés ( c'est clairement identifiable ), le film reste meurtri par son montage bien trop mélo, portant Kevin Bacon dans un rôle type, ce qu'il n'aurait pas du être. La plupart des compositions étant elle aussi mutilées par le doublage et le montage sonore parfois nuisant du film. Et Même si tous les acteurs ne sont pas franchement à la hauteur, bien que jouant à fond le jeu de la série B, l'enchainement imprévisible et totalement épileptique des scènes rajoute à ce film un peu de sang frais, bercé par une BO parfois jouissive ( genre Young Men Dead des Black Eagles ).
Ainsi pour Mad Movies, encore eux, "Death Sentence mérite incontestablement sa place au panthéon du cinéma qui frappe fort dans l'estomac." Peut être, mais Death Sentence reste surtout un film au final décevant de James Wan qui au lieu de réaliser une oeuvre old school et fort sympatique sur les liens familiaux, réalise en fait, un de ces prototypes US qui passeront en seconde partie de soirée le Dimanche soir sur M6 Ou en première partie de soirée sur NT1. Le montage étant certainement le point noir du film. Car bien que celui ci soit raté, une certaine référence cinématographique s'imprègne des films de Wan, aussi bien Taxi Driver pour le sociopathe rasé que devient Bacon dans une dernière scène plutôt frappante. Ou encore, le Justicier dans la ville de Bronson. Mais surtout, Death Sentence, tout comme Hyper Tension ( bien que Death Sentence soit bien en dessous du niveau du meilleur Statham ), est un clair hommage au jeux vidéos bandants et totalement jouissifs qu'était Max Payne. Une famille tué, une vengeance amer et personnelle du principal protagoniste.
Pour résumer, Death Sentence reste une décevante production de James Wan, mais sur qui l'on peut compter pour un final aussi hallucinant qu'était Saw. Bacon bien que plutôt bon, n'arrive pas à porter sur ses épaules, un bon film. Là où le film peut satisfaire reste les plans de Wan, ou bien encore, l'homme frappant au jeu vidéo, et au shooting game. La série B ne frappe pas dans l'estomac, mais comme on le dit, les mauvais films peuvent parfois faire des série B distrayantes, voir bonne. Death Sentence en est le résultat mitigé.