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Dredd de Pete Travis

Après l'impardonnable erreur de Sylvester Stallone et de Danny Cannon en 1996 pour la première adaptation de ce légendaire comic-book, il était censé d'admettre qu'une simple réadaptation d'un réalisateur lambda aurait suffit à conclure sur un chef d'oeuvre. Même Uwe Boll. Voir un remake Bollywoodien où Dredd se serait improvisé danseur au milieu d'un temple. L'oeuvre originale étant simplement d'une débilité absolue, aux allures de play-mobils 80's jouant aux flics massacrant gratuitement l'ensemble de l'univers lié au roman graphique -surplombé d'un lamentable humour gras-. La brillante idée a alors germé des esprits un poil Candide de Alex Garland et Andrew Mcdonald. Tellement brillante que le choix de la réalisation s'est porté sur Pete Travis, auteur du bordélique et navrant Angles d'Attaques, qui après une telle dérouillée de la critique ne pouvait que s'atteler sur une oeuvre où son nom serait aussitôt oublié. 

Bref, la mission n'était pas simple pour Travis. Renaître de ses cendres demande toujours un certain degré de réflexion. Se faire justice à sa façon quelque part. On aurait jamais parié sur une réussite cinématographique, encore moins sur une oeuvre fidèle au comic-book.. Et pourtant les tweets lancés par ce Pete Travis promettaient que du bon : "Il y aura du sang, de la baston, et de la justice !" Le public n'en demandait pas plus ô grand manitou cinéphile. On pouvait s'estimer le droit de lui rire au nez, candides que nous sommes. Et pourtant le fait est que Dredd est une réussite, à différents degrés, qui ne laisse jamais de marbre pour le commun des mortels : soit on prend son pied, soit c'est clairement bidon. 

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Instantanément le décor est planté : Mega-City, ville de débauche et de pochards n'est qu'un sombre guetto loin de l'univers futuriste imposé par Cannon dans son adaptation. Car à quoi bon développer la technologie d'une civilisation après une guerre nucléaire qui a conduit au chaos (Coucou Mad Max) ? Pas bête la guêpe. Loin de s'attarder sur des détails inutiles (du genre Dredd dort, boit, chie et mange), Travis plaque tout de suite le monde de Mega-City dans un univers sensiblement proche du notre. En posant quelques thèmes électros formidablement pensés par Paul-Leonard Morgan. Certains évoqueront un manque de moyens, un mal pour un bien, tant le spectateur se retrouve projeté dans une Afrique du sud type apartheid. Le film évoque immédiatement l'univers noir et sanglant sans pour autant s'emmerder à donner X raisons à cette guerre nucléaire. Bravo !

L'oeuvre s'impose alors au bout de quelques passages comme une série B pure et dure. Loin de toutes lamentations de producteurs souhaitant une interdiction au moins de 12 ans, Travis se fait une joie immense d'asperger l'écran de hémoglobine, de cranes fracassés. Car si l'on revient aux sources, Dredd n'est caractérisé que par la justice, et la violence. Dredd se contemple alors rapidement comme une série B pas franchement débile lorgnant du côté des films de Carpenter à ses débuts. Comprenez, on fait un truc dont on a pas les moyens, mais on évite le second degré. A la manière de The Raid (dont la comparaison semble inéluctable), Dredd est un immense jeu vidéo finalement subtilement abordé qui joue clairement sur ses codes tout en accentuant sur une fraîcheur visuelle pour une production de ce calibre.

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Travis s'empare malheureusement du visuel de certaines oeuvres semblables au même stade le semi-bâtard Max Payne, et manque de moyens oblige (le film a eu des coupures budgétaires, certainement lorsque les producteurs se sont rendus compte que Travis dépeçait des junkies dans son adaptation) beaucoup d'arguments prennent la défense du metteur en scène. S'évertuant clairement à déposer une oeuvre supra-violente mais pensée. Quand à Dredd, son caractère monolithiste qui ne parle que de lois et de jugements (ce type a définitivement un discours objectif) est tout simplement grandiose, formidablement interprété par cette grande gueule de Karl Urban (car on ne verrait jamais ses yeux et son front !) qui commente de sa voix de fumeur chacune de ses actions : "fight", "reload my gun", "I'm ready". 

Familiarités obligent, Dredd s'essouffle certainement au bout d'une petite heure, mais qui jusqu'au ne prend pas son spectateur pour un débile. Ce qui est assez remarquable dans ce genre d'essais. L'humanité inexistante du film est interprétée alors une mutante (choix facile mais respectable), Dredd ne montrera jamais son visage, ne parle jamais et surtout n'est pas invincible comme pourrait le croire Rocky. Autant de choix de la part de Travis qui font de son film un divertissement qui se tord à essayer diverses combines pour y trouver un public des plus larges au sein d'une problématique minimaliste (et immensément bourrine) Dredd est une putain de belle surprise, si et seulement si, l'oeuvre est regardée comme t-elle : une série B modeste répondant à souhait aux exigences du genre. Qui logiquement n'a jamais vu le jour au cinéma du pays des lumières. Sinon, et bien passez votre chemin, mais le jugement sera irrévocable. 

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