Mes-50-cercles

Mischief, Mayhem, Soap.

Jeudi 16 janvier 2014 à 17:53

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John Dies At The End de Don Coscarelli

 

On cherche tous à posséder une bonne excuse pour prendre de la drogue. Qu'elle forme soit-elle, l'amour, la musique, les produits. Surtout les produits. Très généralement orchestrés de dynamite par le commun des mortels, elle sert d'inspiration à de nombreux musiciens maintenant pour la plupart perchés non loin de St-Pierre, ou sur un bout de lune. David Wong admet quand à lui que celle-ci permettrait de sauver le monde. Non pas que la prise de substance illicite soit remarquable pour sauver les peuples les plus démunis ou contrer la crise et emmerder les banquiers de la planète. Non. Selon David Wong, la drogue ouvre des portes vers l'inconscience la plus extrême possible. Loin de tout aspect physique, mais au gré des dimensions parallèles non visible par ce même commun des mortels.

En gros, nous sommes attaqués par des monstres, prenez de la drogue pour les voir.

C'est sous cette dynamique que né en 2007 le roman John Dies at The End. Publié sous forme de feuilletons de l'arrache sur un site internet, la mini-série prend alors les chemins de l'édition sous l'été 2008. A ce même moment, Don Coscarelli, cinéaste sous-estimé et indépendant (comprenez, « ne pas me faire chier, je fais ce que je veux. #jepisseàlaraiedhollywood ») se voit télécharger le bouquin au hasard sur Amazon. Jackpot pour 10$, Coscarelli achète les droits dans la même soirée où il finit le livre. Son auteur : David Wong. Subtile mise en abîme du personnage principal du livre se cachant son nom sous celui du caractère. Sacré Dave.

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John Dies At The End est un livre à part. Ce qui invoque un film ailleurs. Éloigné de toutes linéarités communes et radicalement fiévreuses, son aventure semi comique/horrifique prend les traits de David Wong. Un type à la ramasse qui ne comprend pas ce qui se passe au jour le jour. Le malheureux et son meilleur ami John (un type de loin plus perché que David) sont alors confrontés (non pas de force mais de gré pour l'un d'eux) à la Joy Sauce. Source de délire optique et visuel, et de contemplation de grillages ferroviaires. Soit la drogue la plus puissante jamais réalisée, ouvrant des tunnels vers l’exploitation de dimensions parallèles dont les deux geeks sont alors immortalisés comme étant les sauveurs de ces mondes perchés à l'instar de leurs aînés. Sans le savoir, et sans le vouloir, voilà les nouveaux Bruce Willis du pauvre sauveurs du monde.

Quoi de plus simple après un coup de seringue ?

Dans cette optique, Don Coscarelli y voit un film dont il serait presque impossible de parler tant le sujet est disloqué, et que la narration du roman est oblique. Réalisateur du chef d'oeuvre le plus certainement ignoré de ces 15 dernières années - magnifique Bubba HoTep – Don Coscarelli réalise un film entre Une Nuit en Enfer et Human Traffic. Prônant le fantastique à l'absurde, le comique à l'horreur sanguinolente. Véritable jouissance artistique pendant 1h30, John Dies At The End (mis à part spoilé la fin dès le titre) part en vrille continuellement. Et c'est une réussite totale, dont peu auraient parié sur la nature finale du produit.

Explications droguées...détaillées.

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Tout d'abord l'exploitation de l'inconscience dont fait preuve Coscarelli, honorant jusqu'au dernier détails les volontés de Wong (poignet de porte en forme de sexe, ou la chute finale absurde et hallucinante). La mise en scène de Coscarelli, détaillée et s'adaptant aux prises de drogue, est sans doute l'un des excellents points de John Dies At The End. Ne prenant jamais de parti sur les effets de la drogue (en aval) Coscarelli se contrefout de cette démagogie embarrassante pour ainsi n'extirper que de dialogues complètement décalés et surprenants au possible. Shooté à la steady-cam la plupart du temps, le spectateur est alors immédiatement transporté (au sens propre et figuré) dans ce western horrifique jamais très éloigné de Fantômes contre Fantômes (en mieux, désolé Peter...)

Endossé par deux brillants acteurs que malheureusement nous ne serons pas prêt de revoir, John Dies At The End assume tous ses côtés cheaps et low : monstre fait de saucisses en animatronique, nihilisme profond du sujet, dialogue absurdes et relativement cons mais profonds, effets spéciaux méga cheaps et beauf..Le retour en grâce de Don Coscarelli fait plaisir, et promet une suite de Bubba Ho-Tep méchamment bandante à la jouissance des premières fois. Car John Dies at The End ne s'arrête pas au simple fait qu'il soit nihiliste de bout en bout. Le film peut s'apparenter à une énorme prise de confiance de deux attardés de la vie cachant un mal-être. Coscarelli prend le bon choix de ne pas s'attarder tant de temps sur ce sujet pour se déchaîner dans une déferlante d'idées toutes les plus abusives qu'inventives.

De quoi plaire à un lecteur de Mad Movies, de quoi emmerder un lecteur des Cahiers du c[hi]énima, telle est la vie, tel est le cinéma. Et lorsque le cinéma prend cette forme, c'est dans mon pontalon (et peut-être le vôtre) que l'apocalypse se joue et se dénoue...Hum.

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Mercredi 15 janvier 2014 à 14:45

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Dig ! de Ondi Timoner

L'essence du Rock des années 90 est souvent présentée par de divers groupes aux styles variés au possible qui ont tous plus ou moins implosés ou explosés au sein de ce nouveau choc musical. Nirvana, Rage Against The Machine, Soundgarden, Noir Désir, NIN, Bloody Valentine et Indochine. Non je déconne. Bref pour les plus connus et chanceux d'entre eux. D'autre ont forcé le destin -"trop intelligent pour être célèbre" comme dirait Jonathan Poneman fondateur de SUB POP, immense label indépendant et ex-fouteurs de merde qui berça du fond des chiottes Green River pour en faire l'immense Mudhoney. Dans ce style on pourrait citer Les Thugs bien sûr avant toutes choses. Mais aussi un groupe clairement venu d'ailleurs et outrancier au possible : The Brian Jonestown Massacre.

A l'instar de son nom improbable (né d'un mix de Brian Jones des Stones et du massacre de Jonestown), le groupe est l'essence même de la musique moderne. D'une maturité et d'un éclectisme beaucoup trop rare : les Stones Roses, Black Rebel Motorcycle Club, Bob Dylan, Love et les Blackbyrds filtrent avec cette identité unique qui font aujourd'hui les BJM un des groupes les plus...reconnus mais inconnu du grand public. Dig ! de Ondi Timoner (oui car venons en un moment) en montre toutes les facettes, les plus blanches, comme les plus cradingues et écoeurantes de ce groupe de perchés. Littéralement perchés sur la lune, pieds pataugeant dans la cocaine et les seringues tremblotantes. Une descente aux enfers tandis qu'un autre groupe de musique -leur meilleur bande de pots- commence à s'envoler pour le nirvana de la réussite artistique et commerciale. Leur nom : The Dandy Wahrols

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Dig ! est donc l'oeuvre de six années de deux bandes de pots, de jalousies, de gestes et de paroles irréversibles, d'attitudes rock'n'roll mais malfaisantes, de musiques, et surtout d'une reconnaissance éternelle malgré les maux et les mots. Dig ! est l'essence du rock même, une véritable fresque à base de dopes, de notes et de coups au cours d'une palpitante odyssée d'un groupe aujourd'hui mondialement reconnu et de la plongée préméditée d'une autre bande de pots. Anton Newcombe est ce génie impopulaire des BJM. Courtney Taylor est ce branleur reconnu et talentueux compositeur des Wahrols. A travers les années le spectateur est ainsi embarqué dans cette "révolution musicale" qu'Anton Newcombe laisse entendre dès les trente premières minutes du reportage. Deux groupes d'amis souhaitant embarquer l'essence du rock pour réaliser ce que personne n'avait fait depuis les Beatles et les Stones. Et au final un duel à la Blur-Oasis ? La réalité est toute autre et unique.

Paroles de Junkie ou pas, Dig ! tire rapidement un trait sur la prise de point de vue. D'une part via le génie d'Ondi Timoner, ne focalisant non pas son film sur la réussite de Wahrols pour laisser imaginer que Newcombe se drogue et salope sa carrière par jalousie et détresse. Le point de vue est ainsi d'une objectivité rare via la voix de Courtney Taylor, narrateur du film, où pourtant les Wahrols sont les derniers innocents de la planète selon les paroles des membres de BJM et la caméra de Timoner. Une déchirance musicale et amicale durant laquelle la caméra de Timoner virevolte aux quatre coins du mondes, des premières arnaques frauduleuses réalisées aux Dandy Wahrols, aux concerts foireux et détraqués de BJM, bastons de bourrés, aux rails de cocaine larmoyant sur les tables basses, aux festivals du monde entier, aux concerts devant 10 alcooliques communistes. Un documentaire à la trajectoire finale proprement hallucinante.

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Filmant les plus mauvaises heures des BJM comme un Natural Born Killers (Tueurs Nés), alternant plans de Go-Pro précurseurs, noir et blanc, filtres 16mm ou Super 8 ou de couleurs nauséabondes. Il semble par ailleurs que la réalisatrice semble s'être faite effacer de l'entourage depuis la sortie du film. Ultime facette utopique de deux rockeurs branleurs coincés dans deux époques différentes (les deux meneurs sont tout simplement d'immenses grandes gueules clamant leurs génies haut et fort. Et surtout celui de leur rival par dessus-tout...), c'est surtout Anton Newcombe qui est filmé sous toutes ses coutures. Ses pétages de câbles, ses bastons, son physique se dégradant, et cette volonté de vouloir être l'indépendance en chair et os.

Indépendance incroyablement capturée mais aussi porteuse des malaises les plus malpropres d'une vie d'humaine lambda. Indépendance qui finira toujours par se comparer paradoxalement aux Dandy Wahrols. En d'autres termes Dig ! est un immense reportage sur l'amitié, la rupture, la haine, la semi-mort, et la rédemption. Un film de rock oui, un film rock, oui aussi, un grand témoignage d'une époque et d'une idéologie réellement utopique.

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Jeudi 5 décembre 2013 à 15:37

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Dead Man's Bones Album
 
Il aurait été sombrement crétin d'écrire Dead Man's Bones de Dead Man's Bones. Album éponyme alors qu'est cette franchise organisée par Ryan Gosling -oui le blondinet à qui tout réussi car il faut dire qu'il mérite le gaillard- et Zack Shields. Une confrontation americano-canadienne dans laquelle les deux hommes se sont lancés en 2011 avec la sortie de l'unique album (pour le moment) de ce groupe aussi macabre que vivant. Explications sur le risque, le style, et les choix administrés par ce duo réellement improbable.

Dead Man's Bones, avec son titre tout droit sorti d'un film d'épouvante (ou pas Dead Man's Shoes). Ode au sombre, aux cloches d'enterrements et aux rires sataniques, cette pépite raffole de tous les désirs macabres que peut se procurer un mélomane ivre d'indépendance (certes un poil poussée par moment) et de nouveautés ivres en inspiration. Quand on sait que le ratio acteur/chanteur ou pire chanteur/acteur est littéralement désastreux (non il faut admettre que Rihanna dans sa grotesque bataille navale sur écran était formidable) on peut admettre le fait d'avoir peur avant de se jeter sur l'album du meilleur acteur du moment. Toute objectivité est maintenant écartée, Gosling sillonne les écrans depuis maintenant deux ans enchaînant deux ou trois voir quatre chef d'oeuvre en un temps record. Ou pas du tout pour les récalcitrants parmi-nous. Shame on you ô mal-compris de la vie.


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Aux ombres de ces tableaux noirs se révèlent parfois des surprises, des gens accomplissant des merveilles en tout genre. Loin du fardeau de l'acteur/chanteur intraçable et casse-couille sur pattes, Gosling et son pot Shields nous accompagne au cours d'une pépite de 12 chansons loin des clichés du genre. Se détachant de tous stéréotypes à l'endroit le plus improbable que l'on puisse imaginer. Celui de l'acoustique soufflant le rythme d'une batterie crasse et desséchée, des voix les plus simplistes et à l'univers sombre et gothique immortalisant alors tout de suite un style de musique qu'on avait pas effleuré depuis certaines pistes du magnifique Low Estate de 16 Horsepower.

Car si Dead Heart comme son nom l'indique est minimaliste et orgasmique via sa profondeur lyrique, la plupart des autres morceaux résonneront comme un mix étonnant de fluidité, de rythmiques ventant le talent de ces deux jeunes gens, et surtout via l'interprétation théâtrale des morceaux. Normal vous me direz, l'un d'eux est un putain d'acteur. Chantant tel un fantôme, respectant l'opéra-rock dans lequel les deux musiciens semblent s'être lancés : Dead Heart rappelle le bruit du coeur s'enraillant, My Body's a Zombie For You évoque les funérailles d'un corps dans le clappement des mains macabres, le chant d'enfants en arrière plan, les lourdeurs de la percussion, et la tristesse enraillée de Gosling. Magnifique de mélancolie, l'album continue de rayonner via sa fidélité à ce thème lourd et poussiéreux.


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Question
production, la merveille viendra de l'idée absolument novatrice dans lesquels les deux mélomanes se lancèrent : trois pistes de musiques, obligation de jouer tous les instruments même ceux dont ils ignorent l'usage, pas d'amplifications...Un véritable Dogme à la Vinterberg/Trier complètement hallucinant poussant à comprendre l'univers si déployé et orgasmique de cet album, rayonnant de noirceur, et sombre de vie. De ce point de vue nul sans doute que l'on lorgne du côté d'Arcade Fire et de son Funéral. En mode "sa bite et son couteau" mais au son crassouillé, bordélique, noir, mais en vain, d'une profonde sincérité, et musicalement incalculable.

Gosling réussit son pari haut la main. Comme si tout était définitivement trop simple pour lui. Car la vie semble parfois apporter des corridors de lumières à certains sujets de l'espèce humaine, Gosling en profite pour déterminer à quel point le bonhomme et son ami Zack Shield ont eu la volonté de prendre le monde (ou plus les connaisseurs, stop les enflammades) à contre-pied. Purifiés, les deux musiciens nous consacrent un album d'une audace rare. A des années lumières des productions les plus enflammées et les plus parfaites de l'ère de la musique, l'album de Dead Man's Bones est une ode à la musique funèbre d'un halloween musical vibrant aux rythmes de tambourins, de clappements de mains, de guitare sèche et souffleuses. Pari dans lequel les deux membres semblent avoir mis corps et âmes pour nous conduire vers les sentiers inconnus de la musique sauvage. 

 

Mercredi 10 avril 2013 à 17:32

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Dredd de Pete Travis

Après l'impardonnable erreur de Sylvester Stallone et de Danny Cannon en 1996 pour la première adaptation de ce légendaire comic-book, il était censé d'admettre qu'une simple réadaptation d'un réalisateur lambda aurait suffit à conclure sur un chef d'oeuvre. Même Uwe Boll. Voir un remake Bollywoodien où Dredd se serait improvisé danseur au milieu d'un temple. L'oeuvre originale étant simplement d'une débilité absolue, aux allures de play-mobils 80's jouant aux flics massacrant gratuitement l'ensemble de l'univers lié au roman graphique -surplombé d'un lamentable humour gras-. La brillante idée a alors germé des esprits un poil Candide de Alex Garland et Andrew Mcdonald. Tellement brillante que le choix de la réalisation s'est porté sur Pete Travis, auteur du bordélique et navrant Angles d'Attaques, qui après une telle dérouillée de la critique ne pouvait que s'atteler sur une oeuvre où son nom serait aussitôt oublié. 

Bref, la mission n'était pas simple pour Travis. Renaître de ses cendres demande toujours un certain degré de réflexion. Se faire justice à sa façon quelque part. On aurait jamais parié sur une réussite cinématographique, encore moins sur une oeuvre fidèle au comic-book.. Et pourtant les tweets lancés par ce Pete Travis promettaient que du bon : "Il y aura du sang, de la baston, et de la justice !" Le public n'en demandait pas plus ô grand manitou cinéphile. On pouvait s'estimer le droit de lui rire au nez, candides que nous sommes. Et pourtant le fait est que Dredd est une réussite, à différents degrés, qui ne laisse jamais de marbre pour le commun des mortels : soit on prend son pied, soit c'est clairement bidon. 

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Instantanément le décor est planté : Mega-City, ville de débauche et de pochards n'est qu'un sombre guetto loin de l'univers futuriste imposé par Cannon dans son adaptation. Car à quoi bon développer la technologie d'une civilisation après une guerre nucléaire qui a conduit au chaos (Coucou Mad Max) ? Pas bête la guêpe. Loin de s'attarder sur des détails inutiles (du genre Dredd dort, boit, chie et mange), Travis plaque tout de suite le monde de Mega-City dans un univers sensiblement proche du notre. En posant quelques thèmes électros formidablement pensés par Paul-Leonard Morgan. Certains évoqueront un manque de moyens, un mal pour un bien, tant le spectateur se retrouve projeté dans une Afrique du sud type apartheid. Le film évoque immédiatement l'univers noir et sanglant sans pour autant s'emmerder à donner X raisons à cette guerre nucléaire. Bravo !

L'oeuvre s'impose alors au bout de quelques passages comme une série B pure et dure. Loin de toutes lamentations de producteurs souhaitant une interdiction au moins de 12 ans, Travis se fait une joie immense d'asperger l'écran de hémoglobine, de cranes fracassés. Car si l'on revient aux sources, Dredd n'est caractérisé que par la justice, et la violence. Dredd se contemple alors rapidement comme une série B pas franchement débile lorgnant du côté des films de Carpenter à ses débuts. Comprenez, on fait un truc dont on a pas les moyens, mais on évite le second degré. A la manière de The Raid (dont la comparaison semble inéluctable), Dredd est un immense jeu vidéo finalement subtilement abordé qui joue clairement sur ses codes tout en accentuant sur une fraîcheur visuelle pour une production de ce calibre.

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Travis s'empare malheureusement du visuel de certaines oeuvres semblables au même stade le semi-bâtard Max Payne, et manque de moyens oblige (le film a eu des coupures budgétaires, certainement lorsque les producteurs se sont rendus compte que Travis dépeçait des junkies dans son adaptation) beaucoup d'arguments prennent la défense du metteur en scène. S'évertuant clairement à déposer une oeuvre supra-violente mais pensée. Quand à Dredd, son caractère monolithiste qui ne parle que de lois et de jugements (ce type a définitivement un discours objectif) est tout simplement grandiose, formidablement interprété par cette grande gueule de Karl Urban (car on ne verrait jamais ses yeux et son front !) qui commente de sa voix de fumeur chacune de ses actions : "fight", "reload my gun", "I'm ready". 

Familiarités obligent, Dredd s'essouffle certainement au bout d'une petite heure, mais qui jusqu'au ne prend pas son spectateur pour un débile. Ce qui est assez remarquable dans ce genre d'essais. L'humanité inexistante du film est interprétée alors une mutante (choix facile mais respectable), Dredd ne montrera jamais son visage, ne parle jamais et surtout n'est pas invincible comme pourrait le croire Rocky. Autant de choix de la part de Travis qui font de son film un divertissement qui se tord à essayer diverses combines pour y trouver un public des plus larges au sein d'une problématique minimaliste (et immensément bourrine) Dredd est une putain de belle surprise, si et seulement si, l'oeuvre est regardée comme t-elle : une série B modeste répondant à souhait aux exigences du genre. Qui logiquement n'a jamais vu le jour au cinéma du pays des lumières. Sinon, et bien passez votre chemin, mais le jugement sera irrévocable. 

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Jeudi 14 février 2013 à 16:07

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Gangster Squad de Ruben Fleischer

       Un bon film possède -dans certains cas- de bons atouts avant la bataille visuelle au sein de la salle glauque. A savoir d'une part, une affiche potable. Ce qui n'est nécessairement pas le cas avec Gangster Squad. Lorgnant plus dans le visuel du jeu-vidéo et pompant misérablement LA Noire, chef d'oeuvre interactif. Will Beall est un scénariste inconnu qui a bossé un temps pour l'absurde série Castle. Et Ruben Fleischer reste sur un flagrant échec suite à son sympathique parodie Bienvenue à Zombieland (merci ô les décideurs pour la traduction niaiseuse). Mais, Gangster Squad a fait beaucoup parler de lui avant même son tournage. Gosling, Penn, Brolin, Pena, Nolte, Robert Patrick (le méchant de Terminator 2 merde !) et la ravissante et foncièrement excitante Emma Stone partagent l'affiche de ce film de Gangsters. Mais comme on peut généralement le savoir, le matériel ne fait jamais le musicien...

       Se voulant proche de la réalité et relativement "vrai" -les américains adorent l'idée de se baser sur des faits réels ce qui ajoute en cool attitude- Gangster Squad peut exciter n'importe quel adepte de la branlette du stop motion. A savoir, de la castagne abrutissante et des coups de feux épileptiques. Le film n'est qu'en réalité un Shoot Them Up foncièrement traumatisant. Ruben Fleischer n'est en effet pas un réalisateur né, mais ses premiers travaux ont pu valoir le coup en juxtaposant derrière un semblant de sériosité, un véritable sens de l'humour politiquement moyennement correct. Mais ici, il n'est pas question de rigoler à la vue des ridicules trognes que peut tirer Sean Penn -comprenez "attention je suis le méchant! je suis pas content!" à chacune de ses apparitions- pendant près de deux heures qui renvoient simplement au pire du cinéma d'action Américain.

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       Gangster Squad ne se rapporte qu'à trop peu de moments aux quelques chef d'oeuvres dont il souhaite être les moteurs et références, à savoir Les Incorruptibles de Brian De Palma et surtout l'explosif LA Confidential, film trop souvent sous estimé. D'une part, l'univers dont Fleischer souhaite nous garnir : paillette, coke, et luxure. Qui rappel en réalité d'autant plus le festival de Cannes, que les années 40. Cet univers en carton (malgré de somptueux décors) est trop souvent éradiqué par une photographie dénudée d'âme, et par un manque de réalisme flagrant. Le film se rapproche dans un premier temps du jeu vidéo made in Rockstar Game. D'où peut-être son horrible affiche...Où la cavalerie ne comprend pas honnêtement ce qu'il est en train de se passer, lisant pupitres à portée de main leur rôles.

       Revenons en à Will Beall, qui s'inspirant du bouquin de Paul Libierman (le film s'inspire donc d'un bouquin tirant ses faits de...) qui tout simplement offre certainement à ces quelques brillants acteurs de ces dernières années leurs plus mauvais rôles. Un ramassis de dialogues des plus absurdes, une narration presque grand guignolesque, et un scénario cousu de fil blanc. De quoi enchanter les plus candides d'entre nous. Gosling est certes parfait, car il joue simplement son rôle idiot du mieux qu'il puisse. A l'instar de Brolin, qui à chacune de ses trognes semble vouloir nous demander de l'excuser d'avoir participer à ce film. Le pire venant de l'unique Sean Penn, autrefois incroyable, fantasque, brillant, exceptionnel, réduit à néant, au ridicule. Interprétant certainement l'un des pires parrain possible, aux répliques tout droit sorti du dernier album de Booba. 

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      Fleischer s'enlise. Malgré quelques bonnes idées de mise en scènes sorties de nulle part (à partir du moment où vous n'êtes pas épileptiques) l'homme voit son bateau couler. Utilisant quelques mauvais arguments afin d'enchanter un public facile : violence gratuite peu esthétisante, romances dignes d'un épisode de Hélène et les Garçons où Stone est insupportable, sombrant lamentablement dans la parodie lors d'une scène de ménage. Autant d'idées complètement abrutissantes permettant à ce Gangster Squad de profiler son nez aux deux heures de l'insoutenable. Alors peut être que le but de Fleischer ne résidait pas dans sa mise en scène, son scénario, l'utilisation de ses acteurs, ou la violence. Mais alors dans quoi au fait ?

       Brûlant ses ailes et sa matière grise au bout d'une demie heure, Gangster Squad semble être redevable à la définition du mot cliché, ou stéréotype. A commencer par les personnages (un noir, un mexicain, un beau gosse écorché vif, un cowboy-vétéran, un père de famille dur mais loyal, la belle qui trompe le parrain avec le beau-gosse...autre subtilité du même genre ? ) Car si le film de gangsters est avant tout un film de mecs, ceci n'empêche pas de pouvoir intégrer au sein même de cet univers de mâles en chaleur, un pique de sincérité. Fleischer aurait regarder plus attentivement le boulot de Mickael Mann et son magnifique Public Enemies avant de s'exciter sur les rafales promises dans l'horrible bande annonce de Gangster Squad (nous remercierons Jay-Z...). Coupable d'un tel film en seconde partie de soirée un dimanche soir sur TF1 M. Fleischer ? Car si un Gangster ne pardonne jamais selon son film, un cinéphile lui acceptera certainement sa rédemption...
 
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