Gangster Squad de Ruben Fleischer
Un bon film possède -dans certains cas- de bons atouts avant la bataille visuelle au sein de la salle glauque. A savoir d'une part, une affiche potable. Ce qui n'est nécessairement pas le cas avec Gangster Squad. Lorgnant plus dans le visuel du jeu-vidéo et pompant misérablement LA Noire, chef d'oeuvre interactif. Will Beall est un scénariste inconnu qui a bossé un temps pour l'absurde série Castle. Et Ruben Fleischer reste sur un flagrant échec suite à son sympathique parodie Bienvenue à Zombieland (merci ô les décideurs pour la traduction niaiseuse). Mais, Gangster Squad a fait beaucoup parler de lui avant même son tournage. Gosling, Penn, Brolin, Pena, Nolte, Robert Patrick (le méchant de Terminator 2 merde !) et la ravissante et foncièrement excitante Emma Stone partagent l'affiche de ce film de Gangsters. Mais comme on peut généralement le savoir, le matériel ne fait jamais le musicien...
Se voulant proche de la réalité et relativement "vrai" -les américains adorent l'idée de se baser sur des faits réels ce qui ajoute en cool attitude- Gangster Squad peut exciter n'importe quel adepte de la branlette du stop motion. A savoir, de la castagne abrutissante et des coups de feux épileptiques. Le film n'est qu'en réalité un Shoot Them Up foncièrement traumatisant. Ruben Fleischer n'est en effet pas un réalisateur né, mais ses premiers travaux ont pu valoir le coup en juxtaposant derrière un semblant de sériosité, un véritable sens de l'humour politiquement moyennement correct. Mais ici, il n'est pas question de rigoler à la vue des ridicules trognes que peut tirer Sean Penn -comprenez "attention je suis le méchant! je suis pas content!" à chacune de ses apparitions- pendant près de deux heures qui renvoient simplement au pire du cinéma d'action Américain.
Gangster Squad ne se rapporte qu'à trop peu de moments aux quelques chef d'oeuvres dont il souhaite être les moteurs et références, à savoir Les Incorruptibles de Brian De Palma et surtout l'explosif LA Confidential, film trop souvent sous estimé. D'une part, l'univers dont Fleischer souhaite nous garnir : paillette, coke, et luxure. Qui rappel en réalité d'autant plus le festival de Cannes, que les années 40. Cet univers en carton (malgré de somptueux décors) est trop souvent éradiqué par une photographie dénudée d'âme, et par un manque de réalisme flagrant. Le film se rapproche dans un premier temps du jeu vidéo made in Rockstar Game. D'où peut-être son horrible affiche...Où la cavalerie ne comprend pas honnêtement ce qu'il est en train de se passer, lisant pupitres à portée de main leur rôles.
Revenons en à Will Beall, qui s'inspirant du bouquin de Paul Libierman (le film s'inspire donc d'un bouquin tirant ses faits de...) qui tout simplement offre certainement à ces quelques brillants acteurs de ces dernières années leurs plus mauvais rôles. Un ramassis de dialogues des plus absurdes, une narration presque grand guignolesque, et un scénario cousu de fil blanc. De quoi enchanter les plus candides d'entre nous. Gosling est certes parfait, car il joue simplement son rôle idiot du mieux qu'il puisse. A l'instar de Brolin, qui à chacune de ses trognes semble vouloir nous demander de l'excuser d'avoir participer à ce film. Le pire venant de l'unique Sean Penn, autrefois incroyable, fantasque, brillant, exceptionnel, réduit à néant, au ridicule. Interprétant certainement l'un des pires parrain possible, aux répliques tout droit sorti du dernier album de Booba.
Fleischer s'enlise. Malgré quelques bonnes idées de mise en scènes sorties de nulle part (à partir du moment où vous n'êtes pas épileptiques) l'homme voit son bateau couler. Utilisant quelques mauvais arguments afin d'enchanter un public facile : violence gratuite peu esthétisante, romances dignes d'un épisode de Hélène et les Garçons où Stone est insupportable, sombrant lamentablement dans la parodie lors d'une scène de ménage. Autant d'idées complètement abrutissantes permettant à ce Gangster Squad de profiler son nez aux deux heures de l'insoutenable. Alors peut être que le but de Fleischer ne résidait pas dans sa mise en scène, son scénario, l'utilisation de ses acteurs, ou la violence. Mais alors dans quoi au fait ?
Brûlant ses ailes et sa matière grise au bout d'une demie heure, Gangster Squad semble être redevable à la définition du mot cliché, ou stéréotype. A commencer par les personnages (un noir, un mexicain, un beau gosse écorché vif, un cowboy-vétéran, un père de famille dur mais loyal, la belle qui trompe le parrain avec le beau-gosse...autre subtilité du même genre ? ) Car si le film de gangsters est avant tout un film de mecs, ceci n'empêche pas de pouvoir intégrer au sein même de cet univers de mâles en chaleur, un pique de sincérité. Fleischer aurait regarder plus attentivement le boulot de Mickael Mann et son magnifique Public Enemies avant de s'exciter sur les rafales promises dans l'horrible bande annonce de Gangster Squad (nous remercierons Jay-Z...). Coupable d'un tel film en seconde partie de soirée un dimanche soir sur TF1 M. Fleischer ? Car si un Gangster ne pardonne jamais selon son film, un cinéphile lui acceptera certainement sa rédemption...