Mes-50-cercles

Mischief, Mayhem, Soap.

Dimanche 8 mars 2015 à 9:15

5 reportages qui ne causent pas des illuminatis sur Youtube
 
Ce type de reportage n'est pas à classer dans la case des reportages youtube, où certaines accroches de ces reportages vous pousserez à croire que les humains ont déjà rencontré les extra-terrestres ou que les illuminatis se cachent dans votre bol de Cornflakes. Car même si la tentation est forte d'y écouter les aneries parfois dévoilées; le reportage reste un immense outil cinématographique qui dans certains cas apportent tout autant de joie ou de frisson qu'un long métrage. En voilà 5.
 
http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/11-copie-1.jpg

1. Into Eternity de Michael Madsen

Le Reservoir Dogs de Tarantino derrière un caméra ? Non quand même pas. Ce Michael Madsen deuxième du nom (à l'instar du brillant Steve McQueen réalisateur de Shame ou Hunger) n'est pas celui que l'on croit. S'y cache en réalité un illustre inconnu provenant du Danemark et réalisant ici sa première pélicule sur un sujet des plus fascinants qui soit. Dans le nord de la Finlande -Onkalo-, une équipe de chercheur y réalise depuis plus de trente ans ce qui pourrait s'apparenter au plus long projet de l'histoire de l'humanité : à savoir le stockage de la totalité des déchets radioactifs sous terre. Tel que l'explique le reportage, cette énergie fossile est à la fois la source de notre énergie et pourrait amplement causée notre fin. Brillamment coupé en plusieurs segments, le film explique tout d'abord la nature du projet, exploitant les questions communes de tout amateur en la matière pour s'atarder sur la plus grande question du film : comment préserver en toute sécurité ces déchets nucléaires tout en sachant que ces mêmes  déchets demeurent nocifs et dangereux pour les 100.000 prochaines années.

La grande force de ce reportage émane donc de cette passionnante problématique : comment transmettre le message aux générations futures de ne jamais s'aventurer dans cet immense complexe situé à 500 mètres sous terre. Michael Madsen a la grande habilité d'exploiter en premier lieu ce projet -proprement inconnu dans nos contrées gauloises- sur le terrain de l'ingénierie. Expliquant le principe pur et dur de la faisabilité du projet. Pour ainsi mieux se concentrer dans une seconde partie sur une reflexion sur l'avenir de l'humanité : comment seront les humains ? Comment faire comprendre à nos générations futures -si l'usage de la parole et de la communication disparaissent pour une raison X au cours des 100.000 prochaines années- de ne jamais s'aventurer dans ce complexe sous terrain. Incroyablement, le reportage qui ne poursuivait jusque là qu'un traitement scientifique devient une véritable réflexion sur l'avenir de l'humanité à travers différent points. Le montage est quand à lui brillamment découpé; alternant les magnifiques shoots de steady-cams de ce lieu hostile et sombre et interviews  des principaux acteurs. 

Jusqu'à cette fascinante montée en puissance, hostile et angoissante, où le metteur en scène s'interroge sur la possibilité d'ouvrir un jour le tombeau pouvant mener l'existence de toute être vivant à la mort. Il est au combien rare de voir qu'un tel sentiment de frayeur puisse s'établir durant un reportage où le principal axe de réflexion était au départ scientifique. Michael Madsen réalise un reportage alarmant sur l'avenir de l'humanité à travers ce projet relativement inconu mais qui pourrait être purement et simplement l'origine de notre fin. Ne piochant jamais dans le serment écolo du Dimanche, mais en posant simplement les bonnes questions. Un reportage fascinant et terrifiant dans sa mise en scène. Sauf qu'il ne s'agit pas de cinéma ici.



http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/22.jpg
 
2. The Imposter de Bart Layton

The Imposter est quand à lui un reportage anglais sur l'un des fait divers les plus étranges des années 90; à savoir la disparition de Nicholas Barclay, jeune américain de 13 disparu en 1994, retrouvé 4 ans plus tard en Espagne et identifié comme étant bien le jeune Nicholas Barclay. Le film traite en réalité de la vie de Frederic Bourdin, usurpateur d'identités et grand mythomane qui s'est fait passé pour plus de 400 personnes en moins de 15 ans à travers toute l'Europe. Un véritable caméléon qui s'est emparé de nombreuses identités afin de s'inventer à chaque reprise de terrifiantes histoires.

Le reportage de Bart Layton traite essentiellement de ce court segment qui lui valu d'être acceuilli par la famille de Nicholas Barclay aux états unis croyant avoir devant elle le vrai Nicholas Barclay mais avec 4 ans d'écart. Bien que celui-ci ne ressemble en rien à ce même Nicholas Barclay disparu 4 ans plus tôt : capilarité différente, yeux différents, accent différent. Le film de Bart Layton se démarque par son énorme prise de risque en se posant une unique question : pourquoi cette famille se tue à reconnaitre leur enfant ? Bien plus cinématographique que la narration employée par Michael Madsen pour exemple, celui-ci est coupé en deux styles narratifs bien différents. A savoir une reconstitution des faits et les témoignages des principaux acteurs de l'époque : toute la famille du disparu, les enquêteurs et surtout via la narration de ce même Frédéric Bourdin.

Pour certaines raisons bien évidentes, le film est relativement difficile à regarder via son impact émotionnel pour la famille qui s'est fait bernée (ou non ?) par ce caméléon. Premièrement face à ce tétanisant personne qu'est Frédéric Bourdin, témoignant face caméra, et scruttant droit dans les yeux son spectateur. Les faits et gestes qu'il décrit avec une simplicité de narration et naturellement font relativement froid dans le dos. Souriant et rigolant à chacune de ces prouesses de manipulation. Le reportage suit donc la supposée découverte de Nicholas Barclay en espagne jusque l'inévitable chute pour Frédéric Bourdin. Mais une fois de plus, l'incroyable aboutissant du film demeure sa chute, peut-être plus bluffante qu'une tête dans une boite en carton. Le tout rythmée via une somptueuse musique relevant ici des meilleurs codes du thriller afin de parachuter son spectateur dans une ambiance supra-glaçante. Le film se termine sur un axe de réflexion encore plus morbide où Frédéric Bourdin peut ainsi être à la fois considéré comme un grand malade, mais aussi comme la source d'une nouvelle piste de réflexion. Un bluffant témoignage, et au combien embarrassant.


 
http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/3-copie-1.jpg
 
3. NWR de Laurent Duroche

Clairement plus tranquille que les précédents reportages évoqués, NWR de Laurent Duroche n'est malheureusement disponible que sur les bonus de l'édition FNAC du chef d'oeuvre de Nicolas Winding Refn, Drive. Ce même Laurent Duroche est certainement l'un des critiques cinéphiles/phages les plus intéressants de ces dernières années. Critique chez Mad Movies depuis quelques années, Laurent Duroche a un style bien à lui, très rock'n'roll et représentant d'un cinéma Bis tendre et à part (il est présent chaque année à la nuit de l'absurde se déroulant à Nantes) qu'il supporte et compte bien placé au zenith de la reconnaissance cinéphile. C'est certainement pourquoi le cinéma éclectique de NWR est aujourd'hui l'un de ces cinéma préférés et qu'il est le seul au monde à s'être intéressé au personnage suite au premier magnifique Pusher sorti en 1996 sur les terres Viking.

NWR est donc un reportage sur Nicolas Winding Refn, porté par Nicolas Winding Refn himself, sa famille et surtout toute sa bande de pots. Depuis Pusher jusqu'à Drive, en passant par Alejandro Jodorowsky ou Gaspard Noe jusqu'à Ryan Gosling ou Mads Mikkelsen. Explorant de manière chronologique toute la bandante subtilité de son cinéma et ses prises de risques à travers les films et les années. A savoir que si NWR est aujourd'hui considéré comme l'un des surdoué de la caméra -titre qu'il mérite amplement- et que ça n'a pas été toujours le cas à cause d'une armée de haters généralement jalouse de son talent. Ainsi ses choix ont été -et sont toujours- critiqués et laminés par la critique. C'est peut-être pour celà qu'une poignée de cinéphile enragés continue de supporter chacun de ses choix, monsieur Duroche le premier. Le critique Français accroche donc cet esprit légèrement très chéper qu'est celui de NWR afin de porter un regard très objectif sur l'homme -qui est toujours un gamin- et l'artiste -qui vit dans un monde beaucoup trop parallèle pour nous autres sombres mortels-. Ses influences sont ainsi énumérés au compte goutte afin de comprendre pour qu'elles raisons le cinéma de Refn est si différent de tout autre cinéma Danois -mais aussi sur le plan mondial-.

Le reportage de Laurent Duroche a le mérite d'être objectif et juste : là où Nicolas Winding Refn reconnait ses défauts, ses mauvais choix artistiques qui l'ont plombé à ses débuts -voir Fear X- celui ci sait définitivement la personne qu'il est aujourd'hui. Avec beaucoup de sincérité celui-ci admet qu'il ne vit que pour le cinéma, et qu'il ne sait certainement rien faire d'autre de sa vie. Ni même se faire à manger ou conduire alors qu'il a shooté un film se nommant "Drive". Les héros du peuple sont immortels. A travers ce reportage Refn est décrit tel que le monde cinéphage le voit : un autiste cinéphile, un talent sur pattes, à la fois génie, précurseur et habité. Le reportage décrit donc ce personnage à la personnalité relativement rare et complexe porté par un humour si noir que le spectateur est souvent en proie à sa demander si c'est de l'humour ou non jusqu'à celui-ci acquiesce un rapide sourire.
http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/4.jpg
 
4. Jodorowsky's Dune de Frank Pavich

Présenté dans divers festivals du monde entier, ce Jodorowsky's Dune est pour nombre de cinéphiles la grande pièce manquante du cinéma de science fiction, plus important pour certains que Star Wars ou Alien dans un certain sens bien que la galette n'ait jamais vu le jour pour cause de financement immédiat. Souvent illustré comme le plus grand film jamais réalisé, l'adaptation de Dune par Jodorowsky est un fantasme cinéphile qui s'est imaginé dans l'esprit de millions de cinéphiles pendant plus de trente ans. Le travail produit par Frank Pavich peut-être vu comme un ultime salut et témoignage du projet relativement fou qui s'est déroulé dans l'esprit frappé d'Alejandro Jodorowsky, cinéaste Chilien à la fois détesté et vu comme l'un des plus grand visionnaire de son époque. Un artiste constamment aimé, puis détesté, puis admiré. 

Jodorowsky's Dune raconte donc l'incroyable volontée de Jodorowsky et son équipe d'adapter sur pélicule le roman mondialement connu et bien chéper de Frank Herbert. Plus de trois ans de pré-productions rythmés par Jodorowsky qui donna corps et âme afin d'obtenir ce qui aurait pu être le plus grand casting de l'histoire du cinéma de Science Fiction : Orson Welles, Mick Jagger, Salvatore Dali, Pink Floyd et Magma à la musique, Moebius aux costumes, HR Giger aux art-work, Dan O'Bannon au scénario et effets spéciaux pour un film de plus de 10h. Voilà comment Jodorowsky a imaginé pendant plus de 5 ans ce qui aurait pu être le film précurseur d'une nouvelle tendance visuelle pour les films de SF. Là où Dune n'a jamais été, Star Wars reprendra cette sauce en définissant les codes et styles du film de SF pour une vingtaine d'années. Et le Dune désapprouvé de David Lynch sombrera dans le néant là où Jodorowsky voyait les choses en grand. 

Le combat est donc relaté à travers ce passionnant reportage, preuve immortelle que Jodorowsky est un extra-terrestre ou un grand consomatteur de LSD à l'époque. Quand est-il son univers légèrement timbré et donc ici dévoilé via de magnifiques passages animés du story-board dessiné plan par plan par Moebius à l'époque et de témoignages des principaux acteurs, à savoir Jodorowsky himself, et toute son équipe technique. De plus, l'intelligence de ce reportage vient des avis apportés par quelques réalisateurs sous l'impulsion et influence de Jodorowsky, le génial Nicolas Winding Refn en premier lieu ou encore le trop rare Richard Stanley et sa soif accrue de cinéphilie. Le film est quand à lui brillamment monté, adoptant un style narratif proche de la BD par moment, et certaines scènes du projet mort-né imaginés par des millions de cinéphiles sont ainsi dévoilés via de superbes séquences animés du story-board original de Moebius. De quoi bien bander. Un objet rare et purement cinéphile, dernier témoignage du plus grand film jamais réalisé mais tant fantasmé. Mais tout n'est peut-être pas terminé comme l'indique Jodorowsky dans sa dernière prise de parole : "Le film, il est là dedans, dans cet unique livre retraçant 3 ans de créations, je laisserai faire mon film à qui le veut, mais il doit être comme je l'ai imaginé.
http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/Dig.jpg

5. Dig! 

Déjà évoqué précédemment en de plus long terme, le génial Dig! de Ondi Timoner est le document Rock le plus ahurissant jamais réalisé sur le monde du Rock. Plus vrai que nature, Dig! raconte l'amour, puis la haine opposant deux des plus grand groupes de rock du début des années 2000, à savoir les Dandy Warhols et les Brian Jonestown Massacre. Frères d'armes puis ennemis à tout va, le documentaire de Ondi Timoner est sans concession : coup de gueules, déclarations d'amours entre les deux frontmans puis messages de haines, séances de drogues ou de photos, qu'importe. Ondi Timoner filme 7 ans du quotidien de ces deux formations et de cette relation "je t'aime moi non-plus" qui détruiront leur amitié à jamais via leur égo-surdimensionnés. Un hallucinant travail d'archives et de moment rock plus vrai que nature.

Le lien : http://mes-50-cercles.cowblog.fr/dig-de-ondi-timoner-3259306.html


 

 

Mercredi 14 janvier 2015 à 16:48

 http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/300170.jpg

Edge Of Tomorrow de Doug Liman
 
 
On pourrait comparer Johnny Depp à Tom Cruise. Tous deux sex-symbols interstellaires de la gente féminine, tous deux ont écumés les meilleurs réalisateurs de la planète avant de sombrer peu à peu vers les abysses du mauvais film. Même pas sympathiques, cette catégorie de film semble avoir rendu l'âme bien avant leurs naissances. Une espèce rare de projets morts-nés dans lesquels Depp semble bien s'y faire : Argent, Argent, Argent. Facile quand on demande un cachet de plus de 20 millions de dollars par film. Les projets pour Depp ne comptent plus : L'infâme Transcendance, Le faux hommage Lone Ranger, le médiocre et incompris Dark Shadow ou les horrible Rhum Express ou Tourist. C'est simple Depp semble avoir volontairement laissé le bon cinéma pour assurer une bonne caisse d'épargne à ses mioches. Maintenant partagés entre Vanessa et lui. Pire même, il semble choisir ses films en fonctions des envies de ses gamins. Un western disney, un navrant film SF sans imagerie et code, ou un film de fantômes pour enfant. 

La différence avec Tom Cruise est que Tom -choisit aussi des mauvais projets, il est vrai- mais semble y mettre tout son coeur. En tant qu'amoureux du cinéma, il s'est depuis quelques années créé un véritable rôle. A tel point que d'inarrêtables haters parlent de "Tom Cruise Like". A l'instar de Steven Seagal. Nan je déconne. Tom Cruise est depuis maintenant une dizaine d'année un véritable géant de la production ricaine. Les films qu'il produit se ressemblent pour la plupart et ne traitent que d'un héros malgré lui contre un monde de méchant. Et les films sont plus ou moins réussis au fil des années. Et mieux que ça, Tom Cruise croit en ce qu'il fait. Johnny Depp lui ne croit plus en ce qu'il fait, raconte, tabasse. En ce point Tom Cruise est un acteur à part. Tel un Ed Wood acteur qui mettrait tout de son côté pour involontairement croire en ses films. Et alors oui, certains de ses films sont des réussites ou des échecs (Le sympathique Jack Reacher, le génial Mission Impossible 1, le lambda Lions & Agneaux, une épave Course à la Mort ou Mission Impossible 2...). Malgré tout, lorsque celui-ci figure dans l'un de ses films, Cruise semble avoir un contrôle total sur ses films. Et c'est sous l'aide de Christophe McQuarrie que Cruise semble s'être définitivement sorti de ces inébranlables bouses où il était convié afin de sourire, d'être beau, de faire croire qu'il avait trente ans alors que le bonhomme vient de fêter son 53ème anniversaire.

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/edgeoftomorrowmovieimagewatchthisedgeoftomorrowtraileragainandagain.png
Christophe McQuarrie est la nouvelle coqueluche du scénario "pas con" au sein des blockbusters. Bien sûr derrière des Christopher/Jonathan Nolan ou Kofmann qui n'ont plus rien à prouver à qui que ce soit, McQuarrie est un homme de l'ombre. Un Kayser Zose du script, qui a pondu Usual Suspect, Ennemi Public ou encore Jack Reacher -ce dernier avec Tom Cruise-. Les deux hommes ne se quittent d'ailleurs plus à en voir les projets communs : Valkiries, Jack Reacher, Mission Impossible 4, Mission Impossible 5 à venir, et donc Edge Of Tomorrow. Film Lambda qui devait d'ailleurs au départ se nommer "All You Need Is Kill", un titre peut-être trop violent auquel les producteurs ont préféré l'incompréhensible "bord de demain" OKLM). Mais quand est-il, le fait est que McQuarrie et Cruise se retrouvent après le succés critique et visuel qu'étaient les MI4 ou Jack Reacher via leurs facilités main stream mais ne prenant jamais son spectateur pour un gros débile, ou très peu alors.
 
Le film est quand à lui un grand mix entre le décevant Source Code, Un Jour Sans Fin et...le génial jeu vidéo StarCraft sur Windows 95. Oui, en gros ça ne ressemble à rien. Mais prenons son capitaine : Doug Liman, l'un des pires réalisateurs de ces dernières années, déjà aux manettes de quelques perles du genre : Mr & Mrs Smith, Jumper ou La Mémoire Dans La Peau (tu le sens le bon film de merde à venir hein ?) Mais finalement quand est-il, le bonhomme est chaviré aux manettes de Edge Of Tomorrow lorsque Christopher McQuarrie décide de plutôt de se faire la malle pour la pré-production de Mission Impossible 5. Le film a tout pour perdre, et finir aux panthéons des films morts-nés. Les 15 premières minutes du film n'arrangent rien. Dans une introduction trop fleur bleue pour mettre vraiment le spectateur en tension, le film mord déjà dans une douzaine de clichés même si Cruise est montré comme un plouc aux dents blanches.
 
Comme je le disais précedemment, Christopher McQuarrie écrit ce script en posant son cul/sa base sur une logique très simple : voir mourrir Tom Cruise dans les 20 premières minutes du film. C'est en prenant le spectateur à contre-sens que la premier bon axe du film se dégage : le personnage de Tom Cruise est un plouc, un homme fébrile, lâche, et qui finit par se faire butter. Sans vouloir spoiler trop rapidement pour gâcher l'une des grandes réussites de ce film, Edge Of Tomorrow bénificie d'un script suffisamment intelligent pour ne pas prendre son spectateur pour un débile. D'une part, en montrant Cruise -comme j'ai pu l'évoquer- pour une petite crapule égocentrique et en jouant avec les codes du genre dans des séquences furieusements jouissives. Car même si notre conscience devrait nous l'interdire, on ne peux plus imaginer Cruise dans de tel rôles. 

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/copyburnedgeoftomorrowdvdmac.jpg
 
Le script se résumant à un homme qui contre son gré, doit revivre ses 24 dernières heures après chaque mort suite à une attaque chimique extra-terrestres lors des 20 premières minutes (c'est de la SF, fermez là). Le talent d'écriture de McQuarrie et la mise en scène (subtile dans son montage) permettent au film d'atteindre un niveau d'ingéniosité si rare dans ce domaine de nos jours  que le film -pendant sa première heure et demie- est une formidable surprise, loin des concensus habituels des films de SF (au hasard, Oblivion avec Tom Cruise). Mais le plus incroyable dans cette histoire reste l'auto-dérision sur laquelle Cruise surfe depuis Mission Impossible 4. Les éléments d'humour noir déposés dans le film passent formidablement bien, n'ajoutant que bon sens et effets de surprise dans un film d'une ampleur financière pareille. Comme quoi le main stream peut-être drôle, pas con et intelligent.
 
D'autre part, l'intelligence de la communication du film est notable. La plupart des affiches représent Cruise ainsi qu'un slogan "pour la victoire". Une mise en âbime du film au sein de notre société, le film s'appuie souvent sur ces éléments de propagandes produits dans le film, et distribué dans la réalité lors de la commercialisation du film. Ainsi que des clins d'oeils historiques trop rares dans le cinéma américain (le débarquement extra-terrestre se passe en Normandie. Ou que les français mangent du fromage. Nan ça c'était en plus). Les plus sceptiques/haters moza fuckas penseront "Alors ouiiiiiiiiiiiii mais ce n'est pas parce qu'un film ne vous preeeeend pas pour un débiiiiiile que nous sommes en préééésence d'un cheeeef d'oeuvre" Effectivement monsieur détestable. Car malgré toutes les bonnes choses que propose Edge Of Tomorrow, le film ne pousse jamais sa thématique à son paroxysme, ce qu'on aurait bien sûr voulu à la place de ces malheureuses vingt/trentes dernières minutes. 

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/dUK1280x720.jpg
L'industrie du cinéma semble vouloir aujourd'hui des fins semblables à tous films de genre. Qu'ils soient apparentés à la Science Fiction, l'Action, ou le Western. Malgré un formatage éliquo presto en fin de film, Edge Of Tomorrow est une surprise de taille. Là où le néant Oblivion venait apparenté des terres déjà bien cultivée, Edge Of Tomorrow possède la sincérité de dévoiler un film de Science Fiction Main Stream relativement intelligent. On notera tout de même une mise en scène culottée de Doug Liman, qui malgré la répétition des journées, des scènes, et des morts de Tom Cruise, s'amuse vraiment. Et c'est exactement là où Edge Of Tomorrow marque le coup dans un paysage de films main stream néants : Edge Of Tomorrow est un immense jeu vidéo où les game-over sont parsemés de chutes parfois hallucinamment drôles, puis d'une humanité assez rare pour figurer dans ce genre de cinéma. Petit plus à la plastique et au talent de la magnifique Emilie Blunt qui a chacune de ses apparitions est d'autant plus charmante que bandante.
 
Edge Of Tomorrow est donc une réussite pour son équipage de départ. Drôle, spectaculaire au possible (on en prend quand même bien la gueule), et même triste (oui je dis oui) dans une séquence respirant presque le génie. Le prochain rendez vous du tandem Cruise-McQuarrie sera donc Mission Impossible 5 dans lequel ce dernier aura double rôle puisqu'il sera réalisateur et scénariste. Une bien bonne nouvelle au même moment où l'on apprend que Johnny Depp jouera lui dans In The Woods de Rob Marshall...Okay.

 
 

Vendredi 17 octobre 2014 à 15:35

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/TotalRecall1.jpg
Total Recall
Mémoires Programmées
De Len Wiseman

La critique est simple. Surtout lorsque celle-ci s'acharne contre une œuvre où le réalisateur semble avoir puisé toute son énergie pour ainsi mettre au monde une œuvre personnelle. D'autant plus lorsqu'il s'agit d'un remake. Alors ne nous étalons pas sur le fait que la plupart des remakes sont de pures et simples produits commerciaux histoire d'encaisser quelques dollars de plus les studios souvent Américains. Encore cette année avec le remake du chef d'oeuvre Coréen Old Boy mis en boîte par un Spike Lee en manque d'inspiration. Par ailleurs qu'est qu'un bon remake tant qu'on y est ?

Un bon remake peut-être simplement la naissance d'un nouveau point de vue différent de l'original au sein d'une œuvre très semblable. Bien que la comparaison pure et dure entre deux œuvres lambda n'a absolument rien d'objectif : le réalisateur n'est quasiment jamais le même, le sujet traité (qui souvent dans le domaine de la SF est une critique assassine d'un fait de société) n'est peut-être plus d'actualité, ou encore l'équipe de réalisation n'a clairement rien à foutre de ce qu'elle est en train de produire. Mais est-ce une raison pour produire de la merde ?

Batman Begins de Nolan est pour le fait un remake plus qu'honorable : l'esprit gothique et absurde de Tim Burton est alors remplacé par un univers américain urbain et violent, proche de la paranoia permanente des citoyens ricains suite au 11 Septembre. Mais chaque œuvre tente à sa manière de se concentrer sur un seul et unique personnage pour y narrer de nombreuses problématiques qui aujourd'hui diffèrent. The Thing sorti en 2011 tient tout simplement de la purge et de l'assassinat cinématographique. Car non seulement en reprenant le titre identique de l'oeuvre ultime réalisée par John Carpenter en 1982, ce remake se permet de reprendre plan par plan le film original. Sans point de vue, pompant des dialogues entiers, et mettant fin à un mystère dont on se serait clairement bien passé : l'origine, la gueule, et la capacité de la chose à s'en prendre au monde entier. Préquelle absolument désastreuse, The Thing a donc sa place au cimetière des merdes cinématographiques via son entêtement à produire un film hollywoodien là où Carpenter justement catapultait son majeur face au système du grand marché ricain.

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/Recall6.jpg 

"Hum...quel est le sens de ma vie...Je me ferai bien un krisprolls."

Bref, parlons donc de ce Totall Recall : Mémoires Programmées (pardon?) qui sent la catastrophe cinématographique. Oeuvre indémodable de Paul Verhoeven sortie en 1991, Total Recall a été pour beaucoup l'une des œuvres de science fiction les plus redoutables réalisées. D'une part pour son scénario, pointilleux au point de perdre le spe

ctateur dans une fourmilière d'informations, la mise en scène coup de point d'un Verhoeven toujours aussi bourrin, et pour son inimitable univers kitsch et second degré parfaitement dans l'air du temps. Parfait pour un remake nej ? Ouai, sauf que la plupart des producteurs magouilleux se cachent souvent la face : une machine à fric c'est parfois bien (Dark Knight pour le côté intello ou Expendables pour le nihilisme) mais c'est pas une raison pour faire n'importe bien. Quand au film de Len Wiseman, le grand n'importe quoi tient du doux euphémisme tant l’œuvre de Phillip K Dick et le matériel original semblent être dénigrés et flingués depuis l'intérieur. Autrement dit : Total Recall, le remake : Argent Facile, Bimbos et Foutage de Gueules, enquête exclusive au sein d'une purge.

Alors déjà, crevons l'abcès quitte à tuer le suspens : personne n'ira sur Mars pendant le film. (Ooooooooh => Public déçu). Pire, Colin Farrell nous décoche non pas deux, mais trois expressions faciales sur un film de plus de deux heures. Un mal pour un bien me direz-vous. Le scénario de ce nouveau Total Recall se veut clairement futuriste mais réaliste. Première erreur puisque peu de films ont cette capacité à porter un futur proche dans un réalisme urbain. En gros le spectateur comprend via un générique bordélique que tout le monde est mort (ou presque, Colin est toujours là avec ses gros sourcils) suite à une guerre chimique, et que seuls deux endroits sur terre sont des espaces vitaux pour la race humaine. Logiquement on penserait à l'Afrique qui ne semble pas tellement polluée. Mais non ces deux espaces sont le Royaume-Uni, et l’Australie. Soit respectivement le pays gouvernant, et la colonie où les humains vivent entassés.

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/Recall5.jpg 

Le meilleur Plan du film !

Ces deux territoires sont reliés via un tunnel qui traverse la terre (du grand n'importe quoi on vous l'avez dit!) où une seule navette remplie d'ouvriers de la colonie effectue des allers-retours (le scénario a t-il été signé par un candidat de télé-réalité mal famée?) chaque jour pour y travailler aux seins d'usines produisant des robots soldats pour le compte du gouvernement. Putain mais quel est le putain de rapport avec Total Recall jusque là. Ah oui, cette colonie/tunnel sombre du derrière/royaume est gouverné par un type clairement pas gentil : Cohaagen. On voit enfin le rapport avec l’œuvre originale. Bref, l'histoire à l'instar de l’œuvre originale suit le quotidien de Douglas Quaid (Colin Farrell donc) qui est l'un de ces ouvriers dépendant du système et qui en marre de son quotidien (ça se lit dans son regard...), rêvant chaque nuit de même cauchemar avec une fille méga bandante où ils jouent aux super agents secrets. Un jour il décide d'aller chez Recall -société vendeuse de rêves et de souvenirs afin d'oublier que l'on est et vivre des aventures bien plus bandantes-. D'ailleurs sa femme et son meilleur pot lui rappellent que Recall c'est de la merde. C'est en se rendant chez eux au début de l'opération que Quaid réagit d'une étrange façon et q'une réalité éclate : Quaid ne semble pas être un ouvrier, mais bel et bien un agent secret à qui l'on a changé la mémoire.

Finalement les principaux traits de lectures sont là, quand à la relectures elle est abominable. Le principal problème de ce remake reste dans son soucis d'indépendance via l'oeuvre originale. Bien sûr on sent que Len Wiseman essaie de produire quelque chose de différent, un truc cool selon lui avec...des seins et de l'action. Le tout malgré 20 premières minutes qui s'en tirent bizarrement plutôt bien. En effet il faut souligner tout de même l'univers graphique du film qui bien que pompé ardemment sur Blade Runner s'en tire pas trop mal. Tout comme une scène de poursuite plutôt réussie bien qu'épileptique à souhaits dans son montage carabiné.

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/Recall2.jpg

Le regard ne trompe pas : Colin Farrell se demande ce qu'il branle là armé d'un pistolet

Plus le film avance, plus on se perd dans un registre de connerie d'une ampleur infinie. A commencer par ces insupportables clins d'oeils à l'oeuvre originale qui ne figurent ici que pour donner l'illusion d'un remake qui s'auto-détruit via son sous titre « mémoires programmés ». WTF. Il suffit de jeter un œil entre deux bouchées de son hamburger pour comprendre au bout de 5 minutes l'enjeu, le match, et la chute. Aucun suspense vous l'aurez compris. Pire, ces clins d'oeils à l'oeuvre originale plus vrais que nature : une pute à 3 seins (alors qu'aucun mutant n'est communiqué dans le film!), une goutte de sueur qui devient une larme de Jessica Biel (putaaaain mais vise le drama quoi!) ou encore la folle aux deux semaines où mister univers niquait tout à coup de shoot-gun et de cervelles sur tous les murs instead of Colin Farrell se contente de courir. Tout second degré qui faisait le bonheur des cinéphages/philes du premier opus est ici éradiqué.

L'oeuvre est ici brutalement conne, ne dérive sans cesse pour se contenter d'être une épave visuelle à la morale finale brutalisant littéralement l'oeuvre de Phillip K. Dick. Une honte ? Oh oui. De plus, Len Wiseman ne prend même pas le temps d'émettre des interrogations quand à l'histoire de Douglas Quaid. C'est simple, le suspens est tué dans l’œuf en écartant toute interrogations entre fantasmes et réalités du principal protagoniste. On savait que les blockbusters avaient tendance à simplifier les faits pour n'y apporter que malheurs et châtiments. Mais là il semblerait que Total Recall (mémoires programmées hein) obtienne le prix de la toison de merde.

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/Recall4.jpg

 L'acteur semble avoir attrapé le virus Cage : Cinq daubes pour un bon film.

Plus le film avance, plus c'est du grand n'importe quoi. Entre cascades vues 300 fois et interminables, rencontres inutiles (le personnage de Kuato littéralement oublié...), ou short-cut bien trop faiblards et rapides : absences donc de fantasmes/réalités qui faisaient -putaindebordeldemerde- toute l'intelligence du premier opus -à partir de là les gars...hehe-. Ou encore le personnage de Mickael Ironside effacé au détriment d'une lamentable performance de Kate Beckinsale qui semble puiser son charisme et son inspiration d'une huître malade des îles du galàpagos. Cette même Katie -tu permets Len?- qui malgré ses boobs et son fessier musclé (il faut le voir sur l'écran, c'est une méchante sportive !) semble être revenu à l'âge de pierre des performances théâtrales où les grimaces faisaient offices de personnages méchants, le plissement de sourcils des personnages contrariés...Une génocide cinématographique. Quand au pauvre Collin Farrell, ses trois expressions faciales semblent-elles plus vraies que natures puisque ce dernier semble se demander comment il en est arrivé ici (ça se lit sur son visage). Bryan Cranston justifie sa présence pour payer l'assurance santé de sa famille, et Jessica Biel pour une fois de plus sublimer sa parfaite plastique et montrer c'est qui la meuf.

Bref du grand n'importe quoi, qui visuellement s'en tire heureusement très bien il faut le reconnaître en pompant les meilleurs films de SF de ces dernières années (Minority Report pour les bagnoles, Blade Runner pour le melting-pot de la colonie...). On regarde ça tel un kamoulox, en espérant que ça ne dure pas trop longtemps car il nous reste alors peu de neurones. Quand à Len Wiseman, il semble s'éclater en demandant à sa femme de muscler ses fesses, et ne semble plus trop comprendre ce qu'il lui arrive.

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/Recall3.jpg

L'huître des îles du Galàpagos en pleine action :
"Fais la méchante!" cria Len sur le plateau à sa petite et douce Kate
 

Bref et merde j'abandonne. Total Recall : Mémoires Programmées est un chef d'oeuvre à condition que l'on ne critique pas une œuvre via son scénario, ses performances, son univers, ses tournures, sa réalisation, sa production (même l'affiche a un problème). Bref si la critique n'existait pas. Mais il faut reconnaître que l'art de critiquer est simple. Surtout dans un cas pareil. 


Mardi 14 octobre 2014 à 12:39


http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/M1.jpg

Memories Of Murder
de Bong Joon-ho


Il est simple d'appuyer le fait que le cinéma Coréen est un art la plupart du temps violent, tranchant, sanglant. Il serait tout aussi simple d'appuyer le fait que leur cinéma peut-être à ce jour considéré comme l'un des plus poignants et dramatiques dans la matière fécale que devient parfois le cinéma de nos jours. Cette nouvelle vague (lancée via la trilogie de la vengeance d'un Park Chan Wook plus timbré que jamais) est certainement l'un des faits les plus marquants en matière de cinéma depuis le début du 21ème siècle. Pour l'audace et le réalisme, pour la violence à chaque instant sublimée, ou bien encore pour l'aura cinéphile que chacun de ces films possède. 

Memories of murder semble lorgner plus dans la catégorie des films sociaux asiatiques, tel A Touch Of Sin sorti en 2013. Dans lequel deux enquêteurs que tout diffère : l'un vient de la ville avec une puissance intellectuelle BAC+4, l'autre n'a connu que les rizières et les terrains boueux d'une Corée retranchée rarement aperçue de cette manière auparavant. Certain comprendront le bouseux et le citadin, d'autres la rencontre entre deux cultures différentes au sein d'un unique pays. La base de Memories Of Murder prend forme autour d'une série de meurtres sans réponse dans la Corée des années 80 où les karaokés enflamment le samedi soir, et que les couvres feux de plus en plus importants semblent terroriser la population locale.

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/M3.jpg

Bong Joon-ho demeure aujourd'hui l'une des pièces phares du 7ème art Coréen en partie grâce à ce film qui alimenta la même année que Old Boy, la reconnaissance mondiale d'un cinéma explorant des thématiques semblables aux films Européens mais sous l'influence de la culture de son pays. C'est sous un ton de petit polar ersazt et modeste que Bong Joon-ho démarre Memories Of Murder. C'est d'ailleurs avec un ton résolument noir et burlesque que le film commence là où l'ombre d'un film Américain aurait pu peser, Bong Jong-oh décide à sa manière d'explorer le film comme une oeuvre d'une cruauté rare, aux relents absurdes, aux personnages pathétiques.

Tant qu'à alimenter son film dans une subtile narration, le réalisateur place en avant la confrontation de ces deux inspecteurs que tout sépare, bien que vivant dans une seule partie de la Corée. Les faits, les réactions, les gestes, les paroles ou même le goût pour la nourriture. Bong Joon-oh tire alors une véritable satire sociale de ces années 80 où le pays était en totale recherche d'identité tout comme laisse présager les principaux protagonistes de l'histoire. Une métaphore sublimant chaque bobines dramatiques, où les acteurs se donnent à corps et âmes. C'est alors que le réalisateur dynamite la moindre erreur qu'à pu causer la terrible chute de cette histoire tirée de faits réels. Et cet dans cet élan à la fois réactionnaire et timide que le film prend toute son ampleur littéraire.

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/M2.jpg

Car preuve ultime de la précocité du cinéma Coréen et surtout de Memories Of Murder, Bong Joon-oh ne prend à vrai dire jamais son spectateur pour un méchant débile. Prouvant que l'ambiance glaçante, sordide et monstrueuse du film peut-être contre balancée par une ironie dévoilant à la fois la nature propres des personnages (le flic de campagne se prend pour le flic de ville). Ceci pour alimenter en réalisme ce cinéma de pur génie comme en témoigne un exceptionnel plan séquence dans un karaoké. Chose parfaitement accomplie par Joon-oh qui signa en 2013 le magnifique Transperce-Neige où les codes de la Science-Fiction sont alors repris avec la même recette. On ne s'étendra pas tellement (bien que avant-gardistes d'un genre, nous sommes en 2003) sur les photographies, lumières, musiques, ou directions artistiques, car la notoriété des Coréens là dessus n'est plus à redire. L'ensemble est simplement parfait, sublimant et illuminant chaque noirceur du récit.

C'est avec cette faculté à piocher les principaux codes du cinéma de genre dans le but de les adapter à son univers déplacé que Joon-oh tourne cet incroyable Memories Of Murder. A la fois compris comme un cris de rage dans une époque où son pays était au bord du gouffre, et comme un grand film policier, Memories Of Murder possède ces rares puissances littéraires, dramatiques et tragiques vues au cinéma ces dernières années. Puissances rassemblées dans une séquence où le mutisme des personnages prend tout son sens. Mais en y réfléchissant c'est peut-être aussi et tout simplement que le cinéma de Joon-oh est incontestablement un cinéma transpirant la cinéphilie.

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/M4.jpg

Jeudi 12 juin 2014 à 18:36

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/11.jpg
 
Sunshine de Danny Boyle

Traité de clippeur par de nombreux critiques sans goûts ou perturbés de la vie, ou de réalisateur innocent et justement sans point de vue, le pauvre Danny Boyle s'est fait à maintes fois lynché (je sais toi aussi mon David, comme quoi). Sous estimé, ou simplement déchiré par la presse. Pourtant ("le-fa le-fa fiez vous ?" RIP Sophie Favier) Danny Boyle est l'auteur de ces quelques films qui ont marqué le cinéma de genre. Alors oui, le cinéma de genre n'est peut-être pas le cinéma le plus reconnu par l'histoire...et pourtant en tout point c'est le plus éclectique. Merde alors. Reconnu entre autre pour avoir réalisé (attention à vos rétines disjonctées) le Trainspotting -l'un des films les plus importants des années 90-, la Plage -que toute une gamme de cinéphile ivre de sexe et de pop dégustent à chaque coupure de plans- et puis 28 jours plus tard, le renouveau de l'horreur ? Ouais ouais. Sois trois styles, trois chef d'oeuvres, et...oui trois films de Danny Boyle.

Après avoir refusé en 1996 la charge de se taper le dernier Alien (proprement dit) de l'existence de l'humanité (laissé au bon choix de M. Jeunet) Boyle ne souhaitait pas s'inscrire dans la liste des créateurs de la sage la plus prophétique de l'histoire du cinéma. Pourquoi pas, après un Trainspotting il était raisonnable de ne pas s'attacher à un projet tel qu'Alien. Soit. 28 Jours Plus Tard a marqué l'histoire du cinéma d'horreur pour son humanisme et sa cinéphilie bouillonnante. Boyle s'attachant de plus en plus depuis la Plage a un cinéma narré dans le montage -non épileptique -par la musique sans pour autant être un putain de clippeur. Boyle s'est dans un sens inventé un style. Qui façonne aussi bien la cinéphilie que la mélomanie de certaines personnes. A en voir l'incroyable scène -et la première scène HD de l'histoire- de ces 28 Jours Plus Tard sous fond de Godspeed! You Black Emperor dans un ville de Londres vide. Les poils rétiniens -voir plus- sont toujours au garde à vous.


http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/3.jpg

S
unshine est le film de Science Fiction de Danny Boyle. Attendu au tournant après le moyennement réussi Millions réalisé en 2004, Boyle s'attaque enfin à ce thème propre au cinéma de genre. Comme si le gamin britannique devait prendre son envol vers les terres si désertiques et dévastées de la SF grand public. Sunshine n'est pas un film de Science Fiction en soit "blockbuster" -ajoutez l'accent Amerloque. Comprenez que l'endorphine sécrétées par les explosions ou autre film sur fond de fin du monde ne sont pas bonnes pour une soirée film avec une fille, mais Boyle avec tous les aspects du film de Blockbuster s'empare d'un rare point de vue sur la vie et la mort. Comme si Stanley Kubrick s'était lui aussi dit qu'il était de faire un film de scienc...Pour plus tard.

Le film de Danny Boyle regorge d'idées nouvelles, narguant au passage l'étiquetage de ses personnages, des scènes dramatiques, des répliques ivres d'inconsciences ou de relations épistolaires. Pourquoi ? Car l'idée principale de sunshine reste que tous ses personnages en route pour sauver la planète Terre sont condamnés à se sacrifier s'il en est question. Avec brio Sunshine s'empare d'un des seuls axes fondateurs de la science fiction trop rarement tracé auparavant : la réalité de la situation. C'est d'autant plus pour cela que le film de Boyle n'est à aucun moment une grosse carcasse sans âme et foncièrement grotesque. Si le spitch a tout d'une odyssée spatiale à deux balles (l'envoi de 8 scientifiques dans l'espace afin de ré-animer le soleil à l'aide d'une bombe nucléaire capable d'anéantir le système solaire) c'est en réalité pour tromper le monde. Boyle ne nie guère l'aspect blockbuster de son film, visuellement époustouflant et graphiquement irréprochable, Boyle virevolte entre tout ce que peut nous offrir l'espace et ses confins pour nous éclater la rétine depuis l'intérieur.

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/5.jpg

Car si Boyle n'a jamais eu le courage de le dire, son film peut certainement être comparé aux chef d'oeuvre de la science fiction. A Solaris de Tarkovski pour la poésie dont le film fait preuve via l'attirance/addiction de ses personnages pour le soleil, à 2001 l'odyssée de l'espace pour la question de l'ultime voyage, ou encore à Alien dont l'atmosphère rappelle (sans de saloperies bébettes croqueuses de chairs) sans arrêt le film de Ridley Scott. Il faut comprendre par là que Boyle réalise ce que personnage n'a réussi à faire depuis un bail. Un film de Science Fiction novateur, hautement discipliné et maitrisé, sans jamais tombé dans la facilité du scénario ou des personnages. L'écriture de chacun d'entre eux peut-être perçu différemment via ce solide argument qu'est le sacrifice pour les autres (ce n'est pas un spoiler, nous le savons rapidement). La direction artistique est elle aussi irréprochable bien que certaines têtes auraient pu mal être perçues par l'ensemble de la cinéphilie attitude (Chris Evans, Cillian Murphy...blablabla ils sont parfaits). Une maitrise enflammée qui s'étend jusque l'avant dernière scène finale qui restera sans doute une des séquences les plus impressionnante du cinéma SF via encore une fois le montage se reposant sur la musique crescendo du maestro John Murphy (on prend les mêmes et on recommence), sa tension progressive, la peur naissante, l'endorphine oppressante, l'interminable scène, l'incroyable Danny Boyle s'envole parmi les plus grands.

B
on nombre de gens auront certainement un regard déconcertant sur le travail de Boyle. Foutage de gueule (du genre non je fais pas un blockbuster...mais!!! si ça en est un) ou l'autre facette de ce regard où le travail de Boyle sera jugé à sa juste valeur. Une oeuvre magnifique et techniquement époustouflante. Boyle a depuis largué la science fiction depuis. Il ne sera jamais question pour lui de revenir dans l'espace. Son voyage s'est arrêté à celui de ses protagonistes, c'est à dire au voyage ultime. Bravo Danny, ne reviens pas, mais fais nous quand même quelque chose de mieux que Slum Dog s'il te plais. Mais ça c'est une autre histoire.


http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/1.jpg

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast