Mes-50-cercles

Mischief, Mayhem, Soap.

Samedi 24 mars 2012 à 12:45

http://www.ufo-distribution.com/storage/bellflower_poster_small.jpg

Bellflower d'Evan Glodell

         Avec tout le respect que l'on doit aux réalisations amateurs ( je ne parle pas du found footage ou autre descendant lambda du débilos Paranormal Activity ), il faut parfois faire attention. A ce que ceci ne soit pas qu'un argument de vente pour la presse branchée couilles cousues à aller voir des oeuvres aussi expérimentales que foutraques. C'est ce à quoi l'on pense lorsque l'on peux voir ne serait-ce que deux péloches de la bande annonce de BellFlower, réalisé par un certain Evan Glodell durant l'été 2008 pour la maudite somme de 17.000 dollars ! Se voulant amateurs jusqu'au bout, le réalisateur en herbe en aurait même profité pour construire l'ensemble du matériel que l'on peux voir à l'écran ( voiture, lance flammes, motos...même caméras! ) Un vrai psychopathe en somme entre Jackson et Tarantino pour le besoin maternel de monter un film.

         Excavé du plus profond de la mine d'or du cinéma indépendant Américain, Bellflower se fait enfin connaitre en cette année 2012, dernière année de l'être humain ? Parfait pour le pitch dans lequel Glodell semble avoir enraciné tous ses souvenirs ( branleurs Américains perdus, mi hapsters ) et sa mélancolie puisque Bellflower traite du sujet de l'amour...pré-apocalyptique. Explications : Deux types totalement ravagés par l'alcool et le manque de repères, se mettent en tête de régner sur le monde une fois l'apocalypse arrivée. A la manière d'un Mad Max et de son ennemi de toujours : Le Seigneur Hummungus. Sauf qu'il n'était pas prévu que l'un tombe amoureux, et que l'apocalypse n'aura pas forcément lieu là où l'on l'attend.
 
http://www.gqmagazine.fr/uploads/images/thumbs/201212/bellflower_5159_north_620x.jpg

         Et c'est justement dans cette idée, relativement proche du film de genre que Bellflower expose toutes ses idées : La mélancolie, la fin de l'adolescence, le refus des responsabilités. A la manière d'un Madmax qui lui exploitait la fin des espérances, Bellflower se veux beaucoup plus enthousiaste avant de sombrer dans une seconde partie où la folie finira par régner. Les personnages présents à l'écran sont tous alors brutalement secoués dans le monde adulte, chose qu'ils ne souhaitent pas. Comme si Fight Club et sa critique assassine de la société avait rencontré le Drive de Refn. Ce qui aurait pu passer pour une parabole artificielle sur le début des responsabilités est au final beaucoup plus subtil que ce à quoi l'on pourrait s'attendre.

         Scindant son film en deux parties, Glodell réussit dans un premier temps à imprégner son roman d'une mélancolie relativement personnelle -lui même avouant s'être inspiré de...lui- adoucie par la formidable bande sonore de l'inconnu Jonathan Keevil qui dans toute la splendeur du film indépendant Américain, chante guitare à la main d'une voix décousue, voilée. Magnifique. Dans cette même partie que la mise en scène de Glodell prend du relief. L' Amérique telle que l'on la connait (bonasses aux quatre coins de rue, plastique de rêve, surfeurs ou Macdo ) prend soudainement fin. A l'instar d'un Jeff Nichols dans la magnifique Shootgun Stories sans le côté Malick; une partie de l'Amérique rase motte est dévoilée : Un no man's land ravagé, pleins de soulards sans jobs, et sans aucune conscience. Une génération perdue, qui à force de s'être pris des vagues dans la gueule, s'en remet à la shouille.

http://www.cinemovies.fr/images/data/photos/22855/bellflower-2011-22855-1705063092.jpg

          C'est ici que Bellflower touche son but, en sublimant de toutes sortes l'aspect plastique du film -qu'on le veuille ou non !- en réussissant la renaissance de ses caméras foutraques (sables dans la lentille, fibre optique trop courte...). Une mise en scène originale et qui à la manière d'un Refn aurait essayer de se focaliser sur l'esthétisante musique électro-pop pour donner vie à ses séquences parfois bluffante. Submergé par la photographie épileptique du film ( sa rappelle sans aucun doute les Rois du Désert! ) donnant la sensation de chaleur omniprésente, Glodell dans une seconde partie presque parfaitement maitrisé (à deux cheveux près) montre sa vision de l'apocalypse. Comme le désarroi d'un adolescent près à casser la baraque à la suite d'une rupture. Cette apocalypse aura donc lieu dans la tête du protagoniste, l'autre ne verra jamais le jour.

         Enfin, formidablement Glodell -à l'instar de Madmax 2 : The Fury Road- réussi à donner toute puissance à son interceptor, car le personnage central du film n'est autre que la Medusa. Semblable au V8 de Max Rocktansky, elle est le symbole de toute la démesure juvénile du protagoniste qui finira par se servir de ses propres inventions pour mettre fin à tous ceux qui l'ont fait souffrir dans une fin proche du slasher horrifique. Dans une magnifique conclusion, juxtaposant deux fins alternatives, Glodell se permet l'impensable : Avec une comparaison directe au chef d'oeuvre de Miller, une esthétique très publicitaire et une contre plongée dans le désert, de poser un discours nihiliste quoi que trop existentialiste sur la vie du personnage principal. Et même si l'on a tendance à penser que ce nihilisme à la Gavras nous aurait plu tout au long du film.

http://medias.telerama.fr/cinemovies/photos/22855/bellflower-2011-22855-267338606.jpg

        Face à tant d'idées, il est impensables de ne pas ressortir troublée par ce que l'on vient de voir. Un film fou, très exactement. Loin des conventions du genre, mais sans jamais s'éloigner pour garder une approche simple, Bellflower semble avoir tous les atouts du premier film : Une sincérité profonde, un "je m'en foutiste" totalement assumé, et un condensé de clin d'oeils. Le genre de film qui ferait passé une amourette de passage pour la femme de notre vie. Fou, on vous l'avait dit.

 

       

Mercredi 7 mars 2012 à 22:12

 

http://mes-50-cercles.cowblog.fr/images/hhh.jpg



The
Artist

de Michel Haza...Haznannaz...Hazzanavicuius...


 
       Bref, alors voilà The Artist, c'était un peu la déclaration d'histoire d'amour au cinéma. De la part d'un cinéphile. Clairement, car je devrai le rappeler, Michel Hazanavicius ( il a du prendre si cher lui ! ) est un cinéphile endurci, le genre qui t'attrapes les couilles et te fais renifler l'anus du diable cinéphile à travers ses films. Il suffit de voir l'incroyable Grand Détournement ( avec Georges Abitbol! Grand classique qui donna envie à Mozinor de détourner tous les films du 7ème art ), il lança les Nuls, le mec te reprend le best de la série B française ( dieu seul sait qu'on en a presque aucune! ) pour te poiler par deux des meilleures comédies françaises depuis la mort de Funès.

        Par ailleurs, The Artist peux se voir comme la véritable bénédiction d'Hazanavicius au cinéma. Un vrai poète du 7ème art. Car à la manière d'un Annouil qui s'en va reprendre du sophocle pour Oedipe Roi, lui reprend le départ, le commencement pour démontrer son immense talent d'écrivain et de metteur en scène. Alors oui, The Artist est un superbe film, et qui ose. Nous le savons tous, à l'heure où des arnaques à cons sont publiées dix fois par semaines car le cinéma français est dirigée par une bande de dinosaures "intouchables" (je ne parle pas du sympathique film!) voilà qu'on nous distribue un pur essai cinématographique. De ce côté, nul doute que s'il n'y avait pas eu Take Shelter, Tree Of Life et le bolide Drive, il aurait eu la palme d'or. Mais remettre l'interprétation à Dujardin c'était un peu rendre hommage à Bogart, Chaplin ou Boris Karloff.

http://www.lefigaro.fr/medias/2012/01/25/8091d690-474d-11e1-a72a-fa28e952ebeb.jpg

        Rappel, Langmann a beau être le fils de Berri, tout le monde l'a envoyé chié quand il s'est mis en tête d'adapter le coup de folie d'Hazanavicius. D'une part son succès est mérité, car personne à part Dujardin/Hazanavicius ne l'ont soutenu. (Et sa très bandante femme Bérénice Béjo ). Bref, le muet vaincra.

http://www.cinemovies.fr/images/data/photos/21224/the-artist-2011-21224-1567663694.jpg

        Objectivement,  le film a un point faible, Dujardin est hallucinant, c'est un dieu comédien né. Bérénice Béjo est très bien, et les plans/idées de Hazanavicius (que j'appelerai à partir de maintenant Hana car sa m'embête de butter sur son nom à chaque fois) sont réellement magnifiques. A savoir, ces boulversantes scènes dans le manoir de Béjo, où l'incroyable plan lorsque Dujardin balance son whisky sur la table en verre où son reflet apparaît peu à peu, une belle image de la disparition momentané. Un point faible donc dans ce feu d'artifice de bons sentiments, et de cinéma parlant pour le coup. Si seulement Hana avait tenu ce sentiment de tragédie tout au long du film, et que le coup de feu de Dujardin aurait été l'unique son du film. Là, on aurait crié au chef d'oeuvre, alors qu'au final, rien n'est inventé!
Malheureusement, ce gentil happy end fait peut être de The Artist seulement ( et c'est déjà pas mal ) un superbe film. Une bête de curiosité.

 
        En face aux Oscars, on a qui ? Terrence Malick avec son renversant Tree Of Life ( mais trop intelligent et imagé pour un public bouffeur de pop corn comme le son les ricains ), on a aussi Minuit à Paris, mais quitte à récompenser un hommage, autant qu'il soit français en hommage au ricains, que l'inverse. En plus, depuis Manhattan ( soit en 79 ) ce vieux Woody wood pecker, n'a franchement rien sorti de fantastique (Rêve de Cassandre, okay). BREF, et puis aussi Spielberg, sauf qu'on boude Spielberg depuis longtemps, et qu'il reste le Luc Besson Américain. Et son film ne me semble guère le plus réussi. La couleur des sentiments ? Sundance leur a suffit, Hugo Cabret ? Quand Scorsese se sera remis les couilles en place peut être, on a pas récompensé un film pour enfant comme meilleur réalisateur ou film depuis...Putain je sais pas. Même si son film s'en tire avec les honneurs.


http://static.lexpress.fr/medias/1623/831316_jean-dujardin-dans-the-artist.jpg

    E
t que dire de The Descendant ? Sans même l'avoir vu on peux penser qu'il s'agit du film Trauma. Une idée que les Américains admirent, Le film où le personnage principal est dans le coma, et que le film se déroule autour de cette absence. Sa a commencé avec le génial Good Bye Lenin, sa finit avec The Descendant où le vieillissant Clooney semble quand même joué vachement au mélo là dedans. Quitte à récompenser une oeuvre originale, The Artist est là. Surtout il est important de le dire : Les Américains sont tellement patriotes et fiers de leur pays, qu'un type français aussi génial rend hommage à leur cinéma, que demander de mieux ? Car les Américains croient avoir créé le cinéma, Et non ! Vous n'aurez pas nos lumières ! (Jeu de mots dérisoire mon cher!)

 
       Epuis pour la réalisation c'est la même, l'effet de mode est important aux States, pour une fois je suis foutrement content qu'un film tel que The Artist pète à la gueule de tous Harry Potter ou cinéma mélo typiquement Américain. Surtout en cette année où le meilleur n'a pas été représenté ( Où sont Take Shelter, Drive, Millénium ? Et même Dicaprio en J. Edgar ? ). Donc oui à The Artist, oui au désir de vouloir récompenser un cinéma qui ose ( ils voient pas les choses comme sa là bas mais bon,admettons que ) et surtout, à un metteur en scène hors norme. Qui n'a pas hésité à reproduire du Murnau ( qui reste la plus grande histoire d'amour avec L'Aurore en 1927, à faire chialer un dictateur ) ou du Bogart. 
 

http://s.tf1.fr/mmdia/i/45/4/the-artist-oscars-10652454vxedb_1882.jpg

        Enfin! Parlons de cette musique sublimant chaque instant par un hommage réel au cinéma des années 20. Sans ce génie breton Brouce, le film n'aura pas été du même acabit. Réellement. Donc pour reprendre les mots de Dujardin non censuré à notre plus grand plaisir : "Oui Génial putain merci"

        Cannes, Golden Globes, César, Oscar. En ce jour on peut être fier d'être français pour avoir inventé le cinéma. C'est marion Cotillard qui doit tirer la gueule. Mais bon, t'inquiètes Marion, Dark Knight Rises va défoncer. Mais on peux regretter une chose à ces oscars. Comme je l'ai dit, aucuns des deux plus grands traumatismes de la critique de ces 10 dernières n'ont été récompensé. Autant Drive méritait de tous rafler, autant Shannon méritait l'oscar du meilleur acteur pour son aura exceptionnelle...Allez chapeau l'artiste. 

         Quand à toi, inconsolable cinéphile qui n'a pas vu tes deux claques de l'année à la cérémonie, voilà un dernier hommage. (Harry Potter n'a rien à faire là dedans, hélas ).


<< Page précédente | 1 | Page suivante >>

Créer un podcast