Source Code de Duncan Jones
Alors on a beau être le fils ou la fille de quelqu'un connu, on peut très bien faire de la merde. Disons le. Ainsi, Laura Smet reste le calvaire de bon nombres de cinéastes pour ses horribles prestations dans la quasi totalité de ses films. Dans le même genre on a aussi la fille de Tapie, qui se permet une pièce de théâtre très franchement nullissime en prime time sur la deux. Et puis dans l'autre sens, on peut avoir de belle surprise. Le meilleur exemple restant Sofia Coppola qui a force de vivre sur des plateaux de cinéma a su capter la mélancolie tellement ses films finissent malheureusement par se ressembler par leur minimalisme ( Lost In Translation, ou le dernier Somewhere ). Même remarque pour Gavras fils, qui réalisa en début d'année le nihiliste et totalement assumé Notre Jour Viendra, réussite mutilée par nos ô grandes critiques française politiquement correctes.
Et puis on peut aussi ajouté Duncan Jones, qui est en fait le fils de David Bowie. Oui pour les amateurs, David Bowie n'est pas son vrai nom, sa aurait été trop beau. Sir David Robert Jones est donc le patriarche de ce jeune cinéaste, qui lui aussi a force de se voir derrière la caméra des Tony Scott ou des clips vidéos de Papa s'est donc initié à ce métier, et de qu'elle manière ! Sorti en 2008, Moon, sombre folie du jeune réalisateur envoyait sur orbite le fantastique Sam Rockwell a la recherche de soit même. Arpentant les sujets alors cher à Duncan Jones : La folie, La paranoia, le thème du double, le manque affectif du monde extérieur ou encore et surtout le thème du huit clos. Moon était donc le carnet de bord d'un ouvrier seul sur la lune. Félicité dans les plus grandes salles du monde ( mis à part en France, merci au passage...Stupid boys... ) pour son voyage entre 2001 et Appolo 13, les yeux pervers financièrement parlant que sont Hollywood ont alors proposé à Duncan cette première oeuvre très Américaine, dans les règles de l'art.
Car Source Code, pour en venir à celui ci, est un film qui dans le synopsis promettait quelque chose d'énorme. Un type lambda se réveille un jour dans un train, il ne connait personne, et ne reconnait pas sa gueule dans les toilettes. D'un seul coup, l'homme en question meurs sous les flammes du train dans lequel il y est. Il finit par savoir qu'il est en fait une expérimentation du Source Code, nouvelle invention hyper-méga-sophistiqué d'un ingénieur Américain avec laquelle il peut revivre 8 minutes de la mort d'un individu du train afin de connaitre l'identité de ce gaillard. Ainsi Source Code promettait selon un descriptif digne de NRJ d'être "entre Mission Impossible et Minority Report" ( deux claques au passage! Et deux Tom Cruise! ). Sauf que Duncan Jones n'avait pas exactement tout le contrôle qu'il aurait aimé avoir derrière les manettes.
Fort heureusement, cela n'a pas été le calvaire vécu par Fincher sur la plupart de ses films et surtout l'horrible post production d'Alien 3 qui le contraint à renier son superbe film. Ici Duncan Jones emprunte un script déjà bien écrit auparavant, et tout semble croire que ce script a été difficile à retoucher. Aussi peut être a la complexité du scénario, qui engendrait une mise en scène délicate. Duncan Jones semble signer en effet un film dans le politiquement correct à Hollywood. Une sorte de Série B à la Tony Scott comme on en voit des centaines par an. Son esthétique s'en rapproche énormément ( Unstoppable de Scott parlait aussi d'une foutue machine à vapeur ), et aussi dans la photographie, bien trop superficielle et loin d'être la claque visuelle qu'était Moon. Duncan Jones, à force de travailler la mise en scène du scénario afin d'opter pour une totale compréhension du spectateur oublie les autres traits du métier, la direction d'acteur, la décoration, les facettes de ses personnages aussi important soient ils semblent tous avoir les mêmes attitudes/caractérisations qu'un calamar de Tchernobyl tellement ils sont superficiels.
Côté mise en scène, Duncan Jones se permet quelque chose. Certains de ses plans sont respectables même si ses longs travellings de Moon ne rattrapent réellement jamais les prises de vues que Source Code offre. Ainsi malgré quelques bonnes idées de mise en scène ( travelling de grue dans le train ou en dehors, superbes plans aériens au générique ou encore caméra à l'épaule sur le long du wagon ) Duncan Jones semble se perdre dans la banalité d'une mise en scène typiquement Tony Scotienne, appelant alors forcément à la série B haut de gamme. Là où Source Code se voulait être un film plus ou moins avant gardiste du thème, il s'enlise dans une péripétie sans réelle valeur telle que l'histoire d'amour entre la somptueuse Michelle Monaghan ( Oh Michelle ! ) et l'impeccable Jack Gyllenhaal qui surprend à chacune de ses apparitions malgré une merde sous le bras ( Prince of Persia ) et des chef d'oeuvres du genre au profit de la carrière ( Zodiac, Brockback Mountain, Donnie Darko ).
Car les acteurs principaux sont alors sacrément superficiel. Vera Ferminga semble avoir perdu espoir de réaliser une belle carrière depuis sa remarquable interprétation dans les Infiltrés, de même pour Michelle Monaghan qui malgré sa beauté semble elle aussi paumée. Source Code semble toucher le point sensible sur son dénouement. Totalement pro-Hollywoodien de l'happy ending familial où le film perd en intérêt et surtout en profondeur. Mais Source Code semble acquérir deux bons points, d'une part, son hommage flagrant au série B des années 50 genre le chef d'oeuvre "L'invasion des profanateurs de sépultures" par le biais de la somptueuse composition de Chris Bacon ( décidément Amerloque jusqu'au bout! ) qui subtilement pompe le main title de Phénomènes signé James Newton Howard et surtout notre Alexandre Desplats et son "Truth about Ruth" dans le dernier Polanski, The Ghost Writer. Le second point reste la maniabilité avec laquelle Paul Hirsch ( oscarisé sur Star Wars IV ) renouvelle ses 8 minutes sans jamais tombé dans l'overdose picturale.
Source Code est donc la déception de ce premier semestre très certainement. Là où Duncan Jones aurait pu réaliser un film ingénieux et subtil dans la veine des Retour vers le futur ( Nom de Zeus ! ), on aura donc eu le droit à une allure de Déjà Vu. Non pas l'expression, mais le film de Tony Scott qui divague un peu sur le même sujet, sans jamais réussir à nous en mettre plein la vue. La ressemblance avec Source Code reste encore ici frappante. Duncan Jones est jeune et il lui reste pas mal de temps pour nous parsemer de quelques oeuvres aussi incassables et originales que Moon. Et on compte sur Ziggy Stardust pour le remettre dans le droit chemin, et pas forcément celui de Hollywood, car ici, Source Code malgré quelques bonnes trouvailles s'essouffle aussi rapidement qu'un asthmatique courant après le train, et est donc inévitablement, est une mauvaise opération.