Exit Through the Gift Shop de Banksy
Faites le mur ( dans son horrible traduction francophone, remercions encore nos producteurs bien aimables de changer le nom original ) est donc présenté comme l'unique film de Banksy, le plus grand graffeur de son ère, inconnu du grand public, se moquant de sa notoriété. Le meilleur exemple restant la façon dont il ouvre son soit disant film "Au départ sa devait être un film sur moi, mais ce type est bien plus intéressant que moi donc sa sera un film sur lui." Point Final. Faites le mur est en fait l'autobiographie de Mr. Brainwash, un personnage Français installé dans la cité des anges, un personange insensé, presque nihiliste. Un cul terreux, un imbécile, un type lambda perdu entre ses caméras dont il est devenu un fou furieux, et ses milliers de cassettes dont il ne sait quoi faire. Voilà comment un jour il rencontre son cousin en plein acte, Invaders, qu'il commencera à filmé, avant de filmé tout les plus grand graffeur de la planète, puis Banksy, avant de se mettre lui même à graffer et à exposer au sein de la cité des anges.
Voilà comment est présenté Faites le Mur au départ, comme un documentaire authentique, et l'unique témoignage de ce qui reste de l'artiste pochoiriste le plus important du siècle peut être. Ses oeuvres se vendant des millions, on prend un malin plaisir à défendre ces vandales de l'ombre qui au final, ne font que décorer la rue, remplace une poubelle par une oeuvre d'art. En fait, c'est non les graffeurs qui rendont la société hideuse et lambda, mais bien nos immeubles champignons s'élevant toujours plus haut, boosté au capitalisme primaire. Comme le dis Banksy : "si vous peignez dans une ruelle, vous n’êtes en compétition qu’avec une poubelle" Banksy sait trouver les mots pour décrire l'attitude morale de la société et de celle des graffeurs, et ses citations tout au long du film ne donne envie que d'une chose. Prendre un cutter, non pas tuer, mais créer un pochoir et vivre l'hyper tension de sa vie. Harder Thank You Think.
Ce thème de Street Art de graff, avait par ailleurs déjà été étudié dans l'excellent Graffiti : 20 Ans de tag à Paris, produit et Narré par notre Vincent Cassel National, très proche du milieu. Faites le mur est donc dans la même veine. La première partie de ce reportage reste donc une énorme claque visuelle, au montage ficelé, domptée par la voix amusante et presque satirique de Rhys Ifans, acteur du prochain spider man pour le coup. Et voici qu'une seconde partie, amené par le personnage débilo-grotesque de Thierry Guetta apparaît comme un graffeur à part entière où Banksy passe derrière la caméra soit disant. Cette deuxième partie reste malgré moins surprenante et intéressante que la première étant donné qu'elle ne s'adresse unique aux travaux pastichés de Mr Brainwash. Thierry Guetta n'est donc qu'un baveux copieur de Banksy et bien sur, un personnage étrange. Quitte à paraitre ridicule pour la moitié de la planète, faisant l'idiot devant la caméra, surjouant dans les émotions, surjouant tout court. Banksy le désigne alors comme un nouveau Andy Wharol ( dans toute sa modestie ), bien que celui ci n'ai ni l'intelligence du premier, ni la virtuosité du second.
Ce qui amène alors à une dernière problématique concernant ce film ? Est -il juste le plus gros canular depuis le monstre du Loch Ness, ou pire, depuis les petits hommes vert de Roswell en 1947, genre le reportage rock tordant Spinal Tap ou le délicieusement tordu Opération Lune qui remettait alors la guerre froid en question. Thierry Guetta semble juste surjouer son rôle, on pourrait presque penser que Faites le mur est un ersatz de Borat. Où tout un monde a mis du sien pour réaliser un faux documentaire, avec un personnage principal totalement improbable, et où certains graffeurs se sont amusés à raconter des âneries. Rappelons le au départ, Banksy souhaitait que son film s'appel "Comment vendre de la merde à des cons ?" Bien qu'il ne parlait que de ses oeuvres, tout ceci porte à confusion. A celà vienne s'ajouter les origines floues des contacts, et surtout, la chute de ce film. Où Thierry Guetta, en copiant les meilleurs, devient millionnaire. Canular ou juste documentaire le plus hallucinant de l'année sur le personnage le plus improbable qui soit ? Le fait que Guetta soit un connard faisait L'unanimité à la sortie du cinéma.
Faites le mur est donc un remarquable reportage ( ou un remarquable coup de maitre pour le coup! ), un formidable coup d'oeil sur le monde si controversé des graffeurs, véritables artistes modernes, sortant la nuit, lumière sur eux dans l'ombre. Certainement le meilleur reportage de l'année 2010, adulé aussi bien à Sundance, qu'à la sortie du Katorza en ce Dimanche soir, devant une foule criant au scandale devant le personnage improbable et pourtant réel de Mr Brainwash. Banksy et tout ses milliers de camarades méritent donc plus d'attention au street art, ou au Pop Art. Adieu Rembrant, Adieu De Vinci ou De La Croix, Banksy, Fairey ou Invaders prendront bien un jour une place aux côtés de certains chef d'oeuvre picturaux. Car l'art de rue clandestin, considéré comme un acte de vandalisme sera un jour, reconnu comme un artiste à part entière. Goya hurlait au monde entier l'horreur effroyable du Tres de Mayo. Banksy lui, tout en justesse, montrait que le simple pochoir d'une fille emmenée par des ballons était un symbole de paix. Un personnage intelligent, flamboyant, l'implicite Banksy. Et toujours cette tournure au second degré. Banksy ? Oh oui, un héros. Un vrai. La preuve en image à Gaza. Certainement sa plus grande oeuvre.