Catfish d'Henry Joost
et Ariel Schulman
Pour la plupart, nombres de copies ( bien non officielles ) de Paranormal Activity verront le jour. Ou dans un cadre plus étrange. Comme le mois passé avec le bizaroïde Troll Hunter où une jeune bande de queutard-fêtards allaient chasser du Troll avec un chasseur paumé entre l'autisme de Sean Penn dans Sam et les chasseurs incestes du terrifiant Délivrance de John Boorman. Il n'empêche, chacun de ses films, à sa façon, se permet de rivaliser pour trois francs six sous avec quelques bonnes séries B du genre. Viens alors Catfish qui sorti en 2010, fut -malgré eux- d'abord tourné en 2007. A l'époque où Facebook envahissaient toutes les fenêtres du monde. A l'époque où le voyeurisme anticipé de George Orwell dans 1984 n'était que Science Fiction...
Nev Schulmann est un photographe de danse qui fait la rencontre d'Abby. Jeune surdouée de la peinture à 8 ans qui reprend chacun de ses clichés. Les jours passent et Nev continue de se rapprocher de la famille -et surtout de la grande soeur diaboliquement jolie Mégan- avec qui il tisse ses liens via Facebook et quelques appels téléphoniques. C'est alors que Nev décide de traverser les états Unis pour rencontrer ceux avec qui il communique et entretien une relation à distance depuis près d'un an...Nev ne s'en remettra peut être jamais. C'est à l'aide de son frère et d'un ami réalisateur que Nev souhaite garder un souvenir en haute définition de ce périple. Catfish se veut donc fondamentalement vrai. Par là, qu'il ne s'agit d'un unique et simple documentaire.
Henry Joost et Ariel Schulman shootent donc ce film de centaines de plans pris tout au long du périple. Le tout porté par la voix de Nev, qui n'est au final sans rappeler l'art très visuel de Mike Mills. Par là Catfish se veut cruel et ludique. Comment peut-on faire confiance à Facebook? Comment une simple page internet peut vous trompez à ce point ? Très cher à l'air du temps, Catfish permet de dresser le portrait effrayant de ce genre d'idylle que seul peut créer un réseau social tel que Facebook. Simple Critique ou Véritable délire cinématographique de trois génies? Dans un premier temps, à l'instar d'autres films du genre tel que Blair Witch ou Rec, Catfish est franchement renversant à la façon dont il définit la frontière entre la réalité et la fiction. La mise en abime : Le spectateur et le protagoniste principal se retrouve face à un jeu de chat et à la souris, est ce que tout cela est vrai ? Ou un simple et brillant Fake.
C'est alors que Catfish se permet de jouer la carte du thriller paranoïaque. A la manière de Blair Witch, se dévoilant totalement angoissant à l'approche du moment fatidique et par le jeu radicalement humain des protagonistes, qui ne le sont peut être pas. Bénificiant alors même d'une incroyable scène mélodramatique dans laquelle à la fois l'enjeu du film est changé et la vision que nous avons de l'oeuvre. Seuls les sentiments jouent dans cette formidable mise en scène bercé par les douces notes du Truman Sleeps. Encore une fois à la fin, le film semble si correct et humain, qu'il serait insensé de penser que Catfish n'est le fruit que d'une mise en scène à la fois virtuose pour son simple, et indépendante dans son ton. Faisant alors de Catfish l'un des documentaires ( ou documenteurs ) les plus réussis de son époque.
Impossible alors d'en déduire la nature du Twist End final de ce fantastique film amateur à la manière d'un Forgotten Silver de Peter Jackson. Le documenteur est dans l'ensemble simple à reluquer, mais ici, tout semble prendre une autre dimension. Dans les deux cas, le poisson chat peut s'estimer comme l'un des plus réussis et ancrés de sonépoque. Facebook bénéficiait alors d'une deuxième critique à son égard suite à la sortie de l'excellent Social Network de maître Fincher. Le but ( ou plutôt la morale dans l'autre cas ) de Catfish se veut révélatrice : La nature des relations humaines ont changé. Chacun peut alors se prendre pour un sociopathe à la Travis Bickle, et se marié à une autre identité. L'ambiguïté atteint son sommet dans l'annonce final du film, et la campagne de pubs pour Catfish. Phénoménal Fake ou Triste Réalité ? Encore une fois brillamment dans les deux cas, Catfish se dévoile remarquable, et pour le coup, totalement alarmant.