Tron : Legacy de Joseph Kosinski
Tous les geeks de la planète s'en rappellent encore de ce jour, où à l'aube de l'ère informatique un fraichement diplomé de la "Futures Geeks Institue" du nom de Steven Lisberger faisait irruption dans le monde si prisé du 7ème art. Sa rime avec Burger, mais surtout avec déclencheur. Déclencheur d'une réelle nouvelle ère cinématographique. En effet le Tron de 1982 était le tout premier long métrage à mettre en vedette des acteurs réels pour les placers dans de l'imagerie informatique de manière plus que hasardeuse -même si le film possédait un certain budget-. Tron s'avérait en fait être certainement le film d'une époque, alors en pleine euphorie du kitsch assumé avec Dirty Dancing ou Grease. Une époque où la révolution informatique allait clairement catalyser l'industrie du cinéma High Tech qui plus tard fera ses grandes heures avec les studios Weta de Peter Jackson.
En 1982, Tron est un échec flagrant (flinguant le budget des studios Disney). Pourtant le film acquiert une certaine notoriété au près des gens, et des jeunes. De nos jours, le film est clairement devenu culte. Même si les effets spéciaux étaient réalisés avec des fils d'aiguilles et des microprocesseur aussi puissants qu'une calculatrice du 19ème siècle, Tron est devenu un objet de prédilection. Indéniablement Kitsch, relativement cucu la praline, mal interprété (il ne fallait peut être pas attendre plus de la part du jeunos Jeff Bridges à l'époque) et d'une mise en scène...Bref, le film valait surtout le coup d'oeil pour sa première incursion dans le monde virtuel généré par l'informatique. (Windows n'existait pas encore, Respect). En 2009, avec la notoriété d'Avatar grandissant au fil des jours (le film n'ayant pourtant pas encore vu le jour), Disney décide de Rebooter l'oeuvre, histoire de se rafraichir son compte en banque (en pleine crise) et pour donner une arrière gout de ce que aurait voulu avoir à l'époque le jeune Lisberger.
Mais alors voilà, on tourne un reboot, donc on fait un film sans âme. Déjà que le premier n'en avait sensiblement aucune (okay on l'a compris on les pardonnes car c'était pas le but), mais ici sa semble dépassé à peu près tout ce que l'on puisse imaginé. La génèse Tron : Legacy (l'héritage en frenchie) avec Joseph Kosinski, un autre geek! A ne pas confondre avec le génial DJ Kavinsky, ce Kosinski avait pourtant de quoi faire pousser une oeuvre assez étrange pour faire parler d'elle ailleurs quand dans l'utilisation (maintenant hyper intensive) des effets spéciaux. Après tout, refiler la genèse d'un tel projet à ancien étudiant en Architecture était juste une putain d'idée. L'univers de Tron étant confectionné selon les modélisations foutraques des jeux vidéos de l'époque. On aurait juste voulu qu'ils réalisent un film et pas un bouillon de spots publicitaires de la nouvelle ère graphique.
Pourtant de ce côté là, Tron Legacy est relativement bien exploité. On prend un malin plaisir à savourer les édifices totalement frapa-dingues que seul l'univers du "video game" peut nous fournir. Les couleurs misent en avant rappellent parfaitement les grandes lignes du jeu vidéo (le bleu c'est gentil, l'orange ou rouge, c'est pas bon du tout). Au second degré, le film peut se déguster comme une oeuvre lambda que l'on regarde après une soirée un peu mouvementée. Et encore, c'est pour dire. Ailleurs, Kosinski ne propose rien, le film est indéniablement dénoué d'âme. Même la rivalité entre le bien et mal ne surprend pas, le film passe comme si rien ne se passait. Aucuns propos, ni gestes ne sont mis en avant, mais fallait-il s'attendre à plus ? Bien sur, car comme on l'a prouvé il y a peu, on peux réaliser des films high techs et proposer des choses, aussi bien dans la mise en scène que dans la caractérisation des personnages (On pense au franchement sympathique Tintin de Spielberg).
Car à part l'univers graphique (visuellement très beau) du monde, et de la 3D intensive (on s'en lasse rapidement), Tron Legacy semble piocher des idées dans un chapeau et nous les proposes sans réellement ajouté quoi que se soit. Totalement impersonnel, le film ne possède aucune mise en scène. Pire que tout, l'interprétation des acteurs est aussi navrante qu'un Ed Wood grande époque (les acteurs étaient piochés au hasard dans la rue, c'est pour dire). Peut être qu'à force de financer la technologie, la production a t-elle oublié d'embaucher quelqu'un pour le script (et un acteur principal aussi)? Le dernier quart d'heure (dérisoire) permet d'exploiter cette thèse où même de la vérifier, en effet le combat final semble se volatiliser dans un happy-end relativement neutre où aucunes émotions ne se passe. C'est simple, une bonne partie de Time Splitter sur PS2 nous permet de concocter plus d'émotions que Tron Legacy dans sa globalité.
Fort heureusement la French Touch Electro ajoute de très bonnes choses (en pleine effervescence depuis ce film, on pense à Drive), dynamité par le duo Daft Punk, le film relance tout de même quelques élans de générosité des spectateurs à l'écoute de la magnifique BO proposé par les Frenchies. Ou encore l'apparition de Jeff Bridges avec 35 ans de moins reste elle marquante pour n'importe quel spectateur, mais cela ne suffit pas à Tron Legacy pour sombrer dans les oublis. Et même si Olivia Wilde est certainement l'une des plus belles femmes de la planète, le premier long métrage de Kosinski ne veux certainement le coup d'oeil que via l'aspect technologique. Et oublier de fournir une mise en scène, aussi minime soit-elle reste, pénalise le film de long, en large et en travers. Parfois il faut savoir faire les bons choix. Game Over.