The Killer Inside Me de Michael Winterbottom
Les sérials killers ont toujours aimé le cinéma. Par le biais du portrait d'un sérial killer, genre Henry dirigé par John McNaugthon, au tout début de l'histoire du cinéma avec le démoniaque et pédophile M le Maudit, ou encore, dernièrement avec la très belle réussite de David Fincher, Zodiac. Les sérials killer ont toujours eu un certain goût pour le cinéma. C'est simple, tuez des gens, et on fait un film sur vous la plupart du temps. Malheureux, mais réaliste. Réaliste, c'est là qu'intervient certainement le goût prononcé des cinéastes pour le style si particulier. D'où peut être ce sentiment horrible lorsqu'on suit à travers un film un sérial Killer.
Tiré d'un des thrillers les plus appréciés de sa génération ( Le démon dans ma peau en version Gauloise ) écrit par Jim Thompson, célèbre écrivain amerloque des années 50 et de la vague des romans noirs. Suivant alors la chute, ou la progression d'un personnage, sa mentalité, son caractère progressant sans cesse au fil des lignes et des pages. The Killer Inside Me raconte alors l'histoire de Lou Ford, aimé de tous, respecté de tous, adjoint du shérif, traumatisé de la vie suite à un vieux souvenir embarrassant, mais fou furieux aux heures de la pleine lune. Tabassant et tuant au point d'en prendre un coup dur.
Pour ce genre de romain traumatisant et hyper réaliste, il ne fallait qu'un petit fou pour s'attaquer à la dangereuse tâche qu'était l'adaptation de ce grand thriller de Jim Thompson, Michael Winterbottom s'est alors essayé à la tâche. Réalisateur de la nouvelle vague Anglaise, Winterbottom est ce genre de réalisateur ni mauvais, ni excellent. Aucunes de ses pélicules n'ont fait des chiffres hallucinants au box office, et pourtant, respecté pour ses premiers films à l'éclectisme fascinant qu'on lui doit pour son biopic musical cool 24Hours party people, ou son porno auteurisant 9 Songs. Içi, Winterbottom signe tout d'abord un film noir old school, rappelant le meilleur des années 50, et filmant parfaitement bien l'amérique puritaine et vieux jeu de ces années là. Accompagné par l'excellente BOF De ce film, entre country à la Little Willie John au générique, ou aux montées orchestrale stupéfiante selon la progression de la scène.
Présenté à Cannes, The Killer Inside Me a beaucoup choqué, par le biais de ces scènes de violences terribles ( tabassage hallucinant de Affleck sur Jessica Alba ) qui ne laisse personne indifférent face à l'acharnement de Lou Ford. Winterbottom s'expliquant juste respecter l'oeuvre de Thompson et répondant aussi par "c'est à dessein et que mon objectif est qu'il ne laisse pas indifférent." Pari alors réussi pour Winterbottom qui met en scène un impressionnant portrait psychologique du personnage de Lou Ford. En flashbackant momentanément les traumas de Lou Ford et en explorant le subconscient innocent et délicieusement coupable du protagoniste interprêté par Casey Affleck.
Frère du balourd Ben, Casey Affleck signe içi, après un étonnante composition dans l'Assassinat de Jesse James, une performance exceptionnelle avec sa gueule d'enfant touchant. Portant sur ses épaules, l'une des grandes réussites de ce film et effaçant tous les seconds rôles portés pourtant par des acteurs tel que Kate Hudson, Nead Beatty, Elias Koteas ou encore Jessica Alba. Arrachant son image d'acteur Hollywoodien basique pour toujours, explorant le thème du sérial killer au delà des limites, et certainement l'une des plus grandes composition dans ce style depuis Kevin Spacey dans Se7en en Tueur obscur et complexe, séduisant et complétèment allumé.
The Killer Inside Me par son sujet, était donc destiné à un suicide commercial, et n'aura malheureusement pas eu le succès qu'il méritait d'avoir pour l'immense composition d'Affleck, et la mise en scène écleptique du très intéressant Michael Winterbottom qui réalise là une oeuvre sur la note juste. Maniant parfaitement bien le subconscient du personnage, et les scènes de violences auxquelles personnes n'espérait voir un jour sur une bobine. Une excellente surprise pour ce film choc, magnifié par le casting parfait de ce film décidément sociopathe. Une des réussites de l'année 2010.