The Ghost Writer de Roman Polanski
Le Thriller Politique a marqué les années 70 du cinéma. Qu'il soit américain, anglais ou français, le thriller politique, lancé par des hommes tel que Robert Redford, a secoué les salles du monde entier. A commencé par des films tel que Les Trois Jours du Condor, les Hommes du présidents. Leur thématique sont souvent la même, un individu, seul, se retrouve face à des ennemies bien supérieurs en nombre, et en hiérarchie. Il décide alors de se lancer dans une guerre presque perdue d'avance...Idolatré de certain ( Christophe LeMaire ) le thriller politique de nos jours a beaucoup plus du mal à se dévorer sur pellicule. C'était le cas avec le Fair Game, dernier Sean Penn, totalement rincé de la critique, filmé par le réalisateur de Jumper ( oui vous savez cet abruti qui se téléporte un peu partout ), Fair Game reste donc une preuve que le thriller politique, en vogue dans le temps, c'est assombri de nos jours. Jusqu'au retour de Polanski...Explications en détails...
Longtemps attribué à Nicolas Cage -qui s'est plutôt empressé de jouer dans des saloperies nuisibles à la santé de tous cinéphiles- dans le rôle du nègre littéraire, Polanski allait signé son dernier film en date. The Ghost Writer, tiré d'un bouquin politique du maintenant célèbre Robert Harris depuis son Fatherland. Une histoire folle, alliant la victoire des nazis sur les alliés dans les années 60 et les conséquences que cela à engendrer. Un passé alternatif totalement visionnaire pour tout dire, un peu dans la veine du chef d'oeuvre de Georges Orwell 1984. Sur ce livre "The Ghost", traduit par "L'homme de l'ombre" pour des raisons de politiquement correct ( pensez un peu : Le nouveau roman de Robert Harris : Le nègre ), The Ghost se situe quelque part entre les terrains minés de Kafka ( le procès ), le meilleur de Hitchcock ( La mort aux trousses ) ou encore par le thriller politique des années 70 évoqué précédemment dans la veine des Hommes du Président ou de Marathon Man, tous deux avec Dustin Offman.
Ours d'argent au mythique festival de Berlin, Réalisé dans -soit disant- l'Amérique méconnue de Boston et ses petites îles qui n'ont pas de malades ou de tueurs psychopathes pour une fois, le ton de Roman Polanski se ressend à présent à sa manière de filmer les médias comme des parasites infaillibles. Car rappelons le, d'une part Polanski n'a pas filmé aux Etats Unis où il est toujours considéré comme un Fugitif depuis son histoire d'abusion sexuelles sur une mineur. Pour cela se tourner plutôt vers l'excellent reportage : Polanski, Wanted And Desired. Sinon se tourner vers The Ghost Writer parlant d'un nègre littéraire écrivant les mémoires de l'ex premier ministre dans sa villa de Luxe sauf que l'ancien nègre littéraire de ce même Ex premier ministre s'est vu se noyé dans les eaux glacées de Boston. Sur ce thème Polanski filme à coups sûrs ce qui reste son meilleur film depuis Chinatown avec Jack Nicholson, c'est à dire, il y a déjà bien 35 ans. (Oh Putain!)
D'une part, la réalisation de Polanski est au poil, cette façon de filmer dans absolument dérangé de tous filmer dans sa perfection. C'est à dire que chacun des plans de Polanski est une oeuvre à lui tout seul, la symétrie est toujours parfaite, ses alignements rectilignes des décors, ne filmant jamais avec une caméra à l'épaule. Le maître est là, et même pour ceux qui ont du mal comme moi depuis Chinatown où Polanski était passé par de sacrés films bizarres et lambdas ( La neuvième Porte ), cette réalisation assomante est déjà l'un des clous du spectacle. A cela vient s'ajouter sa mise en scène, ce fatalisme propre à Polanski montre toujours sa puissance surtout en ce qui concerne ses dix dernières minutes. Il a adopté au fil du temps, un certain plaisir coupable à laisser le spectateur sur sa faim. Bien que Grandiose, chacune de ses chutes auraient mérité un film à elle toutes seules. Ce fatalisme, depuis Rosemary Baby, plait dans l'oeil de n'importe quel cinéphile.
Et puis pour un film si attendu depuis le Pianiste et son oscar qui trône toujours à Hollywood -Polanski ne pouvant pas être à la cérémonie à la cité des anges- il a su surtout s'entourer d'acteurs et d'actrices épatants. Là où Pierce Brosnan flirtait avec le ridicule dans le dernier James Bond, son interprétation reste à l'image de Bale dans The Fighter, certainement le rôle de sa vie. Tout comme Kim Cattral, à des années lumières de sa bouseuse série de Sex & The City. Et puis Ewan McGregor, l'écossais, l'enfant terrible d'écosse, jouant toujours avec cette modestie sans fin, et ce charisme hallucinant, est irrésistible dans ce rôle totalement paranoïaque de Nègre Littéraire, Héros Kafkaien dans toute sa puissance. Aidé par la saisissante lumière de Albrecht Konrad, et surtout de la fantastique musique de notre Alexandre Desplats national, qui ici contrairement au Discours du Roi était touché par la grâce pour cette performance rarissime avec une musique teinté de film à suspense des années 70 dans l'esprit de Philip Glass.
The Ghost Writer est donc certainement l'aboutissement de toute une vie pour Polanski qui signe ici son meilleur film. Planant sur les contrés Hitchcockienne, suivant les traces du héros du procès, jusqu'à faire renaître le meilleur du cinéma Amerloque des années 70, Polanski en met plein la vue, à chaque instant, ficelé par un montage adéquate, se concluant sur deux plans absolument bouleversants pour n'importe quel oeil cinéphile, propre à Polanski. The Ghost Writer, terminé et monté en prison par Polanski depuis son arrestation en suisse, aura donc été tout comme the Fighter, un long combat de post-production, et c'est certainement ici que l'on voit les grands films, se sont ceux qui ont de grandes histoires, et souvent, pas des plus faciles. Un film de grande qualité, un quasi-chef d'oeuvre de la part de Polanski qui certainement, n'atteindra plus jamais ce taux de complaisance avec le spectateur.