Notre Jour Viendra
de Romain Gavras
de Romain Gavras
Formé par le label indépendant Kourtrajmé au côté de Kim Chapiron, le fils de Costa Gavras, Romain réalisait en 2008 son premier long métrage après de nombreux clips pour Justice et son horrible Stress ( le clip aussi inutile et destructeur que la chanson martelé et écervelée du groupe Parisien ) ou bien encore pour MIA, dans lequel, une rafle de roux était effectuée. Stupeur générale aux premières vues de ce clip complètement hallucinant où des roux étaient raflés puis executés au ralenti dans le désert Californien. Contrairement à ce que l'on peux laisser entendre, Gavras n'est pas raciste, fascite ou autre. Il défend juste le point de vue des roux pendant ce clip, eux aussi victimes de la Shoah rappelons le. Après de nombreuses demandes de fond au CSN dans lequel un projet de film mettant en vedette l'acteur Vincent Cassel serait sur les rails.
Chose promises, chose due, Notre Jour Viendra est réalisé durant l'année 2008 avant de sortir sur très peu, bien trop peu d'écrans français, préférant marteler les bonnes daubes Américaines et répétitives du genre "Shrek sur la Lune" ou "Harry Potter chez l'Opticien Atol c'est 0 Pour Cent". Romain Gavras sort donc son film qui met en vedette ce qui reste depuis la Haine, notre meilleur acteur français, Vincent Cassel. Présenté par une affiche enthousiaste et très originale ( façon film de SF des années 70 par la police ). Cassel par ailleurs accompagné par Olivier Barthélémy, qui n'a alors joué qu'un seul véritable rôle au cinéma, dans Sheitan, dirigé par le meilleur ami de Romain Gavras, Kim Chapiron du label Kourtrajmé. Un duo d'acteur distant d'une bonne vingtaine d'année, mais qui par les paroles et les gestes pourraient nous envoyer sur la route de la bonne relation Grand/Petit Frère.
Première chose à noter, Notre Jour Viendra serait d'après son réalisateur un film "Romantique". Que voulait bien dire Romain Gavras par là ? Le romantisme n'est pas exacerbé pourtant, et ce premier long métrage commence comme la plupart des films du label Kourtrajmé, comme un coup de gueule contre la société. Avec ces chtis ( qui içi n'ont absolument rien de drôle et comique ) face à un mur. Fait de Brique généralement. Un coup de gueule bien trop timide face à l'immense film qu'aurait pu être Notre Jour Viendra si le critère de l'anti racisme roux avait été bien plus étudié et bien plus approfondi. Car au final, il ne devient qu'un prétexte à un road movie entre La Ballade Sauvage de Terrence Mallick, allié à l'univers violent de Bronson ou Orange Mécanique sous fond d'un Blier période plutôt cool ( Genre le début ou la fin, pas le milieu ). Par ailleurs, on ressent l'énorme influence de Benoit Dumont et sa "Vie de Jésus" qui ont inspiré Gavras pour l'intégralité de l'oeuvre par ses plans nordiques désertiques et la détresses de ces principaux personnages ( et disons le, de l'entièreté de tout ses rôles ), obligé à une vie disons le, pauvre de passion et non utopique dans une région bien trop délaissé.
Le plan du film était alors simple, Un Jeune en perdition, se fait aidé par un vieux, Patrick et Remy, ils sont alors roux, n'ont ni pays, ni armée, ni langue, et souhaitent alors se rendre en Irlande. Romain Gavras traite alors durant les 45 premières minutes ( par ailleurs regorgeant d'idées passionnantes ) de ce sujet, où toutes les religions prennent plus ou moins un coup ou une vanne. Gavras recherchant constamment le mix parfait entre le second degré et le malaise total de certains spectateurs, ainsi on passe d'une scène où un des héros se venge des traumatismes qu'il a subit étant petit, à une scène où Cassel joue au chat et à la souris avec un Albinos. Le film arpente surtout le sujet de la descente aux enfers, et de l'espoir qui peut jaillir d'une relation. La question des roux et de cette révolution n'est alors qu'attaquer qu'implicitement au grand gré de tous les spectateurs. Le film au bout de 3/4 d'heure perd alors en originalité pour plonger définitivement dans une narration molle pour revenir en puissance dans 10 dernières minutes visuellement stupéfiantes. La révolution rouquine n'était alors qu'entrevue dans nos espoirs de voir un jour, un film à la hauteur du sujet ( Bien que le thème est exploité implicitement, et non explicitement ).
Il est donc regrettable pour Romain Gavras de ne pas avoir arpenté les côtés fiévreux de Mad Max, pour faire de Notre Jour Viendra, le road Trip post Apocalyptique au message haineux à la George Miller qu'il aurait pu être. Gavras tout de même, montre qu'il a tout d'un grand metteur en scène, surplombant de plan magnifiques, de travellings curieux et efficaces et d'une direction d'acteurs plutôt encourageante. Cassel en psycanaliste-décousu-dépressif et surtout enragé de la vie, est juste un plaisir coupable de Gavras, Surjouant, mais au combien jubilatoire. Gavras s'inspire alors de tout les genres et de tout ce qu'il a vu sur les plateaux de tournages étant petit pour réaliser cette première surprenante oeuvre complètement paumé entre tout les films sortis la même semaine.
Original, trompeur, plaisant, parfois halluciné, On l'aura compris, Notre Jour Viendra peut être considéré comme une réussite, aussi bien qu'un premier suicide commercial de son réalisateur. Tout dépend du spectateur, soit on se laisse emporter, soit on arrête au bout de 5 Minutes, tellement le ton du film marque. Quoi qu'il en soit, ce film possède une qualité artistique sérieuse, la photographie imprégné des paysages du Nord, la musique de SebasTiAn en parfaite harmonie , et une dernière scène hallucinante dans laquelle Gavras montre qu'il aurait pu réalisé l'un des meilleurs démarrages de l'histoire du cinéma Français. Et au final un sentiment jaillissant que Notre Jour Viendra reste l'une des meilleurs surprises du cinéma français depuis l'excellent Deux Jour à Tuer, bien que plus protocolaire. Visuellement écleptique et ravissant, très intéressant sur de nombreux points. Au lieu de sa, Notre Jour Viendra sera destiné au Dvd ou au seconde partie de soirée de France 3 d'ici 20 Ans, car comme le film le montre, dans cette société, dès que l'on réalise quelque chose en dehors de la normale, on est rejeté. "Un jour alors, vous nous accepterez".