La 25ème Heure de Spike Lee
On connait tous plus ou moins, tout comme le western, Spike Lee. Icône exceptionnelle du cinéma américain, et surtout de la culture Afro-Américaine pour son engagement pour justement cette culture, la défense des minorités, et les problèmes sociaux entourant l'ensemble du territoire américain depuis ses premiers films, rendant hommage parfois au cinéma de Blaxploitation. Ainsi au cours de ses années sont nés les très célèbre Do The Right Thing ( dont la Bande Originale fut signé par les cultissimes Public Enemy "Fight The Power" dès le générique ). Inside Man, et son célèbre Huit Clos halletant, à la réalisation et direction d'acteurs remarquables. Ou bien encore, son Malcolm X, son film le plus célèbre tout simplement, pour la formidable prestation de Denzel Washington en leader du Black Power. Spike Lee imprégnant toujours le tout d'une bande originale somptueuse, et de message sociaux-politico-prenant à l'instar d'un Ken Loach dans sa grande Bretagne.
Içi, Spike Lee s'attaque alors au roman de David Benioff, inconnu du grand public, ce dernier assurant pour le bonheur de tous le scénario. D'où cette sensation de stabilité, et de non ennuie durant tout le film. La 25ème heure raconte alors l'histoire d'un hors la loi d'une trentaine d'année qui s'apprête à vivre sa dernière journée de liberté avant 7ans de prison pour commerce de produits illicites. Du deal quoi. Spike Lee s'attaque alors à un drame psychologique entre le Living Las Vegas de Mike Figgis et le film de petit Gangster de retour à la maison comme Little Odessa/The Yards/La Nuit Nous Appartient du jeune et prometteur James Gray. Une histoire surprenante, à la réalisation parfaitement dirigé ( un plan séquence d'une discussion progressive face aux restes du 11 Septembre, et hallucinée grâce à sa musique totalement envoutante ). Et voilà qu'on pourrait s'attendre à ce que Spike Lee choisisse, conformément à ses choix passés, un acteur de la culture afro Américaine, dans la veine de Washington, ou de Will Smith. Edward Norton endosse alors le rôle difficile de Monty Brogan. Connu pour son American History X ( et une nomination méritée aux Oscars en 2001 pour son rôle de Nazi Skinhead retournant sa veste pour se faire pousser les cheveux ) ou encore son Fight Club ( Plus grand duo des années 90 avec Brad Pitt, assurément ), Edward Norton se permet de réaliser non seulement une performance bluffante, mais à coups surs, ajoutant son nom à la case très prisé des meilleurs acteurs de la planète. Un regard de tueur à la De Niro, un charisme digne de Dean. Le mix casi parfait entre ces deux icônes du cinéma du XXème siècle. Edward Norton s'impose tout simplement, et mérité la renommée pour nombre de ses rôles -mis à part le raté Hulk- S'ajoutant à ce monstre, deux acteurs à contre emploi, le montant Philip Seymour Hoffman en prof célibataire-laissé aller-perdu et niai, et encore Barry Pepper, le soldat étrange-moraliste-fanatique du Soldat Ryan, içi en véritable connard de Wall Street, jouant son rôle de Capitaliste abusif et dragueur à la perfection.
Mais reste encore une chose, dont il fallait à tout prix éviter de la part de Spike Lee, surjouer dans la case des sentiments comme on a pu le voir dans la plupart des drames venant du pays découvert par Colomb depuis des siècles de cinéma ( on pense à l'horrible Mesures Exceptionnelles ou au bâtard Une Bouteille à la mer ). Spike Lee évite le tout, n'exploitant que de rares scènes pleines de sentiments, mais s'arrêtant à chaque fois, à l'instant ultime, au point G quelque part. Ce dernier jouant alors à fond la carte du personnage ambigu, conscient d'extérieur, mais au combien Ecorché vif au final. Ce qui permet à Spike Lee d'exploiter quelques scènes absolument exceptionnelles dans le montage et la réalisation, dirigeant Une scène où Edward Norton se parle tout seul face à un miroir, insultant toutes les minorités, les structures, les cultures, sa femme, et pour finir lui même de 6 Min ou encore une baston musclée mais demandée par Norton entre les trois meilleurs amis touchante, et poignante. Le ton du film est donné depuis le départ, et ne cesse d'être régulier durant ses deux courtes heures. Ne Surplombant pas, jouant alors au diapason. Les plupart des sentiments nous sont alors transmis car les protagonistes ont bien trop de mal pour sa. Le seul peut être point faible du film reste peut être le petit le surplus d'engagement de Spike Lee, qui bien que défendant parfaitement comme à chaque fois sa culture, ici, laisse percevoir qu'il semble impossible pour lui de ne plus faire un film sans message politique, ou par petite référence ( les deux seuls afro américains de Wall Street se font incendié et insulté dans une scène ) et surtout, le rôle de Rosario Dawson, qui bien qu'elle soit une superbe créature, ne s'aligne pas dans l'incroyable trio de ce film.
La 25ème heure ( ou 24 heure avant la nuit selon nos amis Québécois et leur traductions toujours aussi pourrie ) est donc un excellent film, simple, prenant, et jouant sur la note parfaite du drame psychologique jusqu'au dernier quart d'heure, juste exceptionnel pour tout ces ingrédients cités. Ce qui nous amène au final à une espèce de course contre la montre, mais contre rien si vous voyez ce que je veux dire. Une oeuvre prenante, et terriblement bien dirigé par celui qui s'avère être l'un de meilleurs en scène de sa génération.