Killer Joe de William Friedkin
Il y a certains réalisateurs qui de nos jours se contre-foutent des critiques. Heureusement. Peu, mais ils existent. Rarissimes même, ils vivent en ermite, produisant leurs films sans sous, dans des conditions de productions intolérables. Sauf que certains d'eux sont des maîtres. Ils ont presque même inventé le cinéma moderne, et les réseaux de distributions se disputent à coups de roupies du 10ème siècle afin que quelques fiévreux adeptes, en mal de vrai cinéma d'ambiance, se contentent de ces quelques peloches qui trop rarement nous parviennent. C'étaient les malheureux cas de Coppola l'année passée (Twixt), Carpenter (The Ward mais en réalité depuis Invasion Los Angeles), De Palma depuis une petite dizaine d'années...Désolé Brian.
Et c'est le cas de William "Méphisto" Friedkin. L'homme, car c'est un sage de 76 ans, continue de balafrer la belle image gentille du cinéma Américain depuis 1971 et son French Connection. Terrible histoire de flic où pour la première fois, le gentil était méchant, et un sacré frappé du galiwoak. Naissance du film de bagnole cervelé, puis en 1973 avec l'Exorciste. Le temps de faire peur à un bon tiers de la population mondiale, Friedkin se veux stimulé par l'excès, la violence morale et physique. Malgré son magnifique Bug, incroyablement dompté par un Michael Shannon tout droit immergé de l'anus du diable, Friedkin est toujours resté bloqué pour le grand public au panneau Stop symbolisant le début des années 80.
Et c'est le cas de William "Méphisto" Friedkin. L'homme, car c'est un sage de 76 ans, continue de balafrer la belle image gentille du cinéma Américain depuis 1971 et son French Connection. Terrible histoire de flic où pour la première fois, le gentil était méchant, et un sacré frappé du galiwoak. Naissance du film de bagnole cervelé, puis en 1973 avec l'Exorciste. Le temps de faire peur à un bon tiers de la population mondiale, Friedkin se veux stimulé par l'excès, la violence morale et physique. Malgré son magnifique Bug, incroyablement dompté par un Michael Shannon tout droit immergé de l'anus du diable, Friedkin est toujours resté bloqué pour le grand public au panneau Stop symbolisant le début des années 80.
Car Killer Joe est un putain de film. Ce qui est marrant avec Friedkin, c'est de voir à quel point il peut emmerder les critiques snobes, adeptes de la branlette intellectuelle sur TV5 Monde. Toujours aussi virulent dans son ambiance refoulant la tension électrique, Friedkin freine sur tous instants politiquement incorrects. Comble du comble, Friedkin semble aussi emmerder son public si celui-ci n'adère pas à son Killer Joe, faisant de lui un putain de film rock. L'histoire de Killer Joe mérite d'être souligné par sa complexité Oedipienne : Un dealer mal-famé en quête d'argent entreprend de tuer sa mère avec son père afin de toucher la précieuse assurance. Faisant alors appel à Killer Joe pour faire le sale boulot, ripoux, allumé, baisé.
Frappé depuis l'intérieur, le film semble être à l'image de ses personnages de l'Amérique rase-motte adepte de l'autisme familiale, se trimballant à poil, buvant de la bière, aimant la strip-teaseuse et encore une fois, la bière. Le film de Friedkin est alors tout aussi perturbé que les protagonistes et de leur de vie de merde. Friedkin livre alors ce qu'il y a certainement de meilleur dans le cinéma Américain ces derniers temps à travers l'Amérique rurale, perdue entre deux caravanes où pendent des slips sales et marchent de belles blondes perchées (Bellflower, Take Shelter, Shotgun Stories...). Le film complexifie à travers le personnage de McConaughey (incroyable pour le coup) les limites de ses personnages. A savoir, jusqu'où la connerie et la sauvagerie humaine peuvent s'arrêter ?
Killer Joe ne donne absolument aucune réponse à ces questions, prolongeant le nihilisme final, propulsant ainsi jusqu'au panthéon des scènes malsaines, lorsque McConaughey demande à la belle mère de lui sucer...son aile de poulet dans une scène finale outrageante mais au combien époustouflante. Le film est aussi un excellent moyen de revoir le jeune Emile Hirsch, qui après s'être perdu dans de terribles merdes à l'origine du crash boursier mondial (The Darkest Hour) est derrière l'oeil d'un maître, objectivement juste, rouillant de sueur, sentant la crasse et le mal. Car Killer Joe n'est au final que l'histoire du mal où McConaughey, coincé entre The Killer Inside Me et Dexter, semble se payer l'oscar du coeur, et une belle place pour l'enfer.
Malsain au possible, surplomblant la cool-attitude, s'imprégnant de l'efficacité d'un sujet simple mais réaliste, Friedkin réalise le film de tension dont il avait toujours rêvé. Où le méchant charismatique est tout aussi capable de mettre une branlée au gentil, et de coucher avec l'héroïne. Comme si son film n'avait aucune raison d'exister (dernière scène), mais raconte toujours plus que les nombres inépuisables dont fait preuve la France aujourd'hui et que les Inrocks s'empressent d'étaler leur veinarde verve embrouillante. Friedkin réalise du vrai cinéma de série B. La révolution, Friedkin l'a réalisé il a de ça 40 ans, mais le sentiment d'être face à un objet filmique non élucidé, de ce que l'on peux nous proposer de mieux aujourd'hui. La tuerie de cette rentrée.
Malsain au possible, surplomblant la cool-attitude, s'imprégnant de l'efficacité d'un sujet simple mais réaliste, Friedkin réalise le film de tension dont il avait toujours rêvé. Où le méchant charismatique est tout aussi capable de mettre une branlée au gentil, et de coucher avec l'héroïne. Comme si son film n'avait aucune raison d'exister (dernière scène), mais raconte toujours plus que les nombres inépuisables dont fait preuve la France aujourd'hui et que les Inrocks s'empressent d'étaler leur veinarde verve embrouillante. Friedkin réalise du vrai cinéma de série B. La révolution, Friedkin l'a réalisé il a de ça 40 ans, mais le sentiment d'être face à un objet filmique non élucidé, de ce que l'on peux nous proposer de mieux aujourd'hui. La tuerie de cette rentrée.