Blitz de Elliott Lester
On sait, Jason Statham est devenu le castagneur de l'extrême. Les Stathamophiles le savent plus que quiconque, ce pur british des milieux mal famés Londoniens s'est vu au fil des films et des années attribué le rôle du castagneur par excellence. A vrai dire, avant de taper sur du Jet Li ou sur du Steve Austin, Statham avait eu quelques rôles plus fin. A savoir les trois Guy Ritchie dont il reste l'ultime chouchou. Arnaques, Crimes Et Botaniques, le cultissime Snatch dans le rôle de Turkish. Et c'est surtout dans le brillant Revolver que Statham évitait la testostérone pour dévoiler son aisance dans les rôles fins et psychologiques. Dernier exemple en date, le Formidable The Banker Job ( Horriblement traduit par "Braquage à l'anglaise" car c'est plus noble faut croire! ) où Statham puisait toute son inspiration dans un Clint Eastwood des années 70, ou dans un Sean Connery lambda. A tel point que la presse voyait en lui le prochain Branson ou justement Connery pour sa virilité assuré et son aisance à capturer l'âme d'un rôle...plutôt virile.
Sauf qu'on connait la suite, Statham s'est vu offrir par Besson ( Merci Luc ) l'un des pires rôles de sa vie, voir le pire de la décennie dans sa trilogie débilo-grotesque du Transporteur. Image qui le colle encore aujourd'hui à la vue des quelques merdes brassées en cours de route ( le ridicule Rogue : L'ultime Affrontement, ou le très beauf The Expendables de son pot Stallone ). Seulement voilà, Statham est un Anglais, et avec le cours du temps, il a su légitimement déconner avec les rôles offerts par le passé. Son aise dans les autos parodiques Hyper Tensions en sont les parfaits exemples. Car rappelons le, Statham est un putain d'acteur né. Au charisme inné ( du en autre à sa face de british veinère ), et promis à l'indéniable goût de l'aventure cinéphile.
Ainsi Statham se lance sur Blitz ( qui n'a rien de néo-nazi ). Réalisé par le totalement inconnu Elliott Lester et tiré du bouquin R&B Blitz de Ken Bruen vendu aux buralistes des quatres coins du monde. Relatant les méfaits d'un tueur en série au milieu d'Oxford Circus, tuant par ci par là un flic ou deux au jour le jour. Parallèlement on suit l'histoire de Brant interprété par notre British favoris. Virile à en mourir, à la morale discutable, à la connerie indéniable, et surtout à la répartie presque beauf : "J'ai une gueule à prendre des notes ?". Et peu à peu, ce sont les coéquipiers de ce cher Brant qui sont pris pour cible, commence alors une chasse à l'homme entre un givré, un sergent homosexuel, et un écorché vif. Blitz, il est vrai ressemble à n'importe quel film du Dimanche soir, il pourrait même y avoir sa place en guest star.
Pourtant, loin d'être un chef d'Oeuvre ce Blitz se suit très étrangement, très facilement à tel point que l'on prend un certain plaisir à déguster les tabassages de Statham ou du tueur Blitz, Brillamment interprété par Aidan Gillen. Autre surprise, c'est le ton du film, l'ambiance Londonienne donne quelques ailes à ce Lester, à tel point que les références aux maitres du genre ( Inspecteur Harry, Un Justicier dans la ville ) finissent par pleuvoir, comme ce mauvais temps si...propre à Londres. En outre, on prend encore un certain plaisir à suivre cette coopération entre ce flic teigneux, et un sergent homosexuel interprété par Paddy Considine, l'oublié du formidable Dead Man Shoes de Shane Meadows. Loin d'y refléter le travail d'équipe des hommes du présidents, Blitz ose au moins joué de façon presque ironique sur cette facette interprétée par deux formidables acteurs.
Le film, au caractère plutôt curieux, navigue constamment entre le jeu de chat et de souris, le dégommage de flics à la pelle, meurtres crados, tueurs en série plutôt charismatique, et enfin, opposition des deux inspecteurs en charge de l'affaire. Respectant apparemment l'oeuvre originale de Bruen, Lester y ajoute un côté poisseux et surtout un double point de vue plutôt distrayant. Ainsi, on est aussi immergé dans l'oeil de Statham que dans celui du tueur. Un peu à la façon Peter Jackson avec The Lovely Bones, où du traumatisant Le Voyeur de Powell. Le tout dompté par une musique Drum'N'Bass presque gênante, le film de Lester navigue donc au final sans cesse entre l'hommage poussé au film du genre dont Branson en est le semi-dieu, et le film du Dimanche soir. Et ce, même si Lester se base sur des stéréotypes du genre ( coups de basses au moment des tirs de pistolets, répliques beaufs ), ce qui donne au film un arrière goût discutable.
Loin d'être un chef d'oeuvre, et ne se plaçant pas dans la lignée des bouses made in Statham, Blitz reste un divertissement plutôt distrayant et loin d'être chiant par sa violence psychologique et physique tout de même très contemporaines. On regrettera le côté trop étiquetage de Statham, et peut être le manque d'inspiration du film. Qui malgré les bons ingrédients ne réussi pas la bonne recette. Aussi bien par la réalisation inexistante de Lester, que par le manque d'idée innovantes. Lester ne se chargeant juste que d'ingrédients déjà vus, et d'une originalité totalement dépassé. Le roman noir de Bruen aurait peut être mérité un meilleur portrait psychologique que de ne sortir qu'un cadeau à pétard à l'effet escompté. Mais fallait-il aussi en attendre plus ? Blitz reste le divertissement parfois jouissif ( une unique formidable séquence de course poursuite ) et parfois inachevé voir beauf de ce qu'aurait pu être le renouveau de Statham. Car même si le film est supporté par trois formidables acteurs, même s'il y a plus de gueulantes que de coups de points dans ce film, Statham a déjà réempilé par le second beauf Expendables. Un jour, le monde connaitra son talent, et celui de Considine pour le coup.