A Clockwork Orange de Stanley Kubrick
Orange Mécanique c'est L'histoire du gamin lambda, Alex Delarge, en proie avec la loi, devenant meurtrier, violeur, et surtout meneur d'une bande de Droogie avec laquelle il mêle plaisir de la vie, et violence gratuite. Thème à succès dans l'ère du temps ( on pense alors au Warriors, film sorti en 1975, sorte d'apogée de la violence dans les rues de New York, ou encore au premiers films d'horreurs proprement dit avec la nuit des morts vivants de Romero ). A la sortie de ce film, les critiques allèrent de bon train, totalement assassines outre manche, mais dans nos contrées gauloises, plus flamand rose. Orange Mécanique est un film d'hyper violence, d'ultra violence. C'est un grand film de barbare, à l'instar de ses protagonistes, tous plus virulents les uns que les autres. Stanley Kubrick filmait alors l'un des films les plus controversés de l'histoire du cinéma. Non pas que la violence n'ait jamais été vue au cinéma, mais la violence n'avait jamais été auparavant sublimé. Cherchant presque à nous éblouir.
Le style visuel de Kubrick n'aura pas failli, ses travellings arrière en contre plongée, ou ses plans séquences de viols montrent bien que Kubrick avait la tête sur ses épaules. Par ailleurs c'est la première fois que Kubrick souhaite montrer le monde en couleur. Sa décoration exubérante, et ses papiers peints tous plus horribles les uns que les autres ne sont que les résultats d'un travail méticuleux sur ce monde de violence et totalement absurde dans le fond. Ici ne règne pas la loi, mais la violence gratuite rythmée par la musique apaisante de Beethoven.
Par là, Stanley Kubrick souhaite montrer deux choses, d'une part que l'on peut mêler une anti thèse, la douce musique de Beethoven est trop souvent mêlé à la violence gratuite d'Alex, citant Lud Wig Won comme son maitre, et surtout, son inspiration. Car Kubrick rythme la violence aux coups de la 9ème symphonie. Par ailleurs, c'est aussi l'une des plus grandes critiques de la société qu'il peut être réalisée. Orange Mécanique est un critique de l'état, la violence est le miroir de l'attirance recluse de la brutalité pour les hommes et c'est cela que Kubrick souhaite démontré. Il y a donc une explication à toutes ces critiques de l'époque, ne voyant que le fruit du diable à mordre pour trouver une raison à haïr et à fracasser tous ce qui bouge.
C'est ainsi que dans les années 70, de nombreux gangs ont pris place, face à la sortie du film pour commettre les mêmes actes qu'Alex Delarge. Viols, Séquestrations, Tabassages gratuits étaient le fruit de ce film. La morale de Kubrick, souhaitant s'attaquer à donc été dans la plupart des cas, mal saisies, mal comprise. Le film vise directement l'état et dénonce ses failles : Kubrick utilise le choquant pour faire comprendre le message. Mais aussi que la violence, et le sex, sont des parties intégrantes de l’homme et de l’humanité. Le public anglais est bel et bien secoué, mais pas par le fond et la dénonciation implicite du film. Il n'est choqué que par la violence physique présente, et par la forme du film. Sur ce point là, le public anglais n'a pas su trouver cette richesse. Film interdit encore de nos jours au pays de la reine mère, ne souhaitant plus de cette violence.
Mais le film tient surtout sur les épaules d'un acteur épatant, découvert dans le film If... ( palme d'or au festival de cannes en 1969 ), Malcolm McDowell, qui à l'instar d'autres très grands méchants de l'histoire du cinéma ( tel que Hannibal Lecteur joué par Anthony Hopkins ou le mémorable Norman Bates interprète par le défunt Anthony Perkins dans Psychose ) allait être le rôle de sa vie. Le rôle qui vous colle toute une vie, et sans jamais pouvoir s'en détacher tellement la performance est incroyable. McDowell, simule, le viol, la castagne, ou pire, la soumission d'une façon telle que l'on pourrait en croire qu'il ne s'agit plus de simulation, mais de réalité. Son visage façonne l'esprit, ses expressions sont littéralement glaçantes et remplie de sarcasme. Son rôle est celui de sa vie, et c'est surtout des scènes telle que « I'm Sing in the rain » qui lui vaudront à la fois, des menaces de morts, mais aussi, une grande place dans l'histoire du 7ème art.
Car Kubrick ne s'arrête pas là, après avoir nous avoir déjà visuellement glacé avec son style visuel si bien défini, dans lequel il semble n'avoir jamais été aussi à l'aise, c'est en nous décorant d'une fin grandiose qu'il clôt ce deuxième film, à la morale discutable car totalement interprété par le spectateur, mais à la perfection irréprochable. Car Kubrick n'aime pas le happy end tendre américain. Alex DeLarge ne pouvait pas finir le film sans se souvenir du bon vieux temps où avec ses droogies, il « tapait dans le golliwoak » Car Kubrick l'avait compris, ce film, toujours aussi violent 40 ans après, reste d'une virtuosité sans précédent, à tel point que de nombreux sont inspirés de nos jours. Notamment à travers la musique magnifique et délirante de Walter Carlos, grandiose.
Gaspard Noé, en 2010 avec Enter The Void nous faisait découvrir son 2010, l'Odyssée du trépa. Et c'est surtout Nicolas Winding Refn, le réalisateur de la trilogie culte « Pusher » signait en 2007 l'Orange Mécanique du 21ème siècle, Bronson. Un autre fou de l'histoire du cinéma. Orange Mécanique est donc le rouage de toute une industrie, l'un de ces écrou qui auront permis à d'autre de se produire sur un champ alors vierge à l'époque. Kubrick comme à chaque fois était un précurseur dans son thème, et Orange Mécanique en reste le souvenir frappant de ce chercheur d’or. D'autre part, pour les 40 ans du film, et comme nous fêtons l'année "Kubrick", Orange Mécanique fera l'ouverture du prochain festival de Cannes présidé par Robert De Niro. Une hypocrisie monumentale face aux critiques assassines que Kubrick a pu lire à sa sortie. N'est ce pas Georgie Boy...